Ce jeudi 31 octobre 2024, Rabat a accueilli la deuxième édition du Sommet BimaLab Africa Insurtech, organisé par l’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS) en collaboration avec FSD Africa. Ce rendez-vous d’envergure, axé sur le thème « Favoriser la croissance inclusive : des solutions Insurtech pionnières pour le secteur financier africain », a réuni des acteurs clés du secteur de l’assurance, parmi lesquels des régulateurs, assureurs, investisseurs et insurtech, pour discuter de l’impact des innovations technologiques sur la croissance économique inclusive et l’accès aux services financiers abordables en Afrique.
La séance d’ouverture a été marquée par les interventions de représentants de haut niveau, notamment Mme Faouzia Zaaboul, Directrice du Trésor et des Finances Extérieures, qui a lu un discours de la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, ainsi que du président de l’ACAPS, Abderrahim Chaffai. Les deux orateurs ont souligné l’importance de cette initiative pour renforcer le secteur assurantiel en Afrique et favoriser l’inclusion financière, notamment pour les populations rurales et défavorisées.
Un cadre pour l’innovation et le développement inclusif
Dans son allocution d’ouverture, Mme Zaaboul a mis en lumière la nécessité de promouvoir des solutions innovantes et inclusives, en rappelant que l’innovation dans les services financiers est essentielle pour construire un système plus résilient, capable de répondre aux besoins des populations africaines. Elle a salué le choix du thème du sommet, qu’elle considère comme « on ne peut plus pertinent dans un monde marqué par des transformations rapides et des défis sans précédent ». Elle a rappelé que les crises climatiques, les tensions géopolitiques et les avancées technologiques redéfinissent les modèles économiques traditionnels et exigent une adaptation continue.
Mme Zaaboul a insisté sur le fait que « l’innovation n’est pas une option, mais une nécessité » pour construire un avenir prospère et équitable. « La résilience est devenue une condition indispensable pour anticiper les risques, adapter nos modèles économiques aux nouvelles réalités et développer des solutions innovantes face aux défis futurs », a-t-elle ajouté, appelant les acteurs du secteur à se mobiliser pour mettre en place des stratégies concrètes favorisant la croissance inclusive et la sécurité financière. Selon elle, les solutions insurtech, en combinant avancées technologiques et services financiers, « sont des leviers cruciaux pour offrir des produits d’assurance plus accessibles et plus personnalisés, répondant ainsi aux besoins spécifiques des populations ».
Un potentiel immense pour le secteur de l’assurance en Afrique
Abderrahim Chaffai, président de l’ACAPS, a exprimé sa fierté de voir le Maroc accueillir un événement de cette envergure, réunissant des experts et des acteurs de l’assurance de toute l’Afrique. Il a souligné que, malgré les défis auxquels fait face le continent, l’Afrique regorge de potentiel et d’opportunités de croissance, et le secteur des assurances n’échappe pas à cette dynamique. « Le taux de pénétration de l’assurance en Afrique reste encore faible, inférieur à 3 % du PIB dans de nombreux pays, mais cela révèle un potentiel immense », a déclaré M. Chaffai.
Selon lui, il est impératif de moderniser ce secteur pour lui permettre de jouer pleinement son rôle socio-économique en Afrique. « Nous devons trouver une synergie entre le système assurantiel traditionnel et les insurtech pour exploiter le potentiel de chacun et aboutir à une complémentarité bénéfique pour tout l’écosystème », a-t-il expliqué. Il a également rappelé que l’ACAPS travaille activement pour encourager l’innovation dans le secteur, en citant la création en 2023 de la cellule Innovation et Insurtech, qui accompagne les projets novateurs dans leurs démarches réglementaires. Cette cellule, selon lui, « est un pas important pour répondre aux attentes croissantes des consommateurs et pour soutenir l’émergence de solutions d’assurance accessibles et inclusives ».
M. Chaffai a également souligné l’importance de la transformation digitale pour adapter le secteur aux nouvelles réalités économiques. Selon lui, les technologies comme l’intelligence artificielle ouvrent la voie à de nouvelles possibilités, permettant de rationaliser les processus internes, d’améliorer la gestion des risques et de proposer des services personnalisés. « L’assurance doit intégrer ces changements pour rendre les services plus accessibles, en particulier pour les populations rurales ou à faible revenu », a-t-il insisté, tout en rappelant que cette transition doit se faire dans un cadre réglementaire garantissant la protection des consommateurs et la sécurité des données personnelles.
L’engagement du Royaume-Uni et l’importance des partenariats internationaux
L’Ambassadeur du Royaume-Uni au Maroc, Simon Martin, a exprimé sa satisfaction de voir le Royaume-Uni jouer un rôle central dans cet événement, en rappelant l’engagement du gouvernement britannique à soutenir des initiatives qui renforcent la résilience et l’inclusion financière en Afrique. « En investissant dans la résilience, nous préparons nos économies et nos communautés aux défis futurs », a déclaré M. Martin. Il a également mis en avant la longue amitié entre le Royaume-Uni et le Maroc, symbolisée par l’accord d’association signé après le Brexit, qui ouvre des perspectives pour intensifier les collaborations dans plusieurs secteurs, y compris les finances.
« Nous croyons que le Royaume-Uni, avec son expertise dans le secteur de l’assurance et de la finance durable, peut contribuer de manière significative au développement du secteur assurantiel en Afrique », a affirmé M. Martin. Il a salué l’initiative de FSD Africa et a exprimé son souhait de voir cette collaboration se renforcer pour répondre aux défis du secteur, en particulier en ce qui concerne la réduction de la pauvreté et l’inclusion financière.
Des solutions adaptées aux besoins des populations africaines
Kelvin Massingham, Directeur des Risques et de la Résilience à FSD Africa, a réaffirmé l’objectif de son organisation : mobiliser des ressources pour permettre l’accès à des services financiers inclusifs et renforcer la résilience. « Nous croyons fermement que les meilleures solutions viendront du continent lui-même, car les entrepreneurs africains sont les mieux placés pour comprendre et répondre aux besoins de leurs communautés », a-t-il déclaré. Il a souligné que le programme BimaLab Africa soutient les insurtech africaines pour qu’elles puissent développer des solutions adaptées aux réalités locales, en tirant parti des nouvelles technologies.
Nicolas Christinet, Responsable Régional de Swiss Re pour l’Afrique du Nord, a également pris la parole pour rappeler que la Swiss Re Foundation partage l’objectif de renforcer la résilience à travers l’innovation dans les assurances. « L’innovation est la clé pour rendre l’assurance plus accessible en Afrique, et pour jouer un rôle dans la réduction des vulnérabilités », a-t-il affirmé, en expliquant que la Swiss Re Foundation apporte un soutien financier et un savoir-faire aux startups pour les aider à relever les défis de la région.
Un écosystème pour l’avenir du secteur assurantiel
Les intervenants se sont accordés sur la nécessité de créer un écosystème favorable à l’innovation dans le secteur de l’assurance en Afrique, afin de permettre aux insurtech de prospérer et de contribuer activement à l’inclusion financière. Mme Zaaboul a insisté sur l’importance d’une « éducation financière véritable » pour renforcer la confiance des populations envers les assureurs et rendre le secteur plus accessible. Elle a également rappelé l’engagement du Maroc à établir un cadre réglementaire équilibré favorisant l’innovation, en conformité avec la vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
M. Chaffai a conclu son discours en soulignant que « ce sommet est une occasion de catalyser l’intelligence collective pour le secteur des assurances », permettant aux acteurs de se rencontrer, d’échanger et de développer des solutions adaptées aux besoins croissants des populations africaines. Il a appelé les régulateurs, assureurs et insurtech à collaborer pour construire un avenir où l’assurance sera accessible à tous et jouera un rôle central dans le développement économique et social.
Le Sommet BimaLab Africa Insurtech 2024 veut ainsi favoriser les échanges autour de l’innovation et de la collaboration internationale pour relever les défis du continent et transformer les opportunités en solutions concrètes pour une croissance inclusive.
Selim Benabdelkhalek