Alors que l’Algérie accueillait en sa capitale le Sommet de la Ligue arabe ces 1er et 2 novembre, l’escalade diplomatique entre le Maroc et son voisin a atteint un paroxysme sans précédent.
Pourtant, ce Sommet s’annonçait sous de bonnes auspices ces derniers mois, avec d’abord une invitation en bonne et due forme de l’Algérie au Maroc, mais aussi et surtout la confirmation de la venue du Roi Mohammed VI.
Jusqu’à la tenue il y a quelques jours de la réunion préparatoire des ministres des affaires étrangères des pays invités, rien ne présageait une annulation du déplacement du Souverain à Alger. Ce qui a mis le feu aux poudres, ce sont des provocations du côté algérien, tellement explicites qu’elles en deviennent grotesques. Qui peut imaginer qu’après tous les efforts et l’engagement personnel de notre Roi, de notre diplomatie, de notre peuple, pour la cause nationale du Sahara marocain, que le Maroc accepterait de siéger dans une réunion où est diffusée une carte amputée de son territoire ? Comment Alger peut-elle prétendre à l’erreur de bonne foi ? De même, comment expliquer que deux tiers de la délégation médiatique marocaine, pourtant dûment accréditée pour le sommet, ont été refoulés sans ménagement à leur arrivée en Algérie ?
A la lecture de l’enchaînement des événements, il est difficile d’écarter le scénario d’un sabotage volontaire d’Alger pour s’assurer de l’annulation du déplacement de notre Roi.
Par ailleurs, c’est une avalanche d’annulation de chefs d’État concomitante, du prince hériter de l’Arabie saoudite au Roi de Jordanie en passant par le Sultan d’Oman ou le Président émirati, qui a fouetté Alger dans la foulée et qui de fait, vide le Sommet de tout espoir de prise de décision collective au niveau arabe.
Pourtant, comme l’a rappelé notre ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita à la chaîne de télévision Al Arabiya, ce ne sont pas les problèmes qui manquent dans la région mais bien les solutions. La recrudescence des violences contre les Palestiniens, l’instabilité au Yémen, en Libye, en Syrie, au Soudan, les crises mondiales énergétiques, sécuritaires, alimentaires, climatiques, autant de sujets brûlants qui auraient grandement mérité un traitement consensuel de la Ligue arabe.
Dans tout ce brouhaha, le Maroc garde le cap et a néanmoins réussi à inscrire à l’agenda du sommet, de ses comités et de ses déclarations, la question de l’ingérence étrangère, en l’occurrence celle de l’Iran, dans les affaires des pays arabes et du notre en particulier. Le Maroc ne peut tolérer que les milices séparatistes qui le menacent soient soutenues par l’Iran, et cela indique également la portée des enjeux que couvre un sommet des pays arabes. De l’Atlantique à l’océan Indien, les pays arabes sont au cœur de la géopolitique mondiale, concentrant une grande partie de l’attention sur les enjeux de demain, et cette grande famille a encore raté un rendez-vous avec l’histoire pour des enfantillages.
Pourtant, de l’aveu de nombreux observateurs, l’espoir de voir le Maroc et l’Algérie avancer vers une réconciliation en marge de ce sommet à Alger en présence royale, était dans tous les esprits. L’espoir fait vivre…
Zouhair Yata