Neuf personnes ont été tuées et 47 blessées dans une attaque menée dimanche durant plus de six heures par des islamistes radicaux shebab dans un hôtel de la ville de Kismayo, dans le sud de la Somalie.
Cette grande ville portuaire est la dernière frappée par le regain des actions violentes des shebab ces derniers mois, qui a notamment ensanglanté la capitale Mogadiscio et le centre du pays.
L’attaque, débutée vers 12H45 locale (09H45 GMT), s’est achevée vers 19H00 après que trois assaillants présents à l’intérieur de l’hôtel ont été abattus par les forces de sécurité de l’Etat du Jubaland.
Le ministre de la Sécurité du Jubaland, Yusuf Hussein Osman, a annoncé un bilan de neuf personnes tuées et 47 autres blessées, « parmi lesquelles des élèves qui sortaient d’une école voisine au moment de l’attaque ».
« Les forces de sécurité ont mis fin au siège en temps opportun », a-t-il estimé.
L’attaque a été menée par quatre hommes: un premier qui a mené une attaque suicide, suivie de l’intrusion de trois hommes armés dans l’hôtel.
Selon Yusuf Hussein Osman, l’attaque a débuté par un kamikaze « qui s’est fait exploser ».
Des témoins ont évoqué à l’AFP une voiture piégée. « Un kamikaze a conduit un véhicule à l’entrée de l’hôtel avant que des hommes armés n’entrent dans le bâtiment. Des tirs ont commencé à l’intérieur », a raconté l’un d’eux, nommé Farhan Hassan.
Les shebab ont revendiqué l’attaque, affirmant viser un hôtel où étaient réunis des membres de l’administration du Jubaland. Ils avaient mené en juillet 2019 une attaque similaire contre les autorités locales dans un hôtel de la ville, faisant au moins 26 morts et 56 blessés.
Le groupe islamiste, lié à Al-Qaïda, combat depuis 2007 le gouvernement fédéral soutenu par la communauté internationale. Il a été chassé des principales villes – dont la capitale Mogadiscio en 2011 – mais reste solidement implanté dans de vastes zones rurales, notamment dans le sud du pays.
Capitale du Jubaland située à 500 kilomètres au sud de Mogadiscio, Kismayo était un bastion des shebab, qui tiraient de solides revenus de son activité portuaire avant que la ville ne soit reprise en 2012 par des milices locales épaulées par les forces kényanes.
– « Guerre totale » –
Ces derniers mois, les shebab ont redoublé d’activité en Somalie, pays pauvre et instable de la Corne de l’Afrique, avec notamment un spectaculaire assaut, long d’une trentaine d’heures, fin août sur un hôtel de la capitale Mogadiscio.
Après cette attaque qui a fait au moins 21 morts et 117 blessés, le président Hassan Cheikh Mohamoud a promis une « guerre totale » pour éliminer les shebab et appelé la population à se « tenir à l’écart » des zones contrôlées par les islamistes qui allaient être visés par de prochaines offensives.
Les forces de sécurité et des milices claniques locales ont notamment lancé des opérations militaires dans le centre du pays, qui ont permis selon les autorités de reprendre du terrain aux combattants islamistes.
L’armée américaine mène également des frappes aériennes. L’une d’entre elles a tué début octobre Abdullahi Yare, un des plus hauts dirigeants et cofondateur du mouvement, dans le sud du pays.
Quelques heures après l’annonce de sa mort par le gouvernement somalien, un triple attentat à la bombe contre un bâtiment gouvernemental dans la ville de Beledweyne (centre) a tué au moins 30 personnes et blessé 58 autres.
Outre l’insurrection shebab, la Somalie est également menacée par une famine imminente, provoquée par la plus grave sécheresse observée depuis plus de 40 ans.
À travers le pays, 7,8 millions de personnes, soit près de la moitié de la population, sont affectées par la sécheresse, dont 213.000 sont en grand danger de famine, selon l’ONU. Sans une mobilisation urgente, l’état de famine pourrait être déclaré avant la fin de l’année.
LNT avec AFP