Fidèle à sa tradition depuis une dizaine d’années, BMCE Capital Research, Centre de recherche de BMCE Capital, vient de publier la mise à jour semestrielle de son Stock Guide des principales valeurs marocaines.
Se basant sur l’actualisation des prévisions et des valorisations, le guide en question passe au crible plus d’une trentaine de valeurs, « blue chips » de la place pour la plupart, assortissant chacune de recommandations oscillant entre l’achat et la vente.
Les principales recommandations positives, des analystes de BMCE Capital, concernent AFRIQUIAZ GAZ, TAQA MOROCCO, COSUMAR et ATTIJARIWAFA BANK dont les cours présentent encore un potentiel de croissance.
A contrario, 18% du scope analysé ne semblent plus recueillir les faveurs de BMCE Capital au regard de la forte hausse qu’ont enregistré leurs cours ces derniers mois, comme c’est le cas pour BMCI, MARSA MAROC ou SONASID.
Par ailleurs et dans un souci d’objectivité, les analystes de BMCE capital Research, n’ont pas émis de recommandation pour deux valeurs et pas des moindres.
Il s’agit de BMCE Bank et Alliances. Interrogée sur la démarche, la responsable de l’équipe des analystes de BMCE, explique à juste titre que des considérations déontologiques justifient cette approche, rappelant que BMCE Bank est le Groupe de leur appartenance.
Par contre, en ce qui concerne ALLIANCES, d’autres entités de BMCE Capital sont engagées actuellement avec la société cotée dans des opérations stratégiques, ce qui explique leur position.
Vu l’intérêt de ces analyses de BMCE Capital Research pour le marché en général et les investisseurs en particulier, nous nous proposons de publier progressivement les analyses et recommandations des valeurs en question et choisissons pour commencer : Afriquia Gaz, Cosumar et Taqa qui figurent parmi les valeurs du haut du panier et qui bénéficient de la recommandation « Accumuler » décernée par BMCE Capital Research …
Afifa Dassouli
AFRIQUIA GAZ : Accumuler – Objectif de cours : MAD 3 101,1
Profil : Leader national de la distribution de gaz avec une part de marché estimée à 44,6% à fin 2016, AFRIQUIA GAZ est une filiale du Groupe AKWA. Opérant sur l’ensemble de la chaîne de valeur de la filière gazière de l’emplissage à la distribution, la société bénéficie de la possibilité de profiter de l’ensemble des opportunités qui se présentent sur le marché. A fin juin 2017, la société a réalisé un chiffre d’affaires consolidé en progression de 23,8% à M MAD 2 155 pour un RNPG en appréciation de 15,2% à M MAD 293,1.
Forces
- Adossement à AKWA Group ;
- Forte PDM sur le marché marocain avec une politique de marque privilégiant la proximité régionale ;
- Présence sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’activité de GPL avec ses filiales ;
- Structure bilancielle saine avec une capacité de génération de cashs importante.
Faiblesses
- Présence encore faible sur le marché Africain.
Opportunités
- Hausse prévue de la demande nationale de GPL ;
- Libéralisation des importations du secteur du butane pour les opérateurs de taille importante comme AFRIQUIA GAZ ;
- Prochaine décompensation des prix du butane favorisant la répercussion de la volatilité des cours de GPL sur les prix de vente ;
- Potentiel à terme du marché de la distribution du GNL.
Menaces
- Marché du propane en affaiblissement continu ;
- Exposition à la fluctuation des cours à l’international suite à la libéralisation des importations ;
- Possible perturbation du marché en cas de libéralisation et/ou décompensation du butane même si sur le long terme cela devrait être bénéfique à l’opérateur
Recommandations
Profitant d’un secteur dynamique et d’une capacité de stockage importante renforcée par son nouveau terminal de TANGER MED, AFRIQUIA GAZ escompte consolider sa position ainsi que maintenir son rythme de croissance, grâce notamment à l’amélioration de ses ratios productifs.
Le Groupe s’est également engagé sur la voie de l’innovation afin d’améliorer la satisfaction client. AFG a ainsi lancé une nouvelle bouteille de butane ainsi qu’un nouveau bouchon afin d’améliorer la sécurité, destiné à une clientèle de niche.
L’éventuelle décompensation totale du butane, elle, devrait avoir un effet négatif limité en termes de volumes, mais positif sur les marges à long terme au vu de la position de leader d’AFG.
La libéralisation des importations de butane pourrait avoir des effets imprévus sur les marges de la société au vu de son exposition à la fluctuation des cours à l’international, comme ce fut le cas au S1 2017 avec une marge opérationnelle qui a perdu 2,5 points par rapport au S1 2016 dans un contexte de hausse des cours du pétrole.
Pour le propane, les perspectives restent limitées au vu de la situation difficile que connaissent les principaux secteurs clients à savoir la céramique et le tourisme.
Enfin, l’opérateur gazier ambitionne de se développer en Afrique de l’Ouest via la filiale du Groupe AKWA baptisée AKWA AFRICA, dans laquelle elle détient une participation de 17% acquise en 2014 pour M MAD 42,5.
Une première opération réalisée en Mauritanie début 2015 aurait porté sur l’acquisition d’un acteur majeur dans ce pays dans l’hydrocarbure et le gaz butane.
BMCE Capital Research
TAQA MOROCCO : Accumuler – Objectif de cours : MAD 953,8
Profil : Principal fournisseur privé d’électricité de l’ONEE, TAQA MOROCCO dispose actuellement de 6 unités de production, atteignant une capacité installée globale de 2 056 MW. A fin juin 2017, la filiale marocaine de l’émirati TAQA enregistre des revenus consolidés en légère amélioration de 0,5% à M MAD 4 072,4. Davantage dynamique, le REX se hisse de 8,3% à M MAD 1 345,6 et le RNPG en progression de 14,7% à M MAD 535,8.
Forces
- Adossement au Groupe émirati TAQA ;
- Principal producteur d’électricité et fournisseur de l’ONEE au Maroc ;
- Contrat d’acheteur unique avec l’ONEE avec une visibilité sur les tarifs de ventes ;
- Situation financière solide même si le niveau de la dette reste élevé ;
- Valeur de rendement.
Faiblesses
- Matrice tarifaire en baisse ;
- Une politique d’optimisation des coûts qui semble atteindre ses limites ;
- Des taux de disponibilité élevés à la limite des performances techniques possibles ;
- Risque de défavorisation des minoritaires post prise de contrôle des nouvelles filiales.
Opportunités Menaces
- Potentiel de croissance de la consommation d’énergie non négligeable ;
- Possibilité de développement en Afrique ;
- Potentiel sur l’éolien et le gaz naturel ;
- Développement de la phase Gaz to Power, qui comprend des infrastructures et installations gazières et électriques.
- Existence d’une clause de rupture anticipée/ ou de résiliation du dispositif contractuel dans le Contrat de Fourniture d’Energie Electrique.
Recommandations
En 2017, nous tablons pour TAQA MOROCCO sur des réalisations financières en progression par rapport à 2016 et ce, compte tenu :
- Du retour à la normale escompté du taux de disponibilité des unités 5&6 avec un arrêt de 7 jours seulement pour l’unité 6 sur la 2ème partie de 2017 ;
- De la poursuite de sa politique de maîtrise des charges à travers notamment la renégociation des gros contrats, le développement des synergies avec les unités 5&6, la diversification du sourcing et la maîtrise des arrêts fortuits;
- De la maîtrise des frais financiers relatifs à la dette, compte tenu de la révision à la baisse des taux d’intérêts en 2016 ;
- Et, de la stabilité de la matrice tarifaire globale, intégrant une légère hausse de celle des unités 5&6.
La renégociation des contrats de concession des unités 1 à 4, elle, devrait se clôturer courant 2018 et porte sur un alignement des durées de concession avec 5&6 moyennant des investissements à prévoir post 2027 et une revue à la hausse des tarifs qui devraient rester inférieurs à ceux de 5&6.
Parallèlement et dépendamment des choix des autorités de tutelle, TAQA MOROCCO pourrait développer les unités 7&8 pour répondre aux besoins croissants en énergie de l’économie marocaine. L’électricien coté en Bourse annonce vouloir s’y lancer en partenariat avec d’autres investisseurs.
S’agissant de son projet éolien d’une capacité totale de 400 MWh, le Top Management a annoncé l’obtention de l’autorisation dans le cadre de la loi 13-09 pour la commercialisation de l’énergie propre tandis que l’étape des études de génie civil et électrique est en phase finale. Ce projet est porté par TAQA MOROCCO WIND (filiale du Groupe TAQA) dans laquelle l’électricien ambitionne de devenir actionnaire.
Concernant le projet Gas To Power, TAQA MOROCCO attend toujours le retour de l’ONEE (entre fin 2017 et mi 2018) suite à l’appel d’offre lancé par ce dernier. Toutefois, le projet pourrait être reporté de deux ans à 2023 suite à la découverte de gaz à Tendrara.
BMCE Capital Research
COSUMAR : Accumuler – Objectif de cours : MAD 319,2
Profil : Le Groupe COSUMAR, unique producteur sucrier national, dispose d’une capacité́ de production globale de 1,65 millions de tonnes par an de sucre blanc raffiné, lui permettant de couvrir les besoins locaux et de renforcer son offre à l’export. A fin juin 2017, le sucrier national affiche un CA consolidé en hausse de 20,5% à M MAD 4 418,1 pour un REX en progression de 8,9% à M MAD 791 et un RNPG en accroissement de 8,5% à M MAD 559,5.
Forces
- Positionnement monopolistique sur le marché́ marocain du sucre ;
- Un dispositif industriel important installé à proximité́ des cultures sucrières, permettant une optimisation des coûts logistiques ;
- Développement de nouveaux produits à base de Stevia via sa filiale SUCRUNION ;
- Contrôle total de l’amont agricole au Maroc, permettant de sécuriser une partie des approvisionnements ;
- Accroissement du potentiel à l’export suite à l’adossement au Groupe asiatique WILMAR INTERNATIONAL.
Faiblesses
- Faibles marges sur les exportations.
Opportunités
- Forte consommation par habitant estimée à̀ 37,4 Kg/an en 2017 contre 36,9 Kg/an en 2013 ;
- Mise à niveau du secteur à travers la signature du contrat-programme Etat-FIMASUCRE.
Menaces
- Probable refonte du cadre règlementaire ;
- Éventuelle suppression de la subvention sur le sucre à partir de 2018 ;
- Coût énergétique étroitement lié à la fluctuation des cours du fuel à l’international ;
- Activité d’extraction dépendante de l’amont agricole et donc soumise aux aléas climatiques ;
- Manque de compétitivité de l’amont agricole.
Recommandations
Sur la deuxième partie de l’année en cours, COSUMAR devrait consolider ses réalisations à fin juin 2017, capitalisant notamment sur :
L’accroissement des volumes de vente à l’export du sucre blanc, comme en atteste son ascension de 64% à 316,3 KT pour MAD 1,7 Md (+93,2%) à fin août 2017, profitant de la compétitivité́ de l’outil industriel du Groupe. A ce titre, il est à̀ signaler que COSUMAR compte augmenter sa capacité́ de raffinage au niveau de l’unité́ de Casablanca à partir de la deuxième moitié de 2017 ;
Les retombées positives des investissements mis en place pour mettre à̀ niveau la raffinerie, mécaniser les récoltes et développer l’amont agricole comme en atteste l’amélioration de 71,4% du rendement moyen à l’hectare à 12 tonnes en 2016 vs. 7 tonnes en 2006. Dans ce sillage, il est à̀ noter que le sucrier national devrait continuer à s’appuyer sur les plans d’actions entrepris dans le cadre du Contrat-Programme sucrier 2013-2020 et du Plan Maroc Vert ;
La poursuite des efforts en termes de Recherche et Développement avec la mise en place des centres régionaux comme celui du Gharb déjà̀ opérationnel et celui de Moulouya en cours d’équipement, et d’accompagnement des agriculteurs pour préparer la campagne 2017/2018 ;
Et, l’optimisation continue de sa charge énergétique à travers des projets d’économie d’énergie (le traitement du rejet liquide et la récupération de l’énergie de la vapeur issue du procèdé de raffinage de sucre, par exemple).
Ceci étant, le véritable relai de croissance escompté du Groupe reste le projet d’implantation en Arabie Saoudite avec l’installation en cours de la raffinerie « DURRAH SUGAR REFINERY », dont le démarrage effectif des activités est prévu courant 2019 et que nous intégrons dans nos prévisions.
BMCE Capital Research