Depuis le discours royal à l’occasion de la Fête du Trône et celui prononcé lors de la Fête de la Jeunesse, le social est à l’ordre du jour !
Partis politiques, tel le RNI par exemple, institutions étatiques, comme le CESE, Administrations, à l’instar de la Trésorerie générale du Royaume qui vient de tenir le douzième colloque des Finances publiques, tous mettent en avant la nécessité d’une nouvelle politique sociale, de lutte contre les disparités, de prise en charge des plus démunis, mais aussi de prise en compte urgente des destinées d’une jeunesse livrée à elle-même, sans emplois, ni perspectives.
L’État sur tous les fronts
Les constats sont là, inattaquables, féroces dans leurs conclusions, qui soulignent l’urgence d’une réaction, globale et ciblée à la fois, dans des domaines et secteurs stratégiques, tels ceux de l’Emploi, de l’Éducation, de la Santé, etc.
Des solutions, souvent les mêmes, sont préconisées, qui, toutes cependant, marquent le rôle et la place incontournables de l’État dans la détermination et l’application d’une nouvelle politique sociale, notamment en sollicitant, de façon encore plus prégnante, son Budget, tant dans ses déclinaisons annuelles établies par les successives Lois de Finances, qu’à travers des mécanismes déjà opérationnels comme l’INDH.
Certes, on cherche également à dégager d’autres sources de financement de cet effort qui devrait s’apparenter à un « Plan Marshall » contre la pauvreté, l’exclusion et les disparités multiples. On évoque la fiscalité, directe et indirecte, l’apport des collectivités locales, la générosité des donateurs…
Mais, in fine, c’est sur l’État, essentiellement, que repose et reposera encore plus, la responsabilité d’engager les moyens concrets de ce « new deal » social aussi impératif qu’urgent.
Alors, si les constats ne font pas polémique, si les solutions sont connues, ou, du moins, appréhendées dans leurs grandes lignes, la seule et vraie question que pose la « découverte » de la problématique sociale est celle des moyens, du financement de ces nouveaux efforts qui, de surcroît, ont une caractéristique aggravante, celle de leur nécessaire pérennité ou redondance sur plusieurs années !
Or, rien ne laisse entrevoir que l’État marocain aura la possibilité, sans des changements et mesures radicaux, de financer ce nouvel « effort de guerre » contre la pauvreté et l’exclusion.
Ainsi, M. Abdelatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib, qu’on ne saurait assimiler à feue Madame Soleil, a décliné des perspectives et projections plutôt sombres pour les mois et années à venir.
Les prévisions de la Banque Centrale, qui n’ont rien à voir avec des prédictions tirées de l’examen d’une boule de cristal, d’omoplates de mouton ou de marc de café, présentées lors de la tenue mardi 25 septembre du Conseil de Bank Al-Maghrib, énoncent et annoncent un recul de la croissance pour 2018 et 2019. En effet, de 4,1% en 2017, elle s’établirait à 3,5% en 2018 et à 3,1% en 2019.
Par ailleurs, le taux de chômage chez les jeunes de 15 à 24 ans atteignant déjà 40,5%, le Gouverneur de l’institut d ‘émission souligne la faiblesse de la création additionnelle d’emplois et donc l’incapacité de résorber le gap déjà existant.
Quant au déficit du compte courant, après un creusement à 4% du PIB en 2018, il s’atténuerait quelque peu en 2019 pour atteindre les 3,7%.
Le changement, le vrai…
De tels chiffres ne soulignent-ils pas l’impossibilité actuelle et à venir, (si rien n’est fait), de mettre en place les mécanismes et les politiques nécessaires à la résorption des graves problèmes sociaux dénoncés par tous ?
Est-on conscient de ce hiatus (une béance plutôt) entre les volontés affichées ou affirmées et la triste réalité des contraintes d’un Budget de l’État qui n’en peut mais ?
Sur quelles ressources financières additionnelles va-t-on pouvoir compter pour engager ces nouvelles politiques sociales ?
Sur quelles dispositions fiscales supplémentaires va-t-on projeter des mesures destinées à satisfaire les attentes de plus en plus irrépressibles de populations lassées par ce climat d’injustices et de hogra qui les étreint depuis longtemps ?
Quelle est cette « belle » mouture d’une Loi de Finances qui viendrait réduire quelque peu les disparités sociales, encourager l’investissement privé, faciliter l’embauche ?
Quand on sait par exemple que le Président de la Cour des Comptes vient de tacler sévèrement les ministères des Finances et de la Justice pour des montants d’amendes non recouvrées de 1760 millions de dirhams ( !!!), on mesure l’inefficience actuelle de notre administration qui souffre d’une mal gouvernance des plus manifestes.
Alors avec qui, et surtout, avec quoi pourra-t-on engager les réformes promises et tant attendues ?
Le pays et le peuple ont besoin, maintenant, d’une nouvelle voie, radicalement plus rigoureuse, avec des hommes sincères et patriotes, dégagés des jeux politicards, prêts à engager le fer contre toutes les formes de corruption, de passe-droits, de favoritisme, de laxisme.
L’avenir du Maroc, celui d’un havre de paix intérieure, de stabilité, de terre d’investissements profitables, de justice sociale, se joue aujourd’hui, pas en 2022 !
Fahd YATA