Fondée par les sœurs Wiam et Siham Elmejjad et Hicham Amadi, des entrepreneurs ayant créé plusieurs entreprises IT, la start-up fintech marocaine tookeez est le premier écosystème d’agrégation de programmes de fidélité, qui génère de la valeur pour les marques, les commerçants et les clients. Dans le cadre de notre spécial GITEX, et dans ces pages dédiées à la tech au féminin, Siham Elmejjad, co-fondatrice et CEO, a accepté de répondre à nos questions.
Votre start-up tookeez a levé au mois de mars 15 millions de dirhams auprès d’Azur Innovation Fund. Comment cette somme va-t-elle contribuer au développement de tookeez, et comment comptez-vous préserver les fondamentaux et la pérennité de votre startup pendant ce développement ?
Cette levée de 15 millions de dirhams va permettre à tookeez de poursuivre sa croissance, avec l’ambition de développer notre base d’utilisateurs jusqu’à atteindre 4 millions de membres d’ici 2028. Nous prévoyons également d’étendre notre activité à un second pays africain d’ici 2026, ce qui marquera une étape importante dans notre expansion régionale.
En parallèle, ces fonds vont soutenir l’implémentation de la blockchain dans notre plateforme. Cette technologie va non seulement renforcer la sécurité et la transparence de nos transactions mais aussi faciliter la fluidité et la portabilité des points de fidélité à travers les différents acteurs et frontières. Ce développement technologique est essentiel pour maintenir notre avance dans le secteur et garantir la pérennité de tookeez en consolidant nos fondamentaux autour de l’innovation et de l’inclusion numérique.
Considérez-vous que ce type de fonds soit indispensable au développement de l’écosystème des startups ? Y a-t-il des alternatives ?
Les fonds comme Azur Innovation Fund jouent un rôle crucial dans l’écosystème des startups, en fournissant non seulement des capitaux mais aussi un soutien stratégique.
Je les remercie d’ailleurs pour leur confiance et pour l’opportunité de financement et de développement qu’ils nous ont offerte.
Toutefois, les alternatives existent, incluant le financement participatif, les business angels, et les prêts à l’innovation qui peuvent aussi être des options viables pour les startups en fonction de leurs besoins spécifiques.
Outre l’accès au financement, quels sont selon vous les principaux chantiers à adresser pour favoriser l’entrepreneuriat au Maroc, notamment digital ?
Il est essentiel d’adresser plusieurs aspects clés. Premièrement, renforcer l’accès à l’éducation et à la formation continue dans les nouvelles technologies est crucial. Cela implique de soutenir et d’élargir les programmes éducatifs dédiés aux compétences numériques et entrepreneuriales dès le plus jeune âge.
Deuxièmement, il est important de simplifier les démarches administratives et réglementaires pour la création et la gestion d’entreprises.
Ensuite, le développement d’infrastructures technologiques robustes est également primordial pour garantir l’accès à des services internet fiables et abordables.
Enfin, il serait bénéfique de promouvoir une culture d’innovation plus forte à travers des incitations pour les entreprises innovantes, comme des avantages fiscaux ou des subventions pour la recherche et le développement. En soutenant les initiatives locales, le gouvernement et les institutions privées peuvent stimuler un écosystème entrepreneurial dynamique et résilient.
Les administrations et entreprises publiques ainsi que les grands groupes marocains devraient être incités, par des avantages fiscaux par exemple, à encourager l’écosystème de start up en adoptant leurs services.
Pour promouvoir tookeez, vous vous adressez directement aux commerçants et TPE. Comment jugez-vous leur niveau de développement digital d’un côté, et leur appétit pour accélérer ce développement de l’autre ?
L’adoption numérique chez les commerçants et les TPE au Maroc est encore en phase de développement, mais leur intérêt pour la digitalisation s’accélère significativement. tookeez a été conçu pour répondre précisément à ce besoin croissant en offrant une solution facile à intégrer qui permet aux commerçants de toutes tailles de bénéficier des avantages de la digitalisation sans les coûts prohibitifs souvent associés aux technologies avancées.
Notre plateforme fournit un outil de fidélisation accessible qui non seulement facilite l’entrée dans le monde numérique mais offre également aux TPME, une nouvelle source de revenus et une opportunité d’accroître leur clientèle. En utilisant tookeez, ils peuvent instantanément transformer les points de fidélité en avantages tangibles pour leurs clients, ce qui augmente la fréquence des visites et la satisfaction client.
Le niveau d’engagement que nous observons montre clairement que, malgré une courbe d’apprentissage initiale, il existe un appétit robuste pour des solutions qui simplifient les opérations commerciales et améliorent l’interaction client. tookeez s’efforce de rendre cette transition aussi fluide que possible, en accompagnant les commerçants dans chaque étape de leur transformation digitale.
Le niveau de participation des femmes dans l’économie reste faible au Maroc. Comment, selon vous, la tech peut-elle renverser cette tendance, autant au niveau de l’entrepreneuriat que du salariat ?
La technologie a le potentiel de transformer significativement le rôle des femmes dans l’économie marocaine. En ouvrant l’accès à des outils numériques et des plateformes d’éducation en ligne, la tech peut offrir aux femmes des opportunités de formation continue et de développement professionnel qui étaient auparavant inaccessibles.
En intégrant activement des politiques d’égalité des genres et en encourageant la diversité au sein des équipes, les entreprises technologiques peuvent également créer des environnements de travail plus inclusifs et équitables. Ceci est crucial non seulement pour attirer des talents féminins mais aussi pour les retenir et les encourager à évoluer vers des postes de leadership. C’est l’un de mes engagements au sein de tookeez.
J’espère qu’en tant que CEO d’une startup FinTech, je vais inspirer les futures générations de femmes à explorer des carrières dans la tech.
Propos recueillis par Selim Benabdelkhalek