A mi-chemin entre Errachidia et Rissani, Erfoud, un agréable patelin aux couleurs oasiennes, se transforme, le temps d’un salon, en une vraie messe des dattes. En effet, devenu rendez-vous annuel incontournable, le salon international des dattes au Maroc, Sidattes, prévu cette année du 25 au 28 octobre, mobilise toute une région, et tout un département, à savoir celui de l’Agriculture, qui veille depuis 2010 à son succès et son rayonnement. Et de salon en salon, on ressent cette volonté d’aller de l’avant pour une réelle promotion des produits du terroir de la région Draâ-Tafilelt, fief par excellence des palmiers dattiers au Maroc. Une culture qui constitue une source importante de revenus pour les agriculteurs. Le ministre rniste de l’Agriculture Aziz Akhannouch ne cesse d’ailleurs de le souligner à cette occasion. Depuis près de 20 ans, l’Etat a entrepris un grand nombre d’actions pour développer le secteur phoenicicole, renforcer les structures de recherche ou encore encadrer et inciter les agriculteurs à la restauration des palmeraies, dit-on auprès du ministère d’Akhannouch, pour qui cette activité reste le principal pilier de l’économie oasienne qui génère un chiffre d’affaires moyen annuel de 1,965 MMDH sur la période 2015-2018, et procure aux phoeniciculteurs annuellement une valeur ajoutée moyenne estimée à 1.423 MMDH sur la même période. Que ce soit à Souss Massa, Guelmim Oued Noun, Figuig ou encore Draâ-Tafilelt, considérées comme étant les principales régions de production en la matière, le secteur phoenicicole mérite ainsi tout l’intérêt qu’on lui accorde, compte tenu de son apport socio-économique.
Cela n’empêche pas de constater tout de même que des problématiques de fond persistent encore, en rapport notamment avec la commercialisation, le monopole des intermédiaires et autres ‘‘Moul Chekara’’ qui, au détriment des petits exploitants, font et défont les prix du marché. Par la même occasion et le dira pas assez, l’autosuffisance en matière de dattes n’est toujours pas garantie au Maroc. Idem pour la qualité. Et pour certaines dattes premium, voire de qualité moyenne même, le prix est dissuasif pour une bonne partie des citoyens marocains, qui consomment chacun 3,25 kg de dattes par an. Par ailleurs, ici à Draâ-Tafilelt, les petits fellahs ou les petites exploitations souffrent de la rareté de l’eau. L’irrigation rend le produit final très lourd en termes de coût, qui comprend entre autres la facture logistique et le stockage. A rappeler dans ce sens que le Maroc est classé 12ème producteur mondial de dattes avec 59 640 hectares de surface cultivée, permettant une production annuelle de 117 000 tonnes. Voilà pourquoi Akhannouch et son équipe tiennent à ce que Sidattes parvienne à rappeler l’importance de ce secteur pour cette partie de la population rurale, dont les attentes restent nombreuses. Une occasion aussi de revenir sur les besoins et les exigences, mais surtout l’urgence d’agir afin de faciliter le quotidien des petits phoenicicoles.
Rappelons que l’histoire de Sidattes remonte à très longtemps. Ainsi, ce salon a été institué par Dahir en 1940, et s’appelait alors la Foire des Dattes de Tafilelt. En 1957, Feu Mohamed V rendit visite dans la région. Près de cinq décennies plus tard, en 2010 exactement, le Souverain Mohamed VI avait donné, à l’occasion du 70ème anniversaire de cette foire, une nouvelle impulsion à l’évènement, devenu ainsi le Salon International des Dattes (SIDATTES). Depuis, de nombreux efforts ont été déployés dans le grand espoir de redynamiser cette culture, principale source de revenus de la population de cette région.
Jeudi 25 octobre, Aziz Akhannouch ouvre la neuvième édition de Sidattes avec la même ambition. La ville d’Erfoud, elle, est euphorique, ce qui promet une belle ambiance.
Hassan Zaatit