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SIAM 2025 : L’urgence hydrique, encore et toujours…

Economie

SIAM 2025 : L’urgence hydrique, encore et toujours…

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Très attendue de part et d’autre, la 17e édition du Salon International de l’Agriculture au Maroc (SIAM) se tiendra du 21 au 27 avril 2025 dans la ville de Meknès, avec pour thème central : « Agriculture et Monde Rural : l’eau au cœur du développement durable ». Le SIAM 2025 entend ainsi mettre en avant le rôle crucial de l’eau pour la durabilité de l’agriculture et du monde rural.

En effet, cette 17e édition intervient dans un contexte marqué par une forte tension sur les ressources en eau, confrontant ainsi l’agriculture au défi de produire plus avec moins d’eau, de manière durable et compétitive. Mais ce n’est pas tout : il est également important de souligner que la mauvaise gestion des ressources hydriques dans l’agriculture marocaine reste un facteur aggravant de la situation des nappes, des puits, des barrages et autres fleuves et rivières.

Le constat aujourd’hui est alarmant. En dehors des dernières précipitations salvatrices, notre pays vit depuis quelques années déjà au rythme des changements climatiques, caractérisés par des températures élevées et un manque de précipitations, entraînant une sévère diminution des ressources hydriques et une détérioration des sols. Une situation qui menace gravement la sécurité alimentaire.

Si les acteurs publics et privés s’accordent aujourd’hui sur l’urgence hydrique, force est de constater que les solutions adéquates peinent à s’imposer. En effet, l’agriculture continue de consommer la plus grande partie des ressources en eau, bien souvent de manière irrationnelle et abusive. Selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP), le secteur agricole marocain représente à lui seul 87 % de la consommation directe annuelle d’eau. Il est suivi des secteurs de l’administration publique, de l’éducation et de la santé (5 %), du BTP (2 %), du commerce (1 %), de l’électricité-eau (1 %) et de l’hôtellerie-restauration (1 %). Les 3 % restants sont partagés entre d’autres secteurs.

Par ailleurs, la consommation d’eau dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche/aquaculture est élevée par rapport à leur production respective. Ce sont donc des exemples typiques de secteurs stratégiques de l’économie marocaine dont l’efficacité d’utilisation de l’eau demeure faible. Il est important de rappeler que, selon les normes internationales, la consommation moyenne d’eau dans l’agriculture ne devrait pas dépasser 50 % des ressources hydriques d’un pays. Au-delà de ce seuil, il s’agit d’une agriculture qui gaspille et qui continue, en réalité, d’assoiffer les sols, contribuant à leur forte dégradation.

SIAM 2025 – Visite officielle du chantier

Dans le même sens, ce qui interroge souvent, c’est qu’un Maroc aride, gravement confronté à la sécheresse, continue d’exporter ses tomates, pastèques, fraises, avocats ou encore oranges — des cultures nécessitant de très grandes quantités d’eau. De nombreux acteurs associatifs, écologistes et scientifiques ne cessent de mettre en garde contre les conséquences d’une agriculture gourmande en eau et largement tournée vers l’export.

Cela montre l’importance, voire l’urgence, de repenser en profondeur le modèle économique agricole du pays, dans l’espoir de mettre fin à des cultures qui assèchent les sols et des régions entières, souvent au profit de grands exploitants. Cela démontre aussi que, plus que jamais, la bonne gouvernance de l’eau — facteur essentiel à l’équilibre des filières agricoles et des territoires ruraux — s’impose avec acuité.

Le SIAM 2025 prévoit à cet effet une série de conférences scientifiques, organisées dans l’objectif de croiser les expertises et d’explorer des pistes et alternatives concrètes pour une agriculture plus résiliente, capable de répondre aux défis climatiques et de préserver l’équilibre de l’écosystème agricole, afin d’assurer une souveraineté alimentaire durable au Maroc.

Pour le ministre de l’Agriculture, M. Ahmed El Bouari, la vocation du salon consiste à mettre en lumière les évolutions et les défis du secteur, et à encourager les pratiques durables, tout en donnant la priorité à l’agriculteur et au monde rural.

Installé sur une superficie couverte de 12,4 hectares, le SIAM sera structuré autour de douze pôles thématiques consacrés aux produits du terroir, à l’élevage et aux intrants d’élevage, au machinisme agricole, à l’agroalimentaire, à l’agrofourniture, à l’agri-digital, à la nature et à l’environnement, à l’international, aux régions du Royaume, aux institutionnels et sponsors, ainsi qu’à un espace dédié aux conférences.

Le SIAM, plus qu’une simple vitrine des nouveautés et innovations du secteur, se veut aussi une plateforme privilégiée de rencontres et d’opportunités de partenariat entre les différents acteurs de l’écosystème. L’édition 2025 devrait accueillir plus de 1 100 000 visiteurs, 1 500 exposants et 70 pays.

H.Z

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