
La filière des oléagineux reste d’une importance stratégique pour assurer la sécurité alimentaire. La crise sanitaire liée à la Covid-19 a démontré la nécessité de renforcer cette filière. Malgré cela, le Maroc demeure fortement tributaire du marché international pour l’approvisionnement en matières premières.
Dans ce contexte particulier, la Fédération Interprofessionnelle Des Oléagineux (FOLEA) a élaboré un Livre Blanc sur les conditions de développement du secteur des oléagineux. Ce document d’orientation retrace l’évolution de l’amont agricole de la filière depuis le premier Contrat Programme, tout en présentant un état des lieux complet du secteur à ce jour. Il présente en outre huit recommandations proposées par la FOLEA pour enclencher une dynamique pérenne de développement de la filière.
Il est à rappeler que le premier Contrat Programme, couvrant la période 2013-2020, a permis d’importantes avancées avec un noyau dur d’agriculteurs ayant une bonne maîtrise de la culture des oléagineux. Il a posé les bases pour le développement de la filière, en termes d’amélioration des conditions économiques et sociales des agriculteurs ainsi que de la productivité. Néanmoins, des points d’amélioration subsistent, tels que la mise en place de mécanismes de financement plus adaptés et la conception de moyens efficaces et à valeur ajoutée pour pallier les aléas climatiques.
Le Livre Blanc présente en détail les principales mesures proposées par la Fédération pour initier une dynamique durable de développement de la filière. Afin de favoriser cette croissance, il est notamment proposé d’encourager la création d’entreprises agricoles, de déterminer des prix planchers rémunérateurs pour les agriculteurs, ainsi que de renforcer les subventions d’agrégation. En même temps, donner un avantage concurrentiel à la production nationale de tourteaux au titre de la souveraineté alimentaire.
Pour rappel, la filière des oléagineux est stratégique pour le Maroc. Son développement représente un enjeu de souveraineté alimentaire. Sur le plan alimentaire, d’une part, le pays doit assurer l’approvisionnement pour une consommation d’huile de table annuelle moyenne par habitant de 12 à 13 Litres en 2022, et d’autre part, les tourteaux constituent une source importante de protéines en alimentation animale.
Sur le plan agronomique, la filière aux atouts multiples qui améliore la structure des sols, les performances et la durabilité des exploitations.
Sur le plan industriel, le taux d’utilisation des capacités de trituration est bas (5%) et s’explique par la faiblesse d’approvisionnement en graines locales et un tourteau produit localement avec des graines d’import moins compétitif que des tourteaux d’importation
Aujourd’hui, la production nationale de graines oléagineuses est faible et couvre une part limitée des besoins nationaux en huile. Elle représente environ 30 000 à 40 000 ha de surface cultivée versus 200 000 ha dans les années 90. Cette situation est le résultat d’une politique de libéralisation du secteur entamée en 1993 qui a poussé les agriculteurs à abandonner progressivement ces cultures. Le Maroc est très dépendant des importations et s’expose ainsi à un risque de pénurie des matières oléagineuses et de flambée des cours mondiaux des matières premières sur un produit de première nécessité. Dans ce contexte, il convient de souligner qu’on note une baisse de consommation des huiles au Maroc de 20% ces deux dernières années.
De plus, les rendements de la filière sont très fluctuants et en deçà des rendements des pays voisins et des rendements potentiels.
H.Z