Dans son dernier ouvrage, Seul le temps nous appartient, Pierre Caye nous invite à réfléchir sur une transformation essentielle et urgente de notre époque. Face à l’épuisement de nos systèmes productifs et à la désagrégation de la vie commune, Caye suggère que les changements requis ne sont pas seulement économiques, sociaux ou politiques. Ils touchent à quelque chose de bien plus profond : notre rapport au temps et la dimension philosophique et morale de son usage.
Un retour au sens du temps
L’oubli et la dépossession du temps, tant existentiel qu’historique, caractérisent notre époque. Pierre Caye propose de repenser notre « sens du temps » afin de déterminer les conditions d’une construction apaisée et maîtrisée de la durée. Selon lui, notre capacité à vivre et à agir de manière responsable, tant pour le présent que pour les générations futures, en dépend.
S’inspirant du paradoxe de Sénèque, « Seul le temps nous appartient », Caye s’interroge sur la manière dont le temps peut être revalorisé dans nos sociétés contemporaines. Il critique les philosophies du temps qui ont dominé le XXe siècle, une période marquée par la « destruction créatrice », et invite à une revalorisation d’un présent plus riche que ce que l’on critique sous le terme de « présentisme ».
Une réflexion sur la durée et l’usage du temps
Seul le temps nous appartient explore les conditions nécessaires pour un bon usage et une durabilité du temps. Pour Caye, il s’agit de dépasser l’oubli de la temporalité et de réfléchir aux moyens de construire un rapport au temps qui soit à la fois serein et maîtrisé. Cette réflexion s’inscrit dans une perspective qui envisage la possibilité d’un agir responsable, non seulement envers la réalité présente, mais aussi envers les générations futures.
A propos de Pierre Caye
Ancien élève de l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm et directeur de recherche au CNRS, Pierre Caye consacre une grande partie de ses travaux aux liens entre art, économie et production, en particulier à travers la question architecturale. Parmi ses ouvrages, on peut citer Le savoir de Palladio (Klincksieck, 1995), Empire et décor (Vrin, 1999), et L’art d’édifier de Leon Battista Alberti (en collaboration avec F. Choay, Le Seuil, 2004).
Ses recherches initiales l’ont mené à une réflexion novatrice sur les principes du développement durable. Dans Critique de la destruction créatrice. Production et humanisme (Les Belles-Lettres, 2015) et Durer. Éléments pour la transformation du système productif (Les Belles-Lettres, 2024), il interroge les fondements de notre système productif. Seul le temps nous appartient conclut cette trilogie en offrant une réflexion approfondie sur notre rapport au temps et sur les conditions de son usage durable.
Dans cet ouvrage, Pierre Caye nous propose ainsi une perspective où la revalorisation du temps est essentielle pour envisager des modes de vie et de production plus respectueux de la réalité présente et de l’avenir.