Le département Analyse et Recherche d’Attijariwafa bank a publié une étude détaillée sur le profil de l’inflation en Egypte, ainsi que ses répercussions sur l’économiedu pays, qui connait, selon la banque une tradition inflationniste. Cette publication tente, en premier lieu, de décortiquer les facteurs qui alimentent l’inflation égyptienne, entre 2006 et 2015.
L’analyse identifie également la composante alimentaire qui représente 40% et qui subit une pression d’une croissance démographique forte dans un pays peuplé, ayant un marché concurrentiel avec un dispositif logistique insuffisamment efficient. De même, le glissement de la Livre égyptienne constitue un autre facteur de hausse des prix du fait de l’effet d’une inflation importée transmissible sur les produits alimentaires, énergétiques, et biens d’équipement.
Les principaux éléments déclencheurs de l’inflation en Egypte
Entre 2006 et 2015, l’inflation en Egypte s’est établit à 10,5%. Ce niveau d’inflation se détache du benchmark avec les pays arabes voisins, tel que l’Algérie (4,7%), la Tunisie et la Jordanie, avec respectivement (4,2%). Entre janvier 2016 et novembre 2017, le niveau de l’inflation en Egypte atteint une moyenne de 25%.
Depuis le mois d’Août 2017, l’inflation mensuelle enregistre un renversement de tendance. La Banque Centrale d’Egypte prévoit dans ce contexte, une normalisation progressive à échéance Décembre 2018. « Nous pensons que ce scénario est crédible. En effet, les hypothèses d’évolution des principaux facteurs s’orientent vers une évolution « ordinaire » de l’indice des prix. En revanche, les autorités semblent temporiser toute nouvelle réforme qui aurait des retombées inflationnistes », estime le département.
Ci-dessous le paysage d’inflation en Egypte et l’inflation moyenne en neuf ans (2006-2015).
Selon les analystes de cette étude, la hausse de l’inflation est dû à la pression du panier de la consommation qui est alourdi à son tour par la composante alimentaire dont le poids avoisine 40%.
Dans ce contexte, l’Egypte vit une forte pression alimentaire en raison d’une population dense de 96 millions d’habitants qui croît à un rythme soutenu de 2,0% et un secteur alimentaire peu concurrentiel avec un dispositif logistique peu efficient.
Un autre indicateur que les analystes de l’étude révèlent et qui peut menacer l’économie égyptienne : Le pays n’atteint toujours pas une autosuffisance alimentaire (déficit estimé à 3,5% du PIB, et dépend des importations d’énergie et de biens d’équipement).
Pénurie des réserves de changes
Face à une pénurie des réserves de changes qui se sont réduites à un niveau de 19,6 MM USD soit l’équivalent de moins de 4 mois d’importations, la Banque Centrale d’Egypte (CBE) a décidé de procéder à une dévaluation de l’ordre de 47,7% de l’EGP face à l’US. Il va sans dire dance ce sens, que le FMI a accordé un prêt de 12 MM USD, pour objectif majeur de soutenir l’économie égyptienne. Le tableau ci-dessous met en lumière le plan global de ce soutien.
L’objectif : baisser la dette/PIB à 86%
S’agissant les principales causes qui conduisent vers un déséquilibre budgétaire en Egypte, on trouve la masse salariale, les subventions à l’électricité et aux produits énergétiques.
L’objectif ultime, selon les auteurs de l’étude, est de ramener la dette/PIB à 86% contre près de 100% actuellement, et contourner toute pression supplémentaire sur les taux d’intérêt.
Ainsi, les autorités égyptiennes ont procédé à mettre en place quelques réformes, entre autres, l’écrasement des subventions de produits énergétiques en juin 2019, ou encore le contrôle de la masse salariale à travers un suivi rigoureux des recrutements.
L’implémentation d’une TVA à 14% qui demeure également l’une des réformes qui mèneront vers l’amélioration du taux d’inflation.
Régime de change: le risque inflationniste
La libéralisation du taux de change a eu plusieurs effets escomptés, citons entre autres, l’anéantissement des circuits parallèles et la disparition des distorsions de prix entre l’économie officielle et les pratiques informelles.
Ce que prévoit la BCE pour le « panier égyptien »
En se basant sur les facteurs d’influence, les prévisions de la Banque centrale égyptienne (BCE) expliquent, à travers une courbe, la trajectoire d’inflation divisée en trois degrés (pessimiste, optimiste et central). En décembre 2018, l’organisme estime dans le scénario pessimiste, une inflation de 16%. Pour le scénario Central (13%), et 10% dans le scénario optimiste.
Les hypothèses de la Banque centrale égyptienne s’articulent autour de 3 éléments, à savoir :
- Le secteur alimentaire qui représente 40% du panier. Une campagne céréalière locale qualifiée d’ordinaire avec une production de 8,8 millions de T est attendue selon la FAO, et des importations stables à 12 millions de T, tout en observant un relatif essoufflement de la tendance baissière des prix du blé à l’international.
- Pour le secteur énergétique (18% du panier) : les autorités ont annoncé que les prochaines échéances de révision des prix de l’énergie pour 2017 seraient reportées à échéance en 2018/2019 dépendamment de la concordance des chiffres de l’inflation avec les prévisions ;
- Pour ce qui est du transport qui représente 6% du panier, une progression moyenne du baril de 1,8% est prévue en 2018 à 53 $ selon le dernier consensus de 4 organismes internationaux (FMI, BM, AIE et OCDE). Pour rappel, l’Egypte est depuis 2012 un net importateur de pétrole, une situation qui risque de se renverser en 2020 avec le démarrage de l’exploitation du champ gazier Zohr ;
Parallèlement, la Banque centrale de l’Egypte observe une résilience croissante de la devise égyptienne aux niveaux actuels confortée par l’afflux des capitaux étrangers et une reprise globale de la confiance.
IJ avec le département Analyse et Recherche d’Attijariwafa Bank