Des secouristes déblaient les décombres à la recherche des survivants à Mexico, le 19 septembre 2017 © AFP RONALDO SCHEMIDT
Engagés dans une course contre la montre, les secouristes redoublaient leurs efforts pour sauver les survivants des décombres d’une école où 21 enfants ont péri lors du séisme qui a fait au moins 233 morts dans la région de Mexico.
« J’ai vu cinq enfants vivants mais ils sont prisonniers de tiges métalliques », a confié à l’AFP mercredi, à la tombée de la nuit, un secouriste de la protection civile sous couvert d’anonymat, plus de 24 heures après la catastrophe.
Selon lui, « le sauvetage pourrait encore demander plusieurs heures » dans les décombres de l’école primaire et secondaire Enrique Rebsamen, à l’extrême sud de la capitale. « Couper les tiges sans blesser les enfants est un travail très délicat ». Mais le temps presse, car « les appareils montrent que les battements de leurs coeurs sont déjà faibles », a-t-il ajouté.
Malgré la fatigue, secouristes et bénévoles poursuivent donc leur quête sur le site du bâtiment effondré qui ressemble à une fourmilière où se mêlent casques blancs, jaunes, rouges, oranges, verts et bleus des différents corps participant aux opérations.
Au moins 21 élèves âgés de sept à 13 ans, ainsi que cinq adultes, sont morts et une trentaine d’enfants restent portés disparus, selon les services de secours. Jusqu’à présent, 11 enfants et une maîtresse ont été extraits vivants des décombres.
Au total, « nous avons 102 personnes (mortes) à Mexico, en comptant les enfants de l’école Rebsamen, 69 (dans l’Etat de) Morelos, 43 à Puebla, 13 dans l’Etat de Mexico, cinq dans le Guerrero, un à Oaxaca », a déclaré à la chaîne Televisa le directeur de la Protection civile, Luis Felipe Puente, revoyant le bilan à la hausse au lendemain de la catastrophe.
A Mexico « 50 personnes ont été sauvées des décombres des bâtiments effondrés », a déclaré le président mexicain Enrique Peña Nieto, dans un message télévisé.
– Aide de plusieurs pays –
Plusieurs pays, dont le Chili et le Salvador, ont annoncé l’envoi de renforts au Mexique.
Dans les rues de Mexico, des dizaines de personnes attendaient angoissées des nouvelles de proches disparus. Un militaire brandissait une grande affiche verte où figuraient les noms de rescapés, a constaté l’AFP.
Les dégâts se concentraient dans le sud de la ville et les quartiers branchés de la Roma et la Condesa, connus pour leurs bars et restaurants et où résident de nombreux étrangers.
A la Condesa, Karen Guzman est assise sur le trottoir. Elle tourne le dos à un immeuble effondré où quelque 30 personnes pourraient être vivantes sous les gravats.
Le nom de son frère, Juan Antonio Guzman, comptable de 43 ans qui se trouvait au 4e et dernier étage, ne figure pas sur les listes des personnes secourues accrochées entre deux poteaux d’électricité.
« Ma mère est en train de le chercher dans les hôpitaux (…) Il doit être vivant, je sais qu’on va le sortir », assure-t-elle dans un mélange de désespoir et de colère.
On compte une quarantaine de bâtiments écroulés à Mexico, mégalopole de 20 millions d’habitants, selon le maire Miguel Angel Mancera, qui assure que « nous continuons à rechercher des gens ». Au moins 40 personnes ont été retrouvées en vie dans deux bâtiments écroulés, a-t-il fait savoir, ajoutant que les structures de quelque 600 autres constructions allaient être inspectées.
Dans les Etats de Puebla et Morelos, où se trouvait l’épicentre du séisme, les recherches se poursuivaient également. Dans la ville de Cuernavaca, capitale de Morelos, au sud de Mexico, on déplorait d’importante destructions, selon une vidéo de l’AFP.
« Il va falloir reconstruire une partie importante de la ville de Jojutla qui a été détruite », a déclaré à une chaîne locale Graco Ramirez, le gouverneur de Morelos.
– Minute de silence –
Le séisme de mardi est survenu 32 ans jour pour jour après le grand tremblement de terre de 1985, qui avait fait plus de 10.000 morts et reste un traumatisme national au Mexique.
Cette nouvelle tragédie frappe un pays encore sous le coup d’un séisme de magnitude 8,2 –le plus puissant en un siècle au Mexique–, qui a fait une centaine de morts et plus de 200 blessés dans le sud du pays le 7 septembre.
Situé à la jonction de cinq plaques tectoniques, le Mexique est l’un des pays du monde où l’activité sismique est la plus forte.
Depuis 1993, un système d’alerte sonore pour prévenir la population a été mis en place. Mais ce dispositif, qui repose essentiellement sur des capteurs installés le long de la côte pacifique, n’a pas fonctionné ou est intervenu trop tard.
Des dizaines de répliques ont été enregistrées et les autorités appellent les habitants à la plus grande prudence.
« Si vous ne vous sentez pas en sécurité, on vous recommande de ne pas rester dans votre habitation », a prévenu Carlos Valdés, le directeur du Centre national des désastres.
En Espagne, le Real Madrid et le Betis de Séville ont observé une minute de silence mercredi soir, avant le début de cette rencontre comptant pour la 5e journée de la Liga.
LNT avec AFP