Dans un contexte de crise Covid-19 et de restrictions de mouvement mises en place pour contenir la propagation du virus, les questions de la sécurité alimentaire des pays et de la résilience des systèmes sont au cœur du débat. Selon la FAO, près de 40 millions de personnes vont être touchées par l’insécurité alimentaire cette année et probablement dans les années à venir.
Digital Africa Live a organisé un webinaire sous le thème « Sécurité alimentaire, les leçons du Covid-19 ».
L’Afrique, en plus de la crise de la Covid-19, fait également face à d’autres crises, à savoir une baisse des ressources liées aux matières premières, une crise sécuritaire, le changement climatique, la baisse des transferts de la diaspora ainsi que du tourisme. Et même temps les besoins des africains en aliments augmentent.
« Ces crises et notamment celle de la Covid-19 ont montré les limites du modèle actuel. La souveraineté alimentaire des pays africains est menacée. Dans certains pays, on importe 80% des besoins. Il devient plus qu’urgent de travailler de telle sorte que l’Afrique puisse être auto-suffisante, qu’on puisse avoir beaucoup plus d’échange commerciaux au sein du continent pour pouvoir baisser la tension sur ses exportations », a déclaré Karim Lotfi Senhadji, Directeur général d’OCP Africa. Et d’ajouter : « Cette cris est aussi une opportunité de pouvoir accélérer les réformes et les agendas de transformation agricole du continent. Aujourd’hui nous sommes au pied du mur et on devrait tous s’y mettre et aller vers des actions concrètes pour le continent. »
Comment assurer alors l’approvisionnement des pays et accompagner les populations vulnérables ?
Pour Josefa Sacko, commissaire de l’Union africaine pour l’économie rurale et à l’agriculture, il est important que le continent africain profite du post Covid-19 pour mieux organiser son système alimentaire. Elle a mis l’accent sur l’importance du commerce intra africain dans ce contexte particulier et même au-delà de la crise, évoquant la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) qui pourrait aider à accélérer cette démarche.
Pour M. Lotfi Senhadji, l’Afrique devrait voir le verre à moitié plein et profiter de cette situation de crise pour pouvoir innover et réfléchir à des modèles différents qui font appel à la notion du circuit cours. Selon lui, cette notion devrait permettre le développement de modèle socio-économique au niveau des pays africains et constituerait un support aux petites entreprises et aux coopératives pour pouvoir produire localement.
« Au niveau du groupe OCP, nous promouvons la production locale d’engrais adaptés aux sols et aux cultures, elle est au cœur de notre stratégie », a souligné Karim Lotfi Senhadji.
Concernant l’impact de la Covid-19 sur les activités du Groupe en Afrique, ce dernier a déclaré que dans une certaine mesure certains projets à court terme, qui devait être livrée cette année devraient connaitre un léger décalage de 2 ou 3 mois. Cependant les projets industriels développé en Ethiopie, au Nigéria et au Gana ne sont pas impactés directement par cette crise.
A. Loudni
Les dispositions du groupe OCP
Le groupe OCP a dû s’organiser pendant cette crise et faire en sorte que sa production reste à des niveaux normaux afin de pourvoir livrer ses clients à travers le monde, précise Karim Lotfi Senhadji.
« Nous avons mis en place un plan de continuité pour pouvoir garantir la livraison aux clients tout en garantissant la sécurité et la santé des partenaires, collaborateurs, etc. Nous avons pu tester durant cette épreuve tous les investissements digitaux qui ont été fait au niveau de l’ensemble de notre chaine de valeur, ce qui nous a permis de pouvoir favoriser les prises de décisions fluides et automatisé. »
Ainsi, au niveau du groupe de Jorf Lasfar les équipes ont pu adopter les process, réajuster l’accostage et charger les navires sans aucun contact avec les membres de l’équipage. Le groupe a, dans ce contexte de crise, renforcé son engagement envers les pays africains, du fait de l’importance stratégique qu’a le continent pour le groupe et du potentiel agricole de ce continent. « Cet engagement se matérialise par un accompagnement des plans d’anticipation de résilience dans les pays où nous opérant ainsi que le lancement d’un certain nombre d’initiatives pour accompagner les populations vulnérables. », affirme M. Lotfi Senhadji.