Marrakech: Atelier sur Atelier sur le financement des soins de santé en Afrique en marge de la 52è session de la COM2019
Le ministre de la Santé, Anass Doukkali, a appelé, dimanche à Marrakech, à renforcer le partenariat public-privé (PPP) dans le domaine de la santé pour assurer une répartition géographique équitable.
« Certes, le secteur public ne peut satisfaire les besoins croissants de la population. Pour cela, nous sommes appelés à renforcer le PPP afin de constituer un système d’offre de soins complémentaire et coordonné garantissant une répartition géographique équitable sur l’ensemble du territoire national », a souligné M. Doukkali lors d’une table ronde sur le « financement des soins de santé en Afrique: le rôle du secteur privé », tenue en marge de la 52è session de la conférence des ministres africains des Finances, de la planification et du développement économique (COM2019) de la Commission économique pour l’Afrique (CEA).
A cette occasion, il a fait remarquer que le financement de la santé reste inférieur au seuil critique défini pour la prestation d’une série de services de santé de base. « En effet, les dépenses totales consacrées aux soins de santé en Afrique n’ont pas dépassé les 6% du PIB durant les 15 dernières années », a souligné le ministre, notant que le continent demeure largement en retard en matière d’accès aux soins de qualité et de structures dédiées. Et d’ajouter que les systèmes de santé africains restent particulièrement marqués par les inégalités d’accès aux soins entre les catégories et entre les milieux urbain et rural. Malgré les défis sanitaires que présente l’Afrique, « nous sommes convaincus qu’il existe de nombreuses opportunités en Afrique pour réaliser des progrès au niveau de nos systèmes de santé à travers la volonté politique, l’engagement et le leadership des dirigeants africains », a-t-il noté. Par ailleurs, M. Doukkali a fait savoir qu’au Maroc, la dépense totale en santé, qui a plus que doublé ces quinze dernières années, représente près de 6% du PIB, mais reste, toutefois, financée à moitié par les ménages. « La contribution de l’Etat, à travers les recettes fiscales, représente le quart de ces dépenses. L’assurance maladie, quant à elle, finance 22% des dépenses de santé », a-t-il poursuivi. Le ministre a, parallèlement, relevé qu’en dépit de ses défis de financement, le Maroc a pu atteindre actuellement 62% en termes de couverture médicale de base, ajoutant que la mise en oeuvre de la loi 98-15 relative à l’Assurance maladie obligatoire (AMO) des travailleurs non-salariés qui constituent environ 33% de la population, permettra d’atteindre 90% de couverture médicale de base à l’horizon 2021.
Les dépenses en médicaments constituent 40% des dépenses des ménages en santé, a-t-il rappelé, indiquant que « c’est ainsi que la démocratisation de l’accès des citoyens aux médicaments à des prix abordables constitue un axe important du Plan santé 2025, qui consacre une place de choix au développement du partenariat avec le privé dans ce domaine ». « En raison des similarités dans les défis et opportunités rencontrées par les pays africains dans leur aspiration vers la couverture sanitaire universelle (CSU), le Maroc exprime sa volonté de continuer l’échange et l’apprentissage mutuels en matière de financement de santé, de se pencher plus précisément sur les aspects concernant les gains d’efficacité, les outils d’évaluation de la santé, les formations et le leadership à l’intention des gestionnaires financiers au sein pays africains », a fait savoir M. Doukkali. De son côté, le chef de la section des politiques sociales à la Division du genre, de la lutte contre la pauvreté et des politiques sociales à la CEA, Saurabh Sinha a plaidé en faveur de la mobilisation des ressources domestiques en Afrique pour le financement du secteur de santé, notamment à travers la réduction des flux financiers illicites et l’adoption des mécanismes de financement innovants.
« Investir dans le domaine de la santé en Afrique attire davantage le secteur privé et les entreprises en raison des grandes opportunités offertes », a-t-il fait observer, notant que la valeur des opportunités commerciales dans le secteur de la santé est estimée à 259 milliards de dollars d’ici 2030, avec un potentiel de création de 16 millions d’emplois.
Il a, dans ce sens, appelé le secteur privé à investir de manière efficiente et effective dans le secteur de santé, à identifier des opportunités de marché, à collaborer avec les gouvernements à travers des modalités notamment par le biais des PPP et à se conformer aux mécanismes de réglementation et aux mesures de surveillance.
La COM2019, qui se tient du 20 au 26 mars sous le thème « la politique budgétaire, le commerce et le secteur privé à l’ère du numérique : Une stratégie pour l’Afrique », met l’accent sur les apports du numérique, aussi bien au développement des échanges économiques en Afrique que sur le plan du renforcement des politiques budgétaires nationales et ainsi que sur l’amélioration de la collecte des recettes fiscales.
LNT avec MAP