M. Bourita rencontre M. Guterres. Crédits : MAP
Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, a effectué un séjour « en urgence » au cours des dernières quarante-huit heures à Washington et à New York, tandis que l’on apprenait que le Roi Mohammed VI a eu un entretien téléphonique avec le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.
Ce séjour du ministre marocain des AE avait un double objectif, d’abord informer l’Administration Trump de la gravité de la situation qui prévaut dans la « zone tampon » à l’est de la muraille défensive des FAR au Sahara marocain, c’est-à-dire à Guerguerate, à Mahbès, à Bir Lahlou et à Tifariti, du fait des agissements du polisario, en violation flagrante des accords de cessez-le-feu de septembre 1991 et de leurs annexes.
Ensuite, présenter au secrétaire général de l’ONU et au président actuel du Conseil de Sécurité, les preuves matérielles de ces violations, lesquelles ont été minimisées ou même ignorées par le porte-parole de M. Guterres, M. Dujarric, en début de cette semaine.
On remarquera que ce séjour éclair de M. Bourita en Amérique du Nord est intervenu au moment même où le rapport de M. Guterres sur le Sahara marocain était rendu public, contenant des appréciations positives à l’endroit du Royaume, mais aussi des partis pris flagrants et hostiles à notre cause sacrée.
Comme si le Secrétaire général de l’ONU avait voulu produire un document « équilibré », au mépris de la vérité et de la réalité, mais si communément admis dans les couloirs du Palais de verre.
Pourtant, si M. Guterres se plaît à jouer à Ponce Pilate, la réaction du Royaume a été aussi vive que prompte et les propos de M. Bourita à la presse accréditée à l’ONU en attestent parfaitement.
Et l’on remarquera, avant toute chose, qu’auparavant, la rencontre du ministre marocain avec le Secrétaire d’État américain ad intérim avait permis de s’assurer du soutien des États-Unis, puisqu’en cette occasion, la formule relative à l’initiative « positive et constructive « du Royaume, (la proposition d’autonomie élargie des provinces du Sud), a été réitérée par Washington.
Cela signifie, entre autres, que Rabat a déjà bien verrouillé les choses avant la réunion du Conseil de Sécurité qui devrait se prononcer sur le renouvellement du mandat de la Minurso à la fin du présent mois.
L’anaphore…
Mais, pour en revenir aux propos de M. Bourita, on notera qu’ils sont porteurs d’une nouveauté, exprimée avec une détermination qu’on n’avait pas rencontrée depuis longtemps.
Le ministre des AE du Maroc, sur décision royale assurément, a choisi délibérément de mettre l’Algérie au pied du mur et devant ses responsabilités, exprimant haut et fort ce que tout le monde sait depuis 1975 (au moins), mais que le langage et les mœurs diplomatiques évitent trop souvent de reconnaître.
Le polisario n’est qu’une marionnette entre les mains des dirigeants d’Alger qui s’opposent, avec une constance vieille de plusieurs décennies à la juste et légitime cause d’unité nationale du peuple marocain. Ce que M. Bourita a parfaitement exprimé en déclinant l’anaphore : « C’est l’Algérie qui… ».
Et si, jusqu’à présent, la diplomatie officielle marocaine évitait plus ou moins l’affrontement (verbal) direct et les mises en cause accusatrices à l’endroit d’Alger, elle a choisi désormais « d’appeler un chat par son nom », en invitant la communauté internationale à mesurer les conséquences, toutes les conséquences, de cette nouvelle donne.
Parce que Bourita a repris la formule de l’ambassadeur Omar Hilale sur le casus belli, parce que le Maroc a produit les preuves matérielles de la volonté d’Alger et du polisario de remettre en cause le statu quo qui prévaut dans le no man’s land saharien depuis septembre 1991, parce que le ministre des AE a présenté d’autres preuves directement liées aux actions des séparatistes, la guerre (ou du moins une action énergique) pour vider « la zone tampon » de toute présence des mercenaires d’Alger est presqu’évidente aujourd’hui.
Le Maroc ne tolèrera pas les faits accomplis émanant de l’Algérie et de ses séides, quelles qu’en soient les conséquences.
Telle est la teneur du message royal adressé à M. Guterres par Bourita interposé.
Et si la haute administration onusienne n’avait pas jusque-là perçu la dangerosité de la situation, si le secrétaire général de l’ONU en est encore à opérer des circonvolutions scripturales pour ménager la chèvre et le chou, Rabat veut se donner le droit d’agir et de réagir, conformément d’ailleurs aux stipulations des accords signés en septembre 1991 et que M. Guterres peut consulter à sa guise.
Dans cette affaire, il n’est plus question de se « faire peur » en évoquant le poids des lobbies pro-algériens, les opinions publiques occidentale ou africaine, la réaction de la communauté internationale.
Toute avancée du polisario en vue de pérenniser sa présence dans la zone tampon en entraînera forcément d’autres et sera perçue comme un signe de faiblesse de la part du Royaume.
Alors, puisqu’il se trouve, paraît-il, des hispanophones chez les séparatistes de Tindouf, qu’ils méditent ce fameux mot d’ordre : « NO PASARAN » !
Fahd YATA