Photo prise le 5 mai 2019 des restes d'un immeuble détruit par des bombardements israéliens dans dans la ville palestinienne de Gaza © AFP MAHMUD HAMS
Le calme est revenu lundi dans la bande de Gaza à la faveur d’un cessez-le-feu annoncé par les Palestiniens après le plus grave accès de violence avec Israël depuis des années, mais sans aucun règlement à long terme en vue.
Les Palestiniens ont accepté un cessez-le-feu entré en vigueur avant le lever du jour, en ce début de ramadan, ont indiqué trois responsables palestiniens et égyptien sous le couvert de l’anonymat.
Aucune confirmation n’a été obtenue côté israélien, qui se garde généralement de corroborer de telles trêves.
Mais, après deux jours d’une escalade ayant tué 23 civils et combattants dans la bande de Gaza et 4 civils en Israël, les tirs de roquettes de l’enclave palestinienne sous blocus et les représailles israéliennes ont effectivement cessé à l’heure du cessez-le-feu indiquée par les responsables, a rapporté un journaliste de l’AFP à Gaza.
Dans un signe d’accalmie, l’armée israélienne a annoncé la levée de toutes les restrictions imposées aux populations civiles israéliennes voisines de Gaza. Elle n’a pas fourni plus de précision, mais ces mesures comprennent généralement la fermeture des écoles ou des limites fixées aux rassemblements publics.
Le voisin égyptien, intermédiaire traditionnel à Gaza, a forgé un accord de cessation des hostilités entré en vigueur à 04H30 (01H30 GMT), ont dit sous couvert d’anonymat un responsable du mouvement islamiste Hamas au pouvoir à Gaza et un autre responsable du Jihad islamique, deuxième force dans l’enclave palestinienne et autre ennemi juré d’Israël.
Un responsable égyptien a confirmé la conclusion d’un accord.
L’enclave palestinienne et les villes israéliennes voisines ont été le théâtre pendant deux jours de la plus grave flambée de violences depuis la guerre de Gaza de 2014, faisant redouter un nouveau conflit.
Cet accès de fièvre a aussi coïncidé avec une vigoureuse mise en garde des Etats-Unis à l’adresse de l’Iran, accusé par Israël de soutenir les groupes armés de l’enclave palestinienne soumise à un strict blocus israélien depuis plus de 10 ans.
L’accord trouvé dans la nuit, comme de précédents conclus après de multiples épisodes de violence, vise à un allègement du blocus imposé par Israël, a dit le responsable du Jihad islamique.
Il prévoit des mesures quant à l’étendue des zones de pêche gazaouies en Méditerranée autorisée par Israël, ainsi qu’une amélioration de l’approvisionnement en électricité et en combustible, des préoccupations primordiales dans l’étroite enclave de deux millions d’habitants durement éprouvés par les guerres, la pauvreté et la réclusion, a-t-il dit.
Quelque 690 roquettes ont été tirées depuis samedi de Gaza, dont plus de 500 ont atteint le territoire israélien, et au moins 35 sont tombées dans des zones urbaines, selon un décompte de l’armée israélienne.
Les civils israéliens tués au cours du week-end sont les premiers à mourir sous les roquettes palestiniennes depuis la guerre de 2014, selon au moins deux officiels israéliens. Fait extrêmement rare, l’un d’eux a été tué quand un missile antichar de type Kornet tiré de la bande Gaza a atteint son véhicule, selon l’armée israélienne.
L’aviation et l’artillerie israéliennes ont en retour frappé plus de 350 objectifs du Hamas et du Jihad islamique à travers la bande de Gaza, visant des combattants des groupes armés, des ateliers de fabrication de roquettes, des entrepôts d’armes ou encore des immeubles abritant des bureaux du Hamas.
Sur les 19 Palestiniens tués au cours de la seule journée de dimanche, neuf ont été identifiés comme des combattants du Hamas et du Jihad islamique. L’armée israélienne, pour la première fois depuis des années, a ouvertement revendiqué l’élimination d’un Palestinien de 34 ans, présenté par elle comme le responsable d’importants transferts d’argent de l’Iran à destination du Hamas et du Jihad islamique.
Deux Palestiniennes enceintes et deux bébés comptent aussi au nombre des tués, selon les informations du ministère gazaoui de la Santé relevant du Hamas.
« Nous soutenons Israël à 100% dans la défense de ses citoyens », a tweeté dimanche soir le président américain Donald Trump.
Peu après, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, John Bolton, annonçait le déploiement au Moyen-Orient du « porte-avions et groupe aéronaval USS Abraham Lincoln et d’une force de bombardiers », sans établir de rapport direct avec l’escalade à Gaza mais en mettant en garde l’Iran contre toute atteinte aux intérêts des Etats-Unis et de ses alliés.
– Crise chronique –
La bande de Gaza est en proie aux poussées de fièvre répétées, en l’absence de toute reconnaissance d’Israël par le Hamas et de tout horizon politique pour un règlement du conflit israélo-palestinien. Depuis des mois, l’Egypte et l’ONU s’emploient régulièrement à éteindre les incendies.
La dernière flambée de violences en date remettait en cause un accord conclu fin mars.
Les organisations palestiniennes de Gaza sont frustrées de la non-application selon elles par Israël de cet accord et de précédents sur un allègement du blocus et l’entrée de fonds qataris dans l’enclave.
Pour Israël, les évènements des derniers jours sont une agression contre les civils israéliens de la part d’organisations se servant selon l’Etat hébreu de civils palestiniens comme boucliers humains.
Ils intervenaient à un moment délicat pour le Premier ministre sortant Benjamin Netanyahu, avant la journée de la Mémoire mercredi, la fête nationale jeudi, et le concours de l’Eurovision à Tel-Aviv du 14 au 18 mai.
M. Netanyahu, vainqueur des législatives d’avril, est par ailleurs engagé dans les négociations en vue du prochain gouvernement. Et le gendre et conseiller de Donald Trump, Jared Kushner, a récemment promis de dévoiler son plan de règlement du conflit israélo-palestinien après le ramadan, qui s’achève début juin.
LNT avec AFP