Le Premier ministre britannique Boris Johnson (c) lors d'une réunion du cabinet au 10 Downing Street, le 7 juin 2022 à Londres
Il a sauvé son poste mais sa position est pour certains intenable: Boris Johnson cherche à tourner la page des scandales mais doit rassembler un parti divisé et reconquérir ses électeurs.
Le chef du gouvernement britannique a survécu lundi à un vote de défiance des députés de son Parti conservateur provoqué par des frondeurs excédés des scandales comme le « partygate », ces fêtes à Downing Street pendant les confinements anti-Covid.
Même s’il ne peut pas être visé par une autre motion de défiance pendant un an, il a pour délicate mission de séduire de nouveau ses troupes et son électorat échaudé par les scandales et étranglé par l’inflation, au plus haut en 40 ans.
S’exprimant au début d’un conseil des ministres mardi matin, Boris Johnson a déclaré que son gouvernement était enfin capable de « tirer un trait » sur les polémiques. Son objectif est désormais de « faire avancer le pays » en s’appuyant sur des mesures bénéficiant aux Britanniques, en pleine crise du pouvoir d’achat.
Bien qu’il se soit félicité d’un résultat « convaincant » à l’issue du vote à bulletin secret, plus de quatre députés de son camp sur dix (148 sur les 359 votants) ont indiqué qu’ils n’ont pas confiance en lui, reflétant l’ampleur du malaise et du coup porté à son autorité sur sa majorité.
A titre de comparaison, l’ancienne Première ministre Theresa May avait survécu en 2018 à une motion de défiance avec une plus grande marge, avant d’être contrainte à la démission quelques mois plus tard.
En cas de défaite, une élection interne aurait été convoquée pour désigner un nouveau leader du parti, qui serait devenu chef du gouvernement.
Mais si les rumeurs grondent sur les noms d’éventuels candidats à son remplacement, aucun ne se distingue vraiment, ce qui profite à Boris Johnson.
– « Humiliation » –
Arrivé triomphalement au pouvoir en 2019, Boris Johnson doit cependant remonter la pente après avoir vu chuter sa popularité, comme le soulignaient les journaux.
Le quotidien de gauche The Guardian a évoqué une « humiliation » tandis que le conservateur The Telegraph souligne que les Tories sortent « divisés » du vote et évoque un simple « répit » pour le Premier ministre, « gravement atteint ».
Soucieux de restaurer son autorité, le dirigeant âgé de 57 ans pourrait remanier son gouvernement pour récompenser ses proches alliés et évincer ses plus tièdes soutiens, selon la presse.
Parmi les fidèles, le ministre de la Justice, Dominic Raab a exhorté les rebelles à « respecter le vote » et appelé à « aller de l’avant », en écho au message du Premier ministre.
Boris Johnson est fort d’une « énergie renouvelée » après avoir « clairement » remporté le vote, a-t-il assuré sur SkyNews.
Les dégâts sont cependant « considérables », a prévenu l’ancien dirigeant conservateur William Hague dans The Times. « Des mots ont été prononcés qui ne peuvent être rétractés, des rapports publiés qui ne peuvent être effacés et des votes ont été exprimés qui montrent un niveau de rejet plus grand que jamais pour un dirigeant conservateur ».
Malgré le soulagement d’avoir convaincu une majorité de députés tories, Boris Johnson n’en a pas terminé avec les répercussions du « partygate ».
Après celles de la police et de la haute-fonctionnaire Sue Gray, une autre enquête, cette fois parlementaire, est prévue. Si cette dernière conclut, a priori à l’automne, que Boris Johnson a trompé la Chambre des Communes en affirmant ne pas avoir enfreint les règles, il est censé démissionner.
Deux élections partielles le 23 juin auront aussi valeur de test pour le dirigeant conservateur qui a écarté lundi l’hypothèse de législatives anticipées.
Les sondages se succèdent et sont catastrophiques pour la majorité, de moins en moins convaincue que son chef, triomphant dans les urnes en 2019, est le mieux placé pour les conduire à la victoire aux législatives de 2024.
LNT avec Afp