Les banques connaissent une détérioration de leurs indicateurs de risques sur les dernières années et tout particulièrement en 2018.
L’un des principaux risques auxquels elles sont exposées est le risque de crédit.
Dans ce domaine, le principal indicateur d’appréciation porte sur l’évolution des créances en souffrance et le taux de sinistralité qui se mesure par le rapport de la part des créances en souffrance sur l’encours global des crédits.
Le comportement de ces créances en souffrance s’est traduit par une progression soutenue, de l’ordre de 16% en moyenne de 2010 à 2014, induite par des difficultés conjoncturelles en particulier dans certains secteurs sensibles à la demande extérieure.
Depuis, l’évolution du volume des créances en souffrance a nettement ralenti à 3% par an durant ces 2 dernières années, convergeant davantage avec le taux de progression des crédits.
De ce fait, le taux de sinistralité s’est aggravé de 4,8% fin 2010 à un pic de 8% au cours de l’année 2016 avant de revenir à 7,3% à fin 2018, ce qui est encore un niveau élevé.
Toujours en lien avec le portefeuille de crédits, les banques peuvent être exposées à un risque de concentration.
Sur le plan réglementaire, ce risque est encadré par un coefficient maximum de division des risques qui limite l’exposition de chacune sur une entreprise ou un groupe à 20% des fonds propres prudentiels.
Le portefeuille de crédits des banques reflète dans une certaine mesure la concentration du tissu économique.
C’est pourquoi, Bank Al-Maghrib appelle les banques à gérer ce risque notamment à travers le recours à la syndication ou encore à la consultation du rapport de solvabilité groupe.
Seules les actions de promotion du financement de la PME et le financement désintermédié sur le marché des capitaux sont des leviers susceptibles d’atténuer ce risque.
En effet, la part des risques excédant 5% des fonds propres prudentiels des banques représente 2,9 fois les fonds propres à fin 2018 contre près de 4 fois au début de la décennie.
Selon Bank Al-Maghrib, les créances en souffrance sont définies par la réglementation comme des créances qui présentent un risque de non recouvrement eu égard à la détérioration de la capacité de remboursement de la contrepartie.
Elles sont, compte tenu de leur degré de risque de perte, réparties en trois catégories, créances pré-douteuses, douteuses et compromises, et doivent être provisionnées à respectivement 20%, 50% et 100% de leurs montants, déduction faite des garanties éligibles.
A la fin 2018, le taux de couverture des créances en souffrance par les provisions s’est amélioré en moyenne au niveau du secteur bancaire à 70% contre 65% il y a 5 ans, reflétant un effort de provisionnement accru.
Par ailleurs, dans une démarche proactive et anticipative visant à renforcer la résilience des banques face à la matérialisation des risques futurs et les prémunir d’éventuels chocs de crédit, Bank Al-Maghrib leur impose, depuis 2012, de constituer des provisions à caractère général pour couvrir les créances sensibles à la conjoncture, mais ne présentant pas d’événement de défaut. Sur une base consolidée, les banques appliquent, depuis le début 2018, les normes internationales IFRS pour déterminer le niveau de dépréciation des créances.
En sus des créances en défaut, cette norme requiert la constitution de provisions en couverture des créances saines dès l’octroi des crédits.
De fait, Bank Al-Maghrib vérifie le respect des règles de déclassement et de provisionnement des créances en souffrance et sur cette base peut appeler les banques à mettre en œuvre des actions complémentaires pour l’assainissement et la couverture des besoins de provisionnement.
Par ailleurs la sécurité financière des banques est encadrée par d’autres ratios comme celui de liquidité et de solvabilité.
Le ratio de solvabilité fixe des exigences en fonds propres pour couvrir les principaux risques auxquels sont exposés les banques, à savoir les risques de crédit, de marché et opérationnels. Globalement, les banques sont astreintes au respect de 2 ratios, le ratio de fonds propres de base « Tier 1 » de 9%, et le ratio de solvabilité de 12%.
Ces exigences ont été relevées tout au long de la décennie écoulée. Après l’adoption de Bâle II en 2007, le ratio de solvabilité a été relevé de 8% à 10% en 2010, puis à 12% en 2012, avec l’introduction du ratio tier 1 la même année. S’en est suivie la mise en œuvre de Bâle III à compter de 2013 sur une période de 5 ans qui s’achève en 2019.
Aujourd’hui, les niveaux observés, calculés sur des bases plus strictes, sont globalement confortables avec un ratio de solvabilité moyen de 14% et un ratio de fonds propres de catégorie 1 de 10,5%.
Pour sa part, le coefficient de liquidité à court terme (LCR) mesure la quantité d’actifs liquides et de haute qualité, à la disposition des banques pour couvrir, en cas de crise, des sorties de trésorerie sur une période d’un mois.
Le coefficient dégagé par les banques s’est établi à 139% à fin 2018, pour un niveau cible de 100% à horizon 2019.
La Banque Centrale suit de près l’observation des ratios prudentiels et veille, conformément aux dispositions de la loi bancaire, à la mise en place par les banques de plans de redressement dans le cas éventuel où ces ratios se dégraderaient en deçà des minimums requis.
Afifa Dassouli