“ Le Cercle Des Économistes » a toujours su choisir, pour ses Rencontres d’Aix-en-Provence, un thème adapté à la situation du moment.
« Souvenons-nous des réflexions sur la souveraineté d’un pays, l’année dernière, thème choisi huit mois avant le Brexit » a clamé M. Lorenzi, Président du Cercle des économistes, lors de la séance d’ouverture de cet événement organisé chaque année, au début de l’été, à Aix-e Provence.
En effet, les 17è Rencontres Economiques se sont tenues les 7, 8 et 9 juillet derniers dans cette charmante ville du sud de la France sous le thème « A LA RECHERCE DE NOUVELLES FORMES DE PROSTÉRITÉ ».
Pour M. Lorenzi, « la prospérité ne se résume pas à la recherche de l’opulence matérielle, ni même à la croissance, inclusive ou durable. Elle doit permettre l’épanouissement, tout au long de la vie, des capacités des individus.
Elle repose sur un contrat social humaniste, qui harmonise la nécessité du progrès technique et économique, et la préservation des libertés individuelles et collectives, des ressources naturelles et d’un régime international ouvert ».
La première journée de ces rencontres, a justement permis à différents intervenants, des économistes, des entrepreneurs, des chercheurs, d’évoquer la diversité des visions de la prospérité et d’apporter des éclaircissements sur la question de la prospérité. Les réponses ont permis aussi de conclure sur la qualité de cette prospérité et sur la contribution personnelle de chacun dans son obtention.
Par exemple, outre, la contribution de l’État et des entreprises, l’engagement dans l’auto-entreprenariat par les jeunes est une nouvelle forme d’épanouissement économique très prônée par nombre d’intervenants.
La journée de samedi a été consacrée à différents parcours autour des axes suivants : « Anticiper, « Innover », « Partager », « Financer » et « Unir ».
Pour chaque parcours, quatre sessions de discussions étaient organisées, sous forme de tables rondes où à des exposés courts sur une thématique ont succédé des discussions.
Le dernier jour, en une seule matinée, a conclu les rencontres, avec des débats plus politiques qui ont apporté des réponses face à un certain désarroi, par quelques suggestions de gouvernance internationale, européenne, française et sur une déclaration finale.
Les temps forts des Rencontres ont porté sur des thèmes comme “qu’est-ce-que la prospérité aujourd’hui ? », « La mondialisation a-t-elle tourné le dos aux peuples ? », “La démocratie peut-elle survivre sans prospérité ?» , “Doit-on lutter contre les concentrations de richesses ? « , “Les nouvelles technologies nous rendent- elles aveugles ? », « La France est-elle prospère ? » ,
“D’un monde d’inégalités à un monde de solidarités. “, et « La France des cinq prochaines années.”
Dans la rubrique Idées et Débats du quotidien français Les Échos, M. Henri Gibier, Directeur des développements, a publié une chronique fort intéressante sur “les infortunes de la prospérité “ dont le paragraphe suivant peut tout particulièrement justifier amplement du choix du thème choisi par le Cercle des économistes pour les rencontres d’Aix en Provence de cette année :
“Certes, le monde n’a jamais été aussi prospère : les terribles famines ont pratiquement disparu, ou bien sont liées à des conflits régionaux, les sept milliards et demi d’habitants de la planète arrivent à peu près à se nourrir, la mortalité infantile a connu une baisse considérable, l’espérance de vie mondiale est passée de 25 ans à l’époque d’Adam Smith à 78 ans, l’extrême pauvreté qui touchait encore les trois quarts de la population du globe en 1950, a chuté sous les 10 %… Toutefois, comme l’ont montré de nombreux travaux récents – dont le fameux livre de Thomas Piketty « Le Capital au XXIe siècle » –, on est revenu, dans les Etats les plus développés, à un niveau d’inégalités que l’on n’avait plus connu depuis le début du XXe siècle.”
Enfin les conclusions de ce grand évènement économique énoncent 12 Mesures « Pour un Contrat Social de Progrès » dont nous publions les plus générales dans l’encadré ci-dessous.
On dira, in fine, que les journées économiques d’Aix sont en même temps un moment de détente, d’enrichissement intellectuel, de rapprochement des idées, opinions et analyses, de personalités qui comptent à travers le monde, et qui peuvent en influencer les courants de pensées et aussi les décisions politiques pour un monde meilleur…
Afifa Dassouli
Encadré:
12 MESURES POUR UN CONTRAT SOCIAL DE PROGRÈS
Si les rencontres d’Aix ont présenté lors de la séance d’ouverture 12 mesures, nous avons choisi de publier celles qui revêtent un caractère global et généraliste, en laissant de côté les mesures qui concernent principalement la France et l’Europe.
1. Renouer avec l’esprit de progrès : une prospérité au service de tous
. Remodeler nos systèmes d’enseignement autour du dialogue entre innovation et formation
. Lancer un plan Marshall du numérique à l’école ; inciter les enseignants à l’innovation pédagogique
. Systématiser les opportunités de valorisation privée des brevets par les chercheurs
2. Limiter le pouvoir des entreprises dominantes, notamment technologiques
• Créer des agences transnationales (task-forces) pour réguler les secteurs à fortes externalités
• Mettre en application une fiscalité à base nationale pour les géants de l’économie numérique
3. Ouvrir largement l’accès au financement aux populations aujourd’hui les plus à l’écart
• Développer les services financiers dans les pays émergents : cadastre, réduire les paiements cash
• Réguler l’usage des crypto-monnaies, via la Banque des Règlements Internationaux
II. Donner un nouveau souffle à la responsabilité sociale et environnementale
5. Donner priorité à l’exigence environnementale du développement, et aux acquis de l’accord de Paris
• Remplacer les subventions aux énergies polluantes par des transferts financés par le Fonds Vert
• Créer un « Corridor Climatique Européen »: vers une taxe carbone autour de 50€/t à 10 ans
6. Créer des « cités intelligentes » en donnant aux habitants la maîtrise de la planification
• Contraindre les opérateurs (Uber, Airbnb, mais aussi les services publics classiques…) à partager avec les autorités urbaines les données collectées, à des fins d’optimisation et de planification
• Créer des coopérations entre métropoles sur le modèle de la plateforme NAZCA à la COP21
7. En France, refonder les règles du dialogue social dans l’entreprise
• Tenir au sein de l’entreprise des discussions consultatives sur la stratégie, via des représentants, élus sans monopole syndical, de tous les acteurs (salariés, collectivités territoriales…)
• Inciter les entreprises à ouvrir leur capital aux salariés, en étant attentif à la diversification du risque
III. Faire de l’égalité des chances tout au long de la vie un nouveau modèle social
8. Faire du système d’enseignement supérieur un moteur de l’ascenseur social
• Repenser les filières courtes techniques, pour améliorer l’employabilité des moins qualifiés
IV. Repenser les institutions de la coopération internationale
Investir dans les infrastructures de base pour accélérer le développement
• Viser l’objectif d’un accès universel à l’eau potable et à l’électricité en Afrique d’ici 15 ans, via de larges investissements, notamment ruraux (équipements agricoles, télécommunications mobiles, …)
• Financer l’investissement en réduisant les subventions agricoles non-vertes dans les pays du Nord
(Extraits de la déclaration finale du Cercle Des Economistes)