Crédits photo : Ahmed Boussarhane/LNT
La Fédération nationale des agents et courtiers d’assurance du Maroc (FNACAM) a tenu, mercredi 11 septembre à Casablanca, la quatrième édition de sa rencontre annuelle pour débattre des challenges de la profession.
Cette rencontre a été l’occasion pour les professionnels du secteur de présenter les fruits et leur réflexion sur les questions de la fiscalité, du revenu des intermédiaires ou encore du développement de digital et d’explorer les moyens à même de mieux servir les intérêts des intermédiaires, quels que soit leur statut et leur taille.
Le président de la Fédération nationale des agents et courtiers d’assurance du Maroc (FNACAM), Farid Bensaid, a souligné à cette occasion que le conseil fédéral de la FNACAM entend promouvoir ce secteur vital de l’économie nationale à travers des actions précises, mettant en exergue l’importance de renforcer la coopération entre la FNACAM, l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) et la Fédération marocaine des Compagnies d’assurance et de réassurance (FMSAR).
« Ce secteur est classé deuxième sur le marché africain et premier sur le marché arabe », a-t-il fait observer, ajoutant que la place des agents d’assurance dans ce secteur qui pèse plus que 40 milliards de dirham (MMDH) est non négligeable et s’élève à près de 60%. Avec 2143 intermédiaires, « 9000 familles travaillent dans ce secteur », a précisé le président de la FNACAM, « un nombre important, c’est pour cela que nous devons mettre de l’ordre dans notre métier ». M. Bensaid a également évoqué le problème de la nouvelle concurrence : « Vous avez agréé 11 banques, qui à travers 6400 agences, sont nos concurrentes. Il y a eu beaucoup de dérapages ». De même, les problèmes de fraude du secteur touchent fortement les intermédiaires : « Les compagnies d’assurance disent que pratiquement 50% des indemnités sont peut-être fraudées », et « 22,4% des personnes déclarant des sinistres automobiles le font plusieurs fois dans l’année ».
De son côté, Salaheddine Mezouar, président de la CGEM, a déclaré « qu’il était important que la CGEM soit présente pour exprimer son intérêt, son soutien, mais aussi montrer son engagement ». « C’est un secteur naturellement important, qui connaît une croissance, malgré tout, autour de 6%, et qui regorge encore d’opportunités », a-t-il ajouté. Concernant la place des agents, il a mis l’accent sur le fait que « si une intermédiation se développe, c’est qu’il y a un besoin, qu’elle est justifiée. Et comme une profession, elle a besoin d’être organisée ».
Mohamed Hassan BENSALAH, Président de la FMSAR, qui considère que le marché marocain dispose d’énormes marges de progression, car « les besoins en couverture restent importants dans notre pays ». Et concernant son soutien aux revendications des intermédiaires, il a déclaré qu’iI est, à son sens, « primordial que les intermédiaires en assurances obtiennent la mise en place de règles plus claires en matière de concurrence, et doivent en tant qu’agent économique bénéficier d’une neutralité fiscale, au même titre que l’ensemble des autres secteurs d’activité. Agissant dans un secteur considéré comme non producteur fiscal, les intermédiaires ne doivent pas continuer à subir une TVA non récupérable sur leurs commissions, et qui peut grever leur rentabilité ». Il a également relevé le retard dans la digitalisation, déclarant notamment qu’il n’est « pas normal qu’en 2019, nous n’ayons pas d’échanges de données pertinentes sur nos clients. Nos bases de données demeurent assez pauvres et pourtant, elles pourraient nous apporter énormément sur le plan commercial ». M. Bensalah a également abordé les problématiques de l’équilibre tarifaire de chaque famille de produits, la diversification, soulignant que « les travaux [menés] avec l’ACAPS et le Ministère des Finances, en marge de la stratégie nationale d’inclusion financière, […] devraient aboutir à une nouvelle feuille de route pour notre secteur, ce qui permettra de lui apporter une nouvelle dynamique ».
Se voulant plus rassurant sur la situation des intermédiaires, M. Hassan Boubrik, président de l’ACAPS, a déclaré vouloir s’ « opposer au discours alarmistes », car les chiffres montrent une « production moyenne 11,7 MDH par intermédiaire, certes, concentrée sur les 25 premiers ». Sans les têtes de peloton, on arrive au chiffre de 6,8 MDH, avec une « médiane autour de 4,5 MDH ».
Et refusant de se plier aux déclarations habituelles (qui ont été beaucoup entendues durant cette journée) de ne « pas rater le tournant du digital », qu’il est stupéfiant d’entendre en 2019, M. Boubrik a admis que sur ce volet, « nous n’avons pas du tout avancé », promettant de donner « un coup d’accélérateur », et annonçant la mise en ligne d’une plateforme d’e-learning d’ici quelques semaines.
Au programme de cette rencontre figuraient plusieurs panels traitant de la problématique de la TVA pour les intermédiaires d’assurance, la relation entre les intermédiaires et les compagnies d’assurance ainsi que le digital en tant qu’opportunité pour l’intermédiaire. Elle a vu également les signatures de conventions de partenariat entre la FNACAM, l’ANAPEC et l’ESCA.
Selim Benabdelkhalek