RDV de Casablanca de l’Assurance : Mohamed Bensalah met en lumière les défis du secteur

À l’occasion du Rendez-vous de Casablanca de l’Assurance, devenu au fil des années une plateforme internationale de réflexion sur l’avenir du secteur, le Président de la Fédération Marocaine de l’Assurance (FMA), Mohamed Hassan Bensalah, a abordé les mutations profondes qui redessinent les contours de l’assurance à l’échelle mondiale.

Il a notamment mis en lumière les enjeux liés à l’intelligence artificielle, la transformation digitale, l’inclusion financière et la cybersécurité, tout en annonçant plusieurs réformes majeures au niveau national.

L’événement a rassemblé cette année des participants venus des quatre coins du monde, avec le Ghana en tant que pays à l’honneur. Du Brésil à la Corée du Sud, en passant par les États-Unis, l’Europe et le monde arabe, la diversité des représentations témoigne du rayonnement désormais international du Rendez-vous de Casablanca de l’Assurance. « Ce rendez-vous s’est imposé comme un carrefour mondial de réflexion, d’échange et d’inspiration », a déclaré M. Bensalah, saluant également la présence de grandes instances du secteur telles que la FANAF, la GAIF, l’OAA ou encore Insurance Europe.

Dans un contexte mondial marqué par une accélération sans précédent des transformations économiques, technologiques et sociales, le secteur de l’assurance apparaît, selon le président de la FMA, comme un pilier de stabilité. « C’est un métier qui protège, qui accompagne, et qui anticipe. Un métier plus que jamais essentiel pour la résilience de nos sociétés », a-t-il insisté.

Parmi les transformations les plus marquantes, l’intelligence artificielle (IA) occupe une place centrale dans les préoccupations du secteur. L’IA bouleverse en effet tous les maillons de la chaîne de valeur de l’assurance : de la souscription à la gestion des sinistres, en passant par la détection de fraude et la relation client. Pour autant, M. Bensalah a souligné la nécessité d’un encadrement rigoureux de ces innovations. « Cette révolution doit être pensée de manière éthique et responsable. Nous devons mettre en place un cadre réglementaire qui favorise l’innovation sans compromettre la protection des assurés », a-t-il souligné.

L’essor de l’IA soulève également un enjeu fondamental : concilier la personnalisation des services, rendue possible par l’analyse fine des données, avec le principe de mutualisation du risque, pierre angulaire de l’assurance. « Nous devons veiller à ce que la technologie ne devienne pas un facteur d’exclusion, mais bien un levier d’inclusion, d’équité et de progrès collectif », a-t-il averti. Dans cette optique, le développement de canaux de distribution multicanaux, intégrant les outils digitaux, apparaît comme une priorité stratégique.

L’intelligence artificielle pourrait également permettre de mieux couvrir les populations jusqu’ici marginalisées, en simplifiant les procédures et en adaptant les offres à leurs besoins réels. Un tel progrès ne pourra être atteint qu’en encourageant un écosystème technologique local dynamique, notamment en soutenant les Insurtechs et les entreprises de Deep Tech. « Ces jeunes pousses sont de véritables catalyseurs. Elles nous aident à repenser nos offres, à optimiser nos opérations, et surtout, à améliorer l’expérience de nos clients », a indiqué M. Bensalah, appelant à leur offrir un environnement favorable à leur essor.

Mais les nouvelles technologies exposent aussi le secteur à de nouveaux risques, au premier rang desquels figurent les cyberattaques. Le président de la FMA a alerté sur la gravité croissante de ces menaces, qui se traduisent souvent par des pertes économiques considérables, sans pour autant bénéficier d’une couverture assurantielle à la hauteur. Il a ainsi plaidé pour une modélisation plus fine des risques cyber et une implication accrue des grands réassureurs afin de développer des produits fiables et adaptés. « Il est impératif de bâtir ensemble une véritable culture de la cyber-résilience », a-t-il affirmé.

Sur le plan national, deux projets structurants ont été mis en avant : la dématérialisation de l’attestation d’assurance automobile et la mise en place prochaine d’une plateforme de paiement multicanal. Ces innovations, prévues pour le second semestre 2025, visent à simplifier l’expérience des assurés et à renforcer la digitalisation des services.

En parallèle, deux évolutions réglementaires majeures s’annoncent. La première concerne la révision du barème d’indemnisation en assurance automobile, inchangé depuis 1984. Cette réforme, jugée nécessaire, devrait induire une hausse des tarifs, mais aussi une meilleure équité grâce à l’actualisation des critères de tarification. La seconde évolution touche au basculement des assurés santé vers le régime de couverture médicale universelle, dans lequel les assureurs privés joueront un rôle de complémentarité. « C’est un chantier que nous anticipons depuis longtemps. Il est désormais essentiel d’intensifier notre collaboration avec la CNSS pour garantir une transition fluide », a conclu M. Bensalah.

À travers ces annonces et réflexions, la FMA entend affirmer sa volonté d’accompagner le secteur dans une phase charnière, en veillant à ce que l’innovation technologique soit mise au service de la solidarité, de la transparence et de l’inclusion.

LNT