
Les Rendez-vous de Casablanca de l’Assurance, qui s’imposent de plus en plus comme un événement majeur du secteur sur le continent, a donné le coup d’envoi de sa 9ème édition ce mercredi 8 mars. « Assurance automobile entre progrès technologique et évolution des mobilités » est la thématique choisie pour servir de trame de fond à cette édition, organisée par la Fédération Marocaine des Sociétés de l’Assurance et de Réassurance (FMSAR), sous le Haut patronage du Roi Mohammed VI.
La séance inaugurale a vu l’intervention de Mme Nadia Fettah, ministre de l’Économie et des Finances, lue par la Directrice de Trésor et des Finances Extérieures Mme Faouzia Zaaboul, suivie des allocutions de M. Mohamed Hassan Bensalah, président de la FMSAR, de M. Othman Khalil El Alamy, président par intérim de l’ACAPS et de M. Olusegun Omesihin, président de NIA (Nigerian Insurers Association).
La thématique est bien sûr d’une importance capitale pour le secteur, d’une part par son poids financier par rapport autres types d’assurance, mais également par les nombreux bouleversements qui le touchent, que ce soit du côté de l’assurance (e-contrats, digitalisation des parcours, lutte contre la fraude, etc.), ou du véhicule (véhicules électriques ou autonomes). Notant tous ces changements, M. Bensalah indique : « Nous devons être en mesure de les identifier, les analyser et les intégrer dans la politique de la gestion des risques. Les nouvelles technologies sont également un levier important pour l’inclusion du métier de l’assurance et offre des possibilités intéressantes en matière d’amélioration de l’expérience client ». Et d’ajouter : « Nous œuvrons au côté de l’ACAPS pour faire aboutir le projet de la dématérialisation de l’assurance automobile, certains de nos confrères africains ont déjà déployé ce projet et nous caressons l’espoir de pouvoir le déployer au Maroc en deuxième semestre de cette année ».
Un secteur en plein bouleversement
De son côté, le président par intérim de l’ACAPS a souligné que l’avènement de la voiture électrique a bouleversé le secteur de l’assurance. « Il est donc important de développer une politique d’assurance qui s’adapte avec les caractéristiques de la voiture du futur, notamment sa digitalisation et son propre système d’exploitation, qui changera ainsi la notion d’accident », a-t-il noté.
Pour ce qui est de l’importance du secteur pour le Royaume, Mme Fouzia Zaaboul a indiqué que « l’assurance occupe un rôle fondamental dans l’économie nationale, elle est donc appelée à se renforcer pour accompagner la stratégie du développement économique du Royaume. Dans ce cadre, le Maroc a mis en place une stratégie d’inclusion financière, en plus de l’augmentation de 50% des allocations pendant 4 ans, etc. ». Et de noter : « Les progrès techniques nous confrontent à plusieurs paradigmes qui présentent des opportunités immenses de développement, mais génèrent également de nouveaux risques ». D’après le discours de la ministre, la sphère financière est appelée à revoir ses offres de financement et ses modes d’intervention pour s’aligner sur ces évolutions et fournir des solutions innovantes adaptées aux besoins de la population, en plus de faire face aux nouveaux risques, notamment ceux liés aux cyberattaques.
De nombreux sujets abordés
Parmi les sujets qui seront débattus pendant ces deux journées, M. Bensalah a relevé la question du recouvrement des primes, un « système archaïque qui peut causer des situations dramatiques chez les intermédiaires ». Il s’agit également d’aborder les initiatives de sécurité routière et leur impact sur l’automobile. Il a aussi pointé du doigt l’augmentation significative du coût des sinistres à cause de l’inflation, qui n’a pas provoqué « de hausse des tarifs sur les marchés marocains », mais qui doit être surveillée « pour ne pas déstabiliser le résultat technique » alors que les marchés ne sont pas au mieux de leur forme. Par ailleurs, selon le président de la FMSAR, le passage à IFRS 17 a « mis le secteur à rude épreuve », et s’il est « incontournable », il est « important de garder en tête la taille du secteur et de ses acteurs ». Enfin, les intervenants ont relevé que « les populations à faible revenus et les TPE restent globalement sous-assurées ». S’il existe au Maroc des expériences réussies de micro-assurance, il reste encore du travail à faire en collaboration avec les ministères, et aussi les assureurs takaful.
Le digital a été largement évoqué comme outil de fluidification des opérations d’assurance, et le e-contrat mis en place en 2022 a été cité en exemple. Mais rappelons que cet outil est réservé aux agents constateurs, ce qui pose toujours le problème de l’attente des deux constateurs, et de l’encombrement des voies qui en découle. Rappelons qu’en France, le e-constat est disponible pour les arrangements à l’amiable… mais il faut également rappeler que l’Hexagone souffre moins de la fraude que le Maroc, et que les assureurs marocains doivent prendre en compte cette composante majeure.
Enfin, notons que lors cette séance inaugurale a vu la signature d’une convention de coopération technique entre la FMSAR et la Nia sur différents domaines, notamment l’assurance automobile, qui portera sur la formation professionnelle, les échanges et d’autres actions qui ont pour vocation d’améliorer l’industrie de l’assurance au Maroc et en Afrique.
En outre, le président de la FMSAR n’a pas raté l’occasion de célébrer la journée internationale des femmes, en rappelant l’importance d’œuvrer pour supprimer les inégalités persistantes entre femmes et hommes dans le domaine de la technologie. D’après l’ONU, 35% des femmes n’utilisent pas internet et d’ici 2050, 75 % des emplois seront liés au domaine technologique, alors que les femmes occupent seulement 22% des métiers en IA.
Selim Benabdelkhalek