Après son film polémique «Much Loved», Nabil Ayouch revient avec «Razzia», un concentré de plusieurs maux dont souffre le Maroc.
A travers 5 personnages, dont les destinées sont liées sans qu’ils le sachent, le film aborde les libertés individuelles, la tolérance, l’éducation, les droits des femmes, la jeunesse qui se meurt, l’injustice sociale, dans un Maroc moderne mais où l’obscurantisme est en train de gagner de la place.
Des montagnes de l’Atlas dans les années 80 au Casablanca d’aujourd’hui, les personnages du film ont en commun la même soif de liberté et d’émancipation.
Abdellah, enseignant dans un village du haut Atlas est victime, comme toute une génération, de la réforme du système scolaire réalisée dans les années 80.
L’instituteur qui dispensait ses cours en amazigh, la seule langue assimilée par ses élèves, et de manière pédagogique, se voit radié par un inspecteur qui refuse que l’enseignement se fasse dans une autre langue que l’arabe, faisant fi de la compréhension des élèves.
Puis, il y a Salima, incarnée par Maryam Touzani (coscénariste du film), une femme libérée mais prisonnière d’un mariage où l’égalité n’a pas sa place. Enceinte, elle ne veut pas amener à la vie un enfant, surtout pas une fille, dans un Maroc où la femme n’est pas respectée et n’a pas tous ses droits…
Habitant un quartier populaire, Hakim est un jeune amoureux du rock et fan de Freddie Mercury. Il tente tant bien que mal que se faire un nom dans le milieu. Encouragé par sa petite soeur mais brimé par son père, il incarne une partie de cette jeunesse marocaine pleine de rêves mais opprimée par les siens et par la société.
Enfin nous faisons la connaissance de Joe, un marocain de confession juive, gérant d’un restaurant qui n’arrive pas à être avec celle qu’il aime, et qui se voit rejeté par une prostituée parce qu’il est juif, mais aussi d’Ines, une adolescente de 15 ans, qui fait partie de la bourgeoisie marocaine et qui est en quête d’amour et d’affection…
Chacun de ces héros vit son propre combat et incarne l’espoir dans une société sexiste, schizophrène, et pleine de paradoxe.
Lors de la projection-presse du film, qui a eu lieu lundi 5 février, Nabil Ayouch s’est dit heureux et fier de présenter son film au public marocain et content de «ces retrouvailles».
Asmaa Loudni