Ramadan arrive. C’est prévu pour mardi prochain. Avant tout, c’est un mois de piété, de recueillement et de dévotion. Mais chez nous, on ne le dira pas assez, et c’est là le grand paradoxe, le mois de Ramadan est aussi synonyme de surconsommation ! Notre table prend, le temps d’un mois sacré, du poids. Idem pour beaucoup de jeuneurs ! Mais ce n’est pas le problème, dans la mesure où chacun est libre de ses choix alimentaires. Une chose est toutefois certaine : le budget des ménages monte d’un cran, pour une raison purement économique, à savoir la hausse de la demande, à l’origine souvent de la hausse des prix. Mais également à cause d’une période de spéculation intense. En effet, durant le mois de Ramadan, la spéculation bat son plein. Et il faut constater que ce phénomène, par la force des choses et au fil des Ramadans, a fini par prendre de proportions inquiétantes, défiant ainsi toutes les mesures de contrôle prévues par les différentes instances étatiques. Chaque année durant le mois sacré, les prix flambent, dépassant de loin le pouvoir d’achat d’une bonne partie de Marocains qui, à défaut de contrôles rigoureux et réguliers, ont fini par céder face à ce marché livré à lui-même, aux intermédiaires, notamment ces ‘‘Moule Chekara’’ qui font et défont le marché à leur guise sans être inquiétés. Ceci est connu de tous, et ne surprend guère. Rappelons-nous que durant le Ramadan précédent, le seuil de l’intolérable avait été clairement atteint. Le prix du poisson avait enregistré des hausses hallucinantes. Et malgré le boycott anti-poisson lancé sur les réseaux sociaux, les prix n’avaient pas vraiment baissé. Pour la sardine, ils étaient restés autour des 30 Dhs/kg. Le merlan et la sole étaient proposés dans les environs de 100 Dhs/kg, et il fallait compter 150 Dhs/kg pour les crevettes. A ces prix, les citoyens attendaient des réponses des autorités. La passivité du Gouvernement El Othmani, qui n’a fait que dénoncer les spéculateurs et autres intermédiaires, avait été une grande déception. Justement, l’échec du Gouvernement était flagrant, étant donné qu’il s’était montré incapable de remettre les pendules de l’heure. Les prix du poisson sont restés trop chers pour nous durant tout le mois sacré. La viande rouge, elle, s’achetait dans les environs de 90 Dhs/kg, un vrai problème pour bon nombre de ménages marocains qui assurent à peine leur quotidien.
Pour cette année, l’Exécutif se veut apparemment intransigeant, travaillant ainsi d’arrache-pied depuis des mois déjà dans le grand espoir de lutter contre la spéculation. L’Intérieur vient d’ordonner la tenue de réunions de coordination intensives aux niveaux régional et provincial, sous la supervision des walis et gouverneurs, pour mobiliser l’ensemble des services concernés et mettre en place des mécanismes de coordination et de suivi nécessaires au niveau local. Sans omettre l’aspect répressif, qui doit être appliqué le cas échéant, l’Intérieur insiste sur l’importance de multiplier les opérations de communication et de sensibilisation. Durant le mois de Ramadan, le numéro de téléphone national 5757 permettra aux consommateurs de prendre contact avec les cellules de permanence mises en place dans les préfectures et provinces, en vue d’accueillir les plaintes et observations relatives à l’approvisionnement des marchés, à la qualité et à la sécurité des produits exposés à la vente, aux prix, aux éventuels cas de fraude et aux pratiques commerciales illicites qui nécessitent l’intervention des services de contrôle.
H.Z.