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Les épargnants ont renforcé leurs économies depuis la Covid-19, du fait de la restriction spontanée de la consommation des biens, services et loisirs, mais aussi par prudence ! En effet, la crise économique qui s’en est suivie s’est accompagnée d’une perte de confiance et d’un comportement teinté de retenue.
Aujourd’hui, la question de la rémunération de cette épargne s’impose de façon pertinente vus les montants concernés, accumulés sur les comptes sur carnets ou livrets, en OPCVM obligataires et actions, assurances vie, etc.
Deux phénomènes déterminent la rentabilité de cette épargne : le comportement boursier, sachant que les marchés actions ont connu des périodes d’euphorie aux États-Unis et en Europe profitant aux épargnants qui y sont investis ; les placements obligataires ont quant à eux, été perturbés par les politiques monétaires des banques centrales en 2023. L’augmentation de leurs taux directeurs pour lutter contre l’inflation, à impacté un moment les rendements obligataires.
Depuis, alors que l’inflation continue à sévir, les banques centrales ont arrêté leur politique monétaire restrictive, permettant aux taux obligataires de repartir à la hausse.
En conséquence, les rendements obligataires se sont beaucoup améliorés tant en Europe qu’aux États-Unis ou au Royaume-Uni, et les actifs obligataires sont ainsi plus rémunérateurs qu’en début d’année.
Dans ce contexte, les gestionnaires d’épargne ont tiré leur épingle du jeu en 2023. Les compagnies d’assurance en particulier, qui pour l’Assurance Vie ont affiché des taux de rémunération dans la fourchette de 2,75% à 3,70% soit plus de 100 points de base par rapport à une moyenne de 2,15% en 2022. Les taux d’intérêt se sont également appréciés, passant de -2,7% à +2,5% sur les marchés de taux face à une inflation moyenne de 4,9 % dans ces pays en 2023.
Le compte sur livret n’est pas en reste ! En France par exemple, il a récolté pas moins de 27 milliards d’euros depuis la crise sanitaire.
Toutefois, les rendements dépendent de la politique de placement des gestionnaires compagnies d’assurance ou fonds de gestion collective. Donc de leur profil de diversification soit la proportion respective d’obligations souveraines, de dettes d’entreprises, d’actions et d’immobilier, qui varient sensiblement non seulement d’un gestionnaire à l’autre, mais aussi, au sein d’une même entité. Ces rendements sont aussi déterminés par la monnaie du pays, sa valeur et sa stabilité.
D’ailleurs, les pays émergents dont les monnaies ont été perturbées à la baisse avec la crise économique et l’inflation, ne réalisent pas les mêmes performances de rendement des actions et obligations que les pays occidentaux.
Au Maroc, le rendement de l’épargne ressort à un bon niveau pour 2023, du fait de la stabilité de sa monnaie, le dirham.
Pour ce qui concerne les compagnies d’assurance, les rémunérations des comptes d’assurances vie ou de retraite complémentaires, ne sont plus régulées par l’Acaps, autorité de tutelle du secteur, avec un taux de rémunération minimum.
Ce dernier est librement fixé au gré des compagnies. Mais, la provision pour participation aux bénéfices sert à ces dernières comme une variable d’ajustement concurrentiel, et compte tenu de son haut niveau, continuera à le permettra sur les prochaines années. L’Autorité du secteur regarde de près cette redistribution progressive à la faveur du maintien d’une rémunération attractive pour les épargnants. Pour 2023, celle-ci s’est située à plus de 3% chez les principales compagnies d’assurance.
Le compte sur carnet a connu une petite appréciation en 2023 par rapport à 2022, de 1,8% à 182 milliards de dirhams.
Quant à sa rémunération, elle a été de 1.15% en moyenne en 2021 et 2022, puis est remonté à 1.51% au premier semestre 2023 et à 2.98% au deuxième semestre de l’année dernière. Pour le premier semestre 2024, elle s’est fixée à 2.73%.
La performance de la grande majorité des OPCVM grand public de la catégorie « obligataires court terme » oscillait entre 3 et 4% en 2023. Alors que celle de la catégorie « Obligataire Moyen Long Terme » a subi tout particulièrement l’impact de la hausse des taux du début de l’année 2023, affichant des performances entre -3% et +1%.
Toutefois, l’engouement pour les OPCVM est certain, comme le montre le tableau ci-dessus des chiffres OPCVM en millions de dirhams et leur évolution entre 2022 et 2023. En effet, on constate que les encours des obligations à court terme ont pratiquement doublé passant de 47 à 85 MMDHS. Idem pour les OPCVM actions et diversifiées qui ont bénéficié de nouvelles souscriptions profitant de la bonne performance boursière de l’année passée de près de 15%. Toutefois, cette catégorie de gestion collective de l’épargne, ne cumule pas moins de 560 milliards de dirhams d’actifs en 2023. C’est dire l’importance de l’épargne au Maroc, qui en tant que formation brute de capital fixe, est censée financé l’investissement…
Afifa Dassouli