La crise sanitaire et le confinement ont eu un impact fort sur l’activité du Transport et Logistique au niveau mondial.
Comment évaluer les conséquences du covid19 sur le secteur de transport et de la logistique au Maroc ? Quel sont les points à améliorer dans la stratégie nationale de la logistique afin de tirer les leçons du contexte actuel ? Comment assurer la continuité de la chaine d’approvisionnement ? Quel plan de relance pour ce secteur ?
Autant de questions qui ont été abordées lors d’un wébinaire organisé par la Chambre de commerce britannique pour le Maroc (BritCham) sous le thème « Transport et Logistique au Maroc: Impact de la pandémie ».
Intervenant à cette occasion, Noureddine Dib, Directeur des Transports Terrestres et de la Logistique au Ministère de l’équipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau a rappelé que ce secteur contribue à hauteur de 6% au PIB, génère 15% des recettes fiscales pour l’Etat, compte plus de 100 000 entreprises et emploi plus de 300 000 personnes.
Selon M. Dib, les entreprises du secteur sont fragiles, et cela date de bien avant la pandémie, compte tenu de leur structure très atomisée, puisque 86% de ces entreprises réalisent un chiffre d’affaires inférieur à 3 millions de dirhams par an. Si la crise sanitaire a affaibli encore plus ce secteur, elle a surtout démontré que ce dernier connait beaucoup d’informel.
« C’est un secteur qui n’est pas très conforme à la réglementation sociale. Beaucoup d’employés ne sont pas déclarés à la CNSS… Il existe une grande différence entre le nombre de salariés déclarés dans le secteur du transport, et le nombre de véhicules mis en circulation et exploités par ces mêmes entreprises-là », a affirmé M. Dib.
En effet, plusieurs employés n’ont pas pu bénéficier des aides instaurées par le gouvernement en faveur des secteurs touchés, parce qu’ils n’étaient pas déclarés par leur employeur. Selon M. Dib, près de 80% du personnels des entreprises de transport ne sont pas déclarés à la CNSS. « Cela fragilise le secteur parce qu’il ne pourra pas bénéficier des subventions et d’aides mises en place par le gouvernement pour sortir de cette crise », a-t-il souligné.
M. Dib a affirmé qu’il est nécessaire de se doter d’un observatoire du transport. « En l’absence d’un observatoire du transport, il n’existe pas d’informations précises ni de chiffres exacts sur la baisse d’activité au niveau du transport de marchandises durant le confinement », s’est-il désolé.
De son côté, Aissam Ech-Chabbi, Directeur de la Stratégie, des Etudes et de l’Information de l’Agence marocaine de développement de la logistique, a affirmé que le secteur de la logistique dépend énormément des autres activités. « Il existe une très forte corrélation entre l’impact de la crise sur les autres activités économiques et sur le secteur de la logistique qui n’est autre qu’un service qui se met au service des autres activités », a-t-il souligné, précisant que la reprise de certaines activités économiques aurait certainement un impact positif sur la reprise du secteur de la logistique.
Pour sa part Hicham Mellakh, Président de la Commission de la Compétitivité Logistique et Énergétique de la CGEM, a énuméré trois leçons essentielles à tirer de cette crise. Il s’agit d’accélérer la digitalisation, réfléchir à diversifier les pistes et être dans le multi-transport, et enfin former les conducteurs à pouvoir s’adapter à différents systèmes de transport.
Il a également insisté sur la question de l’informel et la façon de faire en sorte de convaincre les entreprises de déclarer leur salarié, mais aussi attirer les transporteurs de l’informel vers la formalité à travers une récupération sur TIC (la Taxe Intérieur de Consommation), ou des réductions sur l’autoroute pour le secteur formel. « Des idées qui pourraient inciter les transporteurs de l’informel à nous joindre pour qu’on puisse tous travailler dans les meilleures conditions », a-t-il souligné.
A. Loudni