Les peuples des vingt-huit États membres de l’Union européenne, (28 parce que la Grande-Bretagne n’a pas encore « brexité »), se rendent aux urnes ce dimanche 26 mai 2019 pour le renouvellement de leurs représentants au Parlement européen.
Ces élections s’annoncent cruciales pour l’avenir de la communauté européenne, mais pas seulement pour cet ensemble du Vieux continent qui regroupe plus de 500 millions d’habitants.
Le Maroc, séparé par un mince détroit de quinze kilomètres de large de cette Europe assaillie par des problématiques gravissimes, est directement concerné par ces élections.
Car, sans être partie prenante géographiquement parlant, le Royaume pourrait être conforté dans ses choix ou confronté à de redoutables défis si les résultats de cette consultation devaient faire la part belle à des forces politiques dangereuses pour les peuples européens eux-mêmes et leurs voisins de la rive Sud de la Méditerranée.
Sieg Heil
Chacun sait que l’Union européenne est notre premier client et notre premier fournisseur, mais aussi le premier contributeur d’aides financières à notre pays.
Chacun sait également que sur les cinq millions de citoyens marocains expatriés, la grande majorité réside au sein de l’UE, en France, Espagne, Italie, Belgique, Pays-Bas, principalement.
Enfin, chacun connaît l’importance des transferts de fonds de l’Union européenne vers le Maroc, émanant de nos compatriotes y résidant et qui soutiennent ainsi leurs familles restées au pays.
Hormis ces points d’importance, il faut également prendre en considération les menaces qui pèsent sur les Marocains installés en Europe du fait des graves dérives populistes, néo-fascistes en fait, qui se font jour depuis des mois et années dans plusieurs des États membres.
Car, avec les « promesses » des Marine Le Pen (France), Mattéo Salvini (Italie), Nigel Farrage (Grande-Bretagne), Heinz-Christian Strache (Autriche), Geert Wilders (Pays-Bas), Victor Orban (Hongrie), Jaroslaw Kaczynski (Pologne), le Parti Vox en Espagne, celui de l’Aube dorée en Grèce, etc., ce sont le quotidien, les croyances et coutumes, la religion et la présence même sur le sol européen de millions de personnes d’origine maghrébine et africaine notamment qui sont désormais remis en causes par les nazillons populistes.
Ces forces, qui se focalisent principalement sur les citoyens de confession musulmane, qui cherchent à imposer leurs vues suprématistes, qui font de l’anti-islamisme le fondement de leurs discours haineux, veulent, à la faveur des élections du 26 mai, occuper une place prépondérante au sein du Parlement européen.
En flattant les instincts les plus bas d’électeurs désenchantés par les suites sociales de la crise économique des années 2007-2008, en opposant un nationalisme étroit et obtus à l’idée de communauté des peuples européen et à la construction d’une Europe Unie, ils travaillent à saper les bases de la démocratie, de la liberté, du pluralisme au sein même de ce continent.
Un partenariat stratégique
Aidés par des hommes comme Steve Bannon, représentant de l’extrême-droite américaine et missus dominicus officieux de Donald Trump, soutenus par les services russes aux ordres de Vladimir Poutine, (ex-officier du KGB), leur quête faussement identitaire n’a d’autre but que la destruction d’un édifice européen, certes critiqué et critiquable, mais irremplaçable, afin de laisser le champ libre à l’Amérique et à la Russie.
Que ferait donc le Royaume si, par malheur, au soir du 26 mai, les droites extrêmes d’Europe entraient en force au Parlement de Strasbourg ?
Comment nos concitoyens émigrés vivraient-ils cette funeste situation ?
Quand on sait que le Rassemblement National français est financé par des prêts bancaires russes, ou que le vice-chancelier autrichien et chef du FPÖ Strache a été contraint à la démission après les révélations sur ses contacts à Ibiza avec des agents des services moscovites, ou encore qu’ils bénéficient de l’appui direct du locataire de la Maison Blanche, on mesure le degré d’irresponsabilité et d’opportunisme de ces forces politiques qui se vautrent dans le populisme le plus abject et qui sont prêtes à toutes les alliances contre nature pour parvenir à leurs fins.
Ceux-là pourraient-ils être des partenaires pour le Maroc ? Que feraient-ils des liens multiformes et mutuellement profitables qui régissent les relations avec l’Union européenne depuis 1969 ?
Quel devenir pour nos compatriotes émigrés dans un tel contexte ?
C’est donc avec quelque appréhension que l’on attendra les résultats des élections au Parlement européen, avec l’espoir que les peuples d’Europe sauront faire le bon choix, pour eux-mêmes et pour les autres !
Fahd YATA