La capitale du Qatar, Doha vue de nuit le 7 juin 2017 © AFP/Archives STR
La crise entre le Qatar et d’autres pays arabes est restée pacifique jusqu’ici, mais une guerre totale a éclaté dans les médias et sur les réseaux sociaux de la région.
Avant même que l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte rompent leurs relations le 5 juin avec le Qatar en l’accusant de « soutenir le terrorisme », les grands médias de ces pays étaient passés à l’offensive pour critiquer et isoler leur richissime petit voisin.
L’accès à la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera a été bloqué dans ces pays, qui dénoncent son orientation « islamiste », et les autorités saoudiennes et émiraties ont même pris des mesures contre beIn Sports.
Dans les heures ayant suivi le début de la crise, des messages, parfois virulents, ont explosé sur Twitter, Facebook et Snapchat.
Le hashtag en arabe #rompreavecleQatar s’est retrouvé en tête des tendances mondiales sur Twitter, un indicateur du haut niveau d’utilisation des réseaux sociaux dans le Golfe.
Aux Emirats, un hashtag en arabe affirmant que ce pays allait ravir au Qatar l’organisation de la Coupe du Monde de football 2022 a atteint un fort degré de notoriété et d’amusement, bien au-delà de la région.
« Vous rêvez », a-t-on répondu au Qatar.
Un autre message populaire -« le Qatar finance le terrorisme »- a résonné en écho à la principale raison avancée par l’Arabie, les Emirats et leurs alliés pour rompre avec Doha.
« Qu’attendez-vous d’un mini-Etat qui a une histoire de coups et de trahison? », a demandé un utilisateur en colère aux Emirats.
En Arabie saoudite, un autre utilisateur de Twitter a lancé: « Le Qatar, vous nous avez dérangé avec trois rues et deux restaurants. Même le quartier d’Al Suweidi est plus grand que le Qatar qui deviendra une ville saoudienne. C’est juste une question de semaines ».
– ‘Tamim, la gloire’ –
Au Qatar, le message « Dieu, préserve le Qatar » a eu un franc succès, ainsi que « I love Qatar » parmi la population anglophone de l’émirat.
A Abou Dhabi, capitale des Emirats arabes unis, une enquête en ligne a été supprimée après que 65% des personnes sondées ont répondu qu’il n’était pas approprié de rompre les liens avec le Qatar.
Et des utilisateurs de Twitter ont tourné en dérision des propos de Jamil al-Ziabi, rédacteur-en-chef d’un journal saoudien, qui s’est inquiété du recours par les Qataris à de la nourriture envoyée par l’Iran et la Turquie après la fermeture de la frontière par l’Arabie.
« Je suis vraiment inquiet parce que je ne pense pas que des estomacs qataris puissent s’habituer si vite à de tels produits », a-t-il affirmé.
Un hashtag #estomacqatari est vite devenu « tendance » en arabe.
A Doha, le slogan le plus fort lancé jusqu’ici a été « Tamim, la gloire », du nom de l’émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, accompagné d’un dessin de profil du jeune leader. On le voit partout à Doha depuis une semaine, sur des voitures, sur des T-shirts.
Un autre slogan « Nous sommes tous Tamim » est apparu sur de grands panneaux d’affichage dans la capitale du Qatar et il a été aperçu jusqu’au Kerala en Inde. De nombreux Indiens travaillent au Qatar.
Preuve que la crise s’est jouée pour une bonne partie en ligne et dans les médias: dès le 24 mai, soit dix jours avant la rupture des relations diplomatiques par l’Arabie et ses alliés, le Qatar a annoncé que son agence de presse avait été « piratée par une entité inconnue » et que de « fausses » déclarations avaient été attribuées à son émir.
Parmi les sujets cités figuraient l’Iran, le Hezbollah, le Hamas et les Frères musulmans, des propos que des médias du Golfe ont continué de relayer malgré les démentis de Doha.
LNT avec Afp