Le Maroc affiche un taux d’emploi parmi les plus faibles au monde. Ce taux est passé à 42,8% en 2015 contre 45,8% en 2008, avec une population active de 10 679 000 en 2015. L’analyse des chiffres du HCP dénote d’une faiblesse au niveau de la création d’emploi. L’agriculture et les services continuent d’être les premiers secteurs pourvoyeurs d’emploi, avec 39,4% pour le premier et 40,2% pour le second. En revanche, le secteur industriel s’est limité à la création de 1000 emplois.
Autre indicateur important, le nombre de CDD a augmenté de 3,8% chez les salariés, au moment où 63% de la population active ne dispose pas de contrat de travail. Ce qui la prédispose à la précarité. Et les choses ne sont pas sur le point de s’arranger. La décision de recruter 11 000 cadres dans l’Education nationale sous CDD en dit long.
Par ailleurs, au sein de cette population active, près de 68,2% des personnes ne sont pas diplômées. Dans la catégorie des salariés, seuls 41,1% ont une couverture médicale. On note également une inégalité avec un taux d’emploi des femmes 22,6% contre 65% pour les hommes, ce qui a pour effet de renforcer la précarité des catégories vulnérables.
Une précarité qui risque de s’amplifier, selon le mouvement démocratique Anfass : « Officiellement, 10% des Marocains actifs sont en recherche d’emploi, « chômeurs ». Officieusement, plusieurs millions de Marocains ont des emplois extrêmement précaires (gardiens de voitures, stages non rémunérés, vendeurs ambulants, employés de maisons…). »
Vulnérabilité
En effet, il existe un réel malaise lié à la faible employabilité, notamment dans les rang des jeunes et des populations vulnérables (femmes, plus de 50 ans, handicapés…). L’emploi est synonyme de dignité. Et vice versa. Qui dit chômage, dit pas de couverture sociale, pas d’accès à la santé, pas d’accès aux soins, pas de loisirs… le citoyen devient ainsi un fardeau pour la société, alors qu’il est sensé participer à la croissance économique. Tous les économistes s’accordent à dire qu’il n’y pas de croissance sans création d’emploi. De ce fait, les politiques publiques doivent multiplier les efforts pour trouver de nouvelles solutions à même de stimuler la dynamique d’emploi et résorber les taux de chômage. Car pour l’heure, l’économie marocaine a du mal à créer des emplois. «La contractualisation avec le secteur privé sur des objectifs en la matière constitue un véritable levier. Sinon, ce qui n’est pas possible à réaliser par le secteur privé revient à la charge l’Etat, qui doit trouver des solutions à financer par l’impôt», dit-on à Anfass. Selon le mouvement, «certains secteurs vivaient toujours sous perfusion des subventions publiques, du protectionnisme et des allégements fiscaux, sans pour autant créer suffisamment d’emplois.»
La croissance économique est liée au développement de l’industrie du pays. Or, le secteur peine à sortir de l’auberge. De nombreux industriels (meurtris par la rude concurrence des produits chinois, turques, égyptiens…) étaient contraints de mettre la clef sous le paillasson. C’est donc à ce niveau que les politiques doivent faire des efforts, pour contribuer à la relance du secteur, au lieu de continuer à investir dans les secteurs qui n’ont pas une réelle valeur ajoutée. L’immobilier en est une parfaite illustration.
A partir de là, il devient évident que l’Etat doit mettre en place des mesures d’encouragements de l’industrie manufacturière, formelle, qui recrute, forme et produit de la richesse. Autrement, le Maroc aura du mal à atteindre les OMD (Objectifs du millénaire pour le développement), en phase avec le développement humain et la lutte contre la pauvreté et la précarité.