Il fallait s’y attendre, la sortie progressive de la pandémie sanitaire s’accompagne d’un retour des problématiques sociales et économiques avec force.
Les efforts consentis par le Maroc avec succès pour confiner la pandémie ont généré une grande adhésion de la part de la population marocaine, témoignant de la prégnance de la santé sur toute autre considération pendant un temps.
Mais, personne n’est dupe, la situation économique du Maroc de 2019 était déjà marquée par des problématiques qui n’ont pas été résorbées, pire qui se sont dégradées. Le pouvoir d’achat des Marocains a subi un double coup porté d’une part par une inactivité multisectorielle inédite, et d’autre part par l’inflation mondiale conséquente à la pandémie qui génère une augmentation de quasiment tous les prix.
Certes, le soleil n’est pas marocain, mais il n’empêche que c’est ici qu’il fait chaud. Les Marocains n’ont cure de savoir si leur baisse conséquente de pouvoir d’achat est liée directement ou indirectement aux prix à l’international et franchement, on comprend facilement pourquoi. D’autant que pour l’écrasante majorité de nos concitoyens, il ne s’agit pas de manquer de budget pour aller au cinéma ou diner en ville, mais bel et bien de se nourrir, de se loger et de se déplacer pour travailler au quotidien.
L’urgence sociale est d’autant plus inquiétante parce qu’elle est concomitante cette année avec une conjoncture pluviométrique de stress hydrique majeure. La faute à pas de chance certainement, mais les faits sont là, la gronde sociale enfle et elle commence déjà à raviver les logorrhées populistes de nos politiciens à l’image du père fouettard Benkirane, qui faisant fi de son implication en première ligne aux commandes pendant une décennie, fait le buzz et donne des leçons à tout va.
Du côté du Gouvernement, un peu de pression et de stress ne feront certainement pas de mal. Pour une équipe gouvernementale qui se veut dans l’action, après plusieurs mois d’installation, de reprise des dossiers, de consultations, de réunions et d’annonces, il est grand temps que les promesses produisent des effets concrets. Parce qu’il n’est pas anormal que le Chef du Gouvernement et son équipe soient de plus en plus attendus au tournant. Il faut rompre avec cette dichotomie réductrice qui crée deux camps entre les béni-oui-oui et les opposants, critiquer l’action du gouvernement c’est lui permettre de la justifier ou de la corriger.
De fait, quelques éléments semblent converger vers un scenario d’apaisement des tensions économiques sur les ménages marocains et sur la reprise économique. D’abord, les secteurs sinistrés comme le Tourisme vont enfin commencer à recevoir les aides qui leurs ont été promises et l’ouverture des frontières va permettre aussi à tout un tissu économique de reprendre vie petit à petit ; sous Hautes Instructions du Roi Mohammed VI, le programme visant à atténuer les effets du déficit pluviométrique a d’ores et déjà un plan d’action opérationnel et une contribution de 3 milliards de dirhams du Fonds Hassan II sur les 10 alloués ; et le dialogue social avec comme trame de fond le système de retraites va être enfin remis sur la table des négociations.
En réalité, l’agenda politico-économique a au moins le mérite de reprendre de la consistance et il y a fort à parier également qu’une reprise économique mondiale post-pandémie vienne alléger les contraintes du Maroc avec une résorption de l’inflation des matières premières et des prix des importations.
Une période de grâce qu’espèrent certainement nos gouvernants autant que la pluie.
Zouhair Yata