Dans sa récente lettre solennelle, adressée au Chef du Gouvernement Aziz Akhannouch, le PPS n’a pas fait dans la dentelle. En effet, dans sa plaidoirie, le PPS attire l’attention du Gouvernement sur la nécessité d’abandonner complètement la rhétorique de la justification de la situation par les fluctuations internationales, les conditions climatiques et l’argument fallacieux de l’héritage des gouvernements précédents au sein desquels le RNI a été une composante essentielle, en assumant les portefeuilles des plus importants secteurs financiers, économiques et productifs : « L’année et demie de vie de votre gouvernement sans prendre de mesures fortes et efficaces pour préserver le pouvoir d’achat des citoyennes et des citoyens et faire face aux difficultés conjoncturelles constitue la principale cause des dures souffrances que vivent les Marocains aujourd’hui avec la hausse historique et sans précédent depuis des décennies des prix », dit-on auprès du BP du PPS pour qui le Gouvernement Akhannouch a, à ce jour, échoué à mettre en œuvre la plupart de ses engagements formulés dans la déclaration gouvernementale, notamment : le revenu de dignité, l’augmentation des salaires du personnel éducatif, l’élargissement de la classe moyenne, la réalisation d’un taux de croissance de 4%, la création de 200.000 postes d’emplois permanents par an, la mise en œuvre de la réforme fiscale, la sortie d’un million de familles de la situation de pauvreté, et de nombreux autres engagements…
Aussi, les amis de Benabdallah exhortent le Gouvernement à agir d’urgence et de manière efficace, en annonçant un plan précis et global, qui devrait permettre de contrer sérieusement la dégradation continue des conditions sociales et économiques, mise en exergue par les inquiétants indicateurs et données officiels, notamment la hausse de l’Indice des Prix à la Consommation de 10,1% au cours du mois de février 2023, en raison principalement de l’augmentation des prix des produits alimentaires de 20,1%, les prévisions d’inflation atteignant 5,5 % cette année après s´être élevée à 6,6% l’an dernier, la perte par l’économie nationale d’environ 24.000 postes d’emplois, la faillite d’environ 12.400 entreprises au cours de l’année 2022, la baisse des prévisions relatives au taux de croissance pour l’année 2023 à 2,6 % et le franchissement par des millions de Marocains du seuil de pauvreté et de précarité, non seulement du fait des répercussions de la pandémie de la Covid, mais aussi du fait de la cherté de la vie.
Le PPS invite aussi l’Exécutif à la réévaluation immédiate des subventions accordées aux transporteurs qui n’ont pas eu d’impact positif tangible ; le soutien au pouvoir d’achat des Marocains, à travers l’utilisation sociale optimale des importants revenus additionnels et exceptionnels provenant de la hausse des ressources fiscales, l’octroi d’une aide directe aux familles pauvres, la mise en œuvre du revenu de dignité pour les personnes âgées et l’augmentation des revenus des salariés modestes et des retraités ; l’utilisation des mécanismes douaniers et fiscaux (TVA et TIC) tant au niveau de la production que de la consommation, afin de faire baisser les prix ; la maîtrise du marché des carburants en l’épurant des conflits d’intérêts et de toutes pratiques et collusions contraires à la transparence et à la probité en intervenant afin d’assurer une baisse des prix des carburants à la consommation qui soit effectivement proportionnelle à la baisse des prix du pétrole sur le marché international, avec une imposition appropriée sur les profits exorbitants engrangés par les sociétés de distribution des carburants et en trouvant une solution pratique et constructive pour la remise en marche de la SAMIR …
Dans sa réponse, le RNI a bien voulu démontrer dans un premier lieu que la démarche de Benabdallah se veut étrange vis-à-vis des traditions démocratiques, et que sa lettre comprend une série de contre-vérités et des interprétations et conclusions superficielles et irresponsables. Pour le RNI, le PPS a fait preuve d’une démarche loin d’être sérieuse, vidant ainsi l’opposition responsable de son contenu en préférant surfer sur des vagues superficielles : « Notre action au quotidien au sein du Gouvernement est de répondre aux engagements contenus dans le programme gouvernemental, qui est considérer comme le contrat qui lie le Gouvernement aux citoyens marocains… Notre projet de l’Etat Social, les chantiers de protection sociale, les projets de réforme de la Santé, de l’Education, les investissements pour créer des emplois sont les priorités des Marocains et les électeurs qui nous ont fait confiance parce qu’ils sont convaincus de nos programmes ». Pour le RNI, ce serait une injustice flagrante de nier ce que le gouvernement a réalisé au cours de l’année et demie qui s’est écoulée depuis son investiture : « Ce que certains essaient peut-être d’oublier ou d’occulter, c’est que ce gouvernement a prouvé, par les mesures qu’il a prises, qu’il est plus « social » que d’autres, et qu’il incarne à juste titre la référence social-démocrate adoptée par le Rassemblement national de Indépendants comme doctrine et méthodologie, puisque le gouvernement a alloué des budgets colossaux pour soutenir le Pouvoir d’achat, et n’a cessé d’institutionnaliser le dialogue social et de régler des dossiers sociaux bloqués depuis des années… » Et le RNI de rappeler au PPS que le taux d’inflation aurait atteint 11% dans notre pays si le Gouvernement n’avait pas pris certaines décisions, en allouant 60 MMDH en crédits exceptionnels en 2022, pour subventionner les matières premières, le prix de l’électricité, les prix des transports, et le paiement de la dette de taxe sur la valeur ajoutée des petites et moyennes entreprises. Dans tous les cas et comme on le voit, le parti d’Akhannouch est dans une posture inconfortable, mais il continue de rassurer, d’assurer, tout en essayant de barrer la route à ceux qui cherchent à instrumentaliser les difficultés socioéconomiques de l’heure pour régler ses comptes ! Une bataille de taille en attendant l’essentiel : le retour du marché à la raison.
H. Zaatit