La Journée internationale de l’arganier, célébrée le 10 mai de chaque année, est l’occasion de revenir sur l’importance capitale de cet arbre endémique aux multiples vertus et d’alerter sur les menaces qui le guettent. L’UNESCO et la FAO reconnaissent la valeur inestimable de l’écosystème créé autour de l’arganier et contribuent à sa préservation et sa valorisation.
En 2021, l’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé le 10 mai comme Journée internationale de l’arganier. Cette reconnaissance mondiale de la dimension économique, sociale et environnementale de de tout l’écosystème de l’arganier a été précédée en 2014 par le classement par l’UNESCO des pratiques et savoir-faire autour de l’Arganier au patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Bien avant, le Programme sur l’Homme et la Biosphère (MAB) de l’UNESCO a octroyé en 1998 à la zone de l’arganier le label de Réserve de biosphère. Le Maroc en compte trois autres : les Oasis du Sud Marocain, le Cèdre de l’Atlas et la réserve de biosphère intercontinentale de la Méditerranée.
De même, la FAO a accordé en 2018 au système mis en place dans la zone d’Ait Souab-Ait Mansour la désignation de SIPAM (Système ingénieux du patrimoine agricole mondial), afin de souligner combien les pratiques agricoles singulières et résilientes des communautés de la région constituent un élément précieux, qui a permis de préserver un paysage et une biodiversité hors du commun. L’arganier fait ainsi partie des 86 sites innovants reconnus par le programme SIPAM.
Par ce label, la FAO reconnait un système «agro‑sylvo-pastoral» combinant la culture des terres (agriculture), l’exploitation des arbres (sylviculture) et l’élevage de chèvres (pastoralisme). Centré sur l’arganier, il jouit d’une riche diversité naturelle, culturelle et paysagère.
En plus de son rôle socio-économique se matérialisant par les multiples usages des produits et sous-produits alimentaires, cosmétiques et médicinaux, l’arganier joue un rôle environnemental primordial contre la désertification.
Toutefois, l’aire de cet arbre emblématique est sérieusement menacée par la conjugaison de différents facteurs : la prolifération de cultures intensives consommatrices d’eau dans la zone, la surexploitation des ressources fourragères et forestières entrainant la dégradation des sols, l’urbanisation non contrôlée et le changement climatique dont les effets sont manifestes au-delà de la zone de l’arganier.
Ce ne sont là que quelques défis interpellant les parties prenantes à mutualiser leurs efforts pour préserver l’arganier et lui permettre de jouer pleinement et durablement son rôle primordial dans le développement socioéconomique des zones qu’il couvre.
Il est donc important d’adopter des politiques adéquates conciliant les soucis environnementaux, socioculturels et économiques. Elles doivent intégrer également la recherche scientifique pour le volet de l’amélioration génétique de l’arganier et la maximisation de sa valeur ajoutée par le biais de processus industriels novateurs.
En 2015, le Bureau de l’UNESCO pour le Maghreb et l’Agence Nationale de Développement des Zones Oasiennes et de l’Arganier (ANDZOA) ont signé un accord de partenariat qui a permis d’expérimenter des approches interdisciplinaires, conciliant la conservation de la biodiversité et des savoirs ancestraux.
Dans ce cadre, des zones prioritaires pour développer l’arganiculture et lutter contre la pauvreté ont été identifiées. Les capacités des acteurs de l’arganier ont été renforcées pour le développement et la modernisation de l’arganiculture, et ce à travers des ateliers de formation, des guides et des manuels de bonnes pratiques.
Cette collaboration entre l’UNESCO et l’ANDZOA a permis également la mise en place d’un Centre National de l’Arganier (CNA) et le développement d’un programme fédérateur de recherche & innovation sur l’arganier. Sur le registre de la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, les acteurs locaux ont bénéficié d’un programme de renforcement de leurs capacités pour réaliser des inventaires du patrimoine culturel immatériel dans la région.
Selon l’UNESCO et la FAO, c’est donc une approche holistique et inclusive qu’il faut mettre en place, combinant les sciences naturelles et sociales, l’économie et l’éducation pour améliorer les moyens de subsistance humains, tout en préservant l’écosystème naturel de l’arganier. L’objectif ultime est d’améliorer les relations entre les individus et leur environnement et d’asseoir les bases d’un développement durable profitable aussi bien à l’homme qu’à la nature.
Eric Falt, Directeur du Bureau de l’UNESCO pour le Maghreb & Jean Senahoun, Représentant de la FAO au Maroc