Le feuilleton qui durait depuis le début de l’été dernier a pris fin avec l’élection au poste de Secrétaire général du Parti de l’Authenticité et de la Modernité, PAM, de M. Hakim Benchemas, en lieu et place de M. Ilyass El Omari.
Le PAM, cette formation qui, paraît-il, assure aujourd’hui l’essentiel de l’opposition parlementaire face à la majorité gouvernementale, mais surtout face au PJD, dispose donc désormais d’un véritable chef, à défaut d’avoir un leader charismatique et plébiscité par ses troupes.
L’élection de M. Benchemas, par ailleurs, président de la Chambre des Conseillers, n’a pas vraiment tenu en haleine l’opinion publique, tant il est vrai que le PAM, pourtant seconde formation par le nombre de parlementaires, a disparu depuis longtemps des radars, tout comme de l’actualité et encore plus de l’esprit de la très grande majorité des citoyens.
Car, en vérité, l’histoire du PAM, qui devrait fêter ses dix années d’existence le 10 août prochain, est celle d’un immense fiasco, celui de la création, « ex nihilo », d’un parti qui avait pour ambition de devenir la première force politique nationale.
Certes, en dix années d’existence, le Tracteur, très mal nommé parce qu’il laisse tout en friche derrière lui, a pu s’offrir le luxe de quatre secrétaires généraux successifs, MM. Al Himma, Bakkoury, El Omari, Benchemas.
Il s’est également adjoint une pléthore de parlementaires qui, comme chacun sait, représentent un phénomène très accompli de transhumance, une pratique également connue pour le bétail…
Il a, en outre, tenté de matérialiser l’alternative au PJD triomphant, mais sans le succès espéré par ses géniteurs, échouant par deux fois, à l’occasion d’élections législatives successives, à occuper la première place sur l’échiquier politique.
Tous ces avatars n’ont apparemment pas servi à édifier ceux qui croient encore que le PAM peut constituer un instrument politique utile et efficace dans la concrétisation des desseins et objectifs qui lui avaient été assignés.
Pire, on veut encore croire que la seule éviction de M. Ilyass El Omari, qui ne laisse personne insensible, qu’il s’agisse d’adversaires ou de thuriféraires, suffirait à redorer le blason de cette formation qui n’a pour toute existence réelle que la présence de ses chefs (et cheffes) et de ses élus…
Mais, rien n’indique pourtant que le PAM est en mesure de réussir son aggiornamento, comme cela a été le cas, probant à plus d’un titre, pour le Rassemblement National des Indépendants, passé sous la férule de M. Aziz Akhannouch.
Car, outre le manque de charisme et de profondeur politique de trois au moins des quatre secrétaires généraux qui prirent la direction du PAM, se pose la problématique de la consistance d’une formation qui n’a pas vraiment d’attractivité pour les électeurs-citoyens.
La question ne réside pas, en effet, dans la capacité de présenter un programme, politique ou électoral, ni de séduire des candidats à la recherche d’une étiquette susceptible de générer des avantages, des honneurs, des rentes ou des espèces sonnantes et trébuchantes.
Ce modus operandi a plusieurs fois été utilisé dans le passé du Maroc moderne, sans trop de résultats et entreprendre une recomposition de l’échiquier politique exige beaucoup plus que la bénédiction du Pouvoir, des fonds pour générer le clientélisme et la mise en avant de supposés challengers d’adversaires aux qualités reconnues de bateleurs populistes.
Nul doute pourtant que la prise de responsabilité de M. Benchemas à la tête du PAM procède de la même ambition que celle qui a présidé à la création de ce parti.
Mais pourquoi réussirait-il là où ses prédécesseurs ont échoué ?
Si l’on pense que des scenarii destinés à modeler le paysage politique sont régulièrement étudiés puis implémentés dans la perspective d’échéances électorales futures, l’hypothèse ou la carte PAM sont peut-être à jeter irrémédiablement aux oubliettes.
La création d’un pôle de centre-gauche moderniste est, certes, toujours d’actualité, mais cela ne devrait pas se faire avec des acteurs qui ont clairement montré leurs limites et leur incapacité à s’ériger en alternative crédible.
Car rien ne sert à rafistoler les étages supérieurs quand les fondations ne sont pas solides !
Si des stratèges entreprennent déjà de penser à 2021, il leur faudrait peut-être procéder à une remise en cause radicale de leurs objectifs et des moyens qu’ils leur assigneront…
Mais, penser que l’option PAM est toujours valable n’est sans doute pas la meilleure…
Fahd YATA