Crédits photo : Ahmed Boussarhane/LNT
Dans l’objectif de mieux cerner les actions du Maroc dans son combat contre le Coronavirus, une panoplie d’analystes de la communauté du Policy Center for the New South (PCNS) partage les principales conclusions à retenir, dans un rapport intitulée »La stratégie du Maroc face au Covid-19″. Cette crise a montré la nécessité de préparer un plan de riposte aux catastrophes naturelles et pandémies et de mener des campagnes de sensibilisation auprès des citoyens. Idem pour la généralisation de la culture du numérique à travers les différentes couches de la société marocaine.
Face à la pandémie du nouveau coronavirus, un plan d’action a été établi autour de trois axes : santé, économie et ordre social. Dans chacun de ces champs, le concours des institutions publiques, du secteur privé et des membres de la société civile a permis jusque-là de limiter les dégâts et d’avoir un certain contrôle sur la pandémie, relèvent les auteurs de l’article.
Ainsi, au niveau de la réponse sanitaire le Maroc a lancé des actions très rapidement pour minimiser la portée de la chaîne de contamination de l’épidémie : des « Postes de Commandement Coronavirus » ont été mis en place aux échelles territoriales appropriées pour assurer la veille et la coordination avec les services sanitaires de l’identification et de la localisation de l’épidémie, fait savoir la publication.
Le verrouillage des frontières, l’interdiction des rassemblements, la fermeture des écoles, puis des mesures drastiques incitant à un confinement volontaire puis obligatoire sont un ensemble d’actions venus renforcer cette initiative, rappelle la même source.
Dans la foulée, le pays a œuvré à augmenter et à réaménager ses capacités hospitalières et à améliorer les conditions d’accueil des patients dans différentes villes du Maroc, plus particulièrement les villes à forte densité humaine les plus exposées au risque.
Des hôpitaux militaires de campagne ont donc été déployés dans des villes ou à leurs périphéries pour renforcer le dispositif sanitaire civil en lits et équipements en soins intensifs, explique la publication, ajoutant que des lots d’équipements médicaux et sanitaires ont été importés avec célérité et, progressivement déployés dans les établissements sanitaires et des stocks de médicaments ont été constitués plus particulièrement la chloroquine produite par un groupe pharmaceutique installé au Maroc.
Par ailleurs, des entreprises marocaines, spécialisées dans la fabrication de matériel médical, (respirateurs, moyens matériels des hôpitaux) ont été aussi sollicitées par des procédures accélérées, alors que des entreprises industrielles ont pu réadapter leur outil de production pour produire des respirateurs et sécuriser la production de masques.
La prise en charge des patients, l’implication solidaire des acteurs de la société civile et une politique de communication adaptée sont autant d’éléments qui ont permis au Maroc, du point de vue sanitaire, de limiter l’impact de la pandémie, estiment les contributeurs à cette publication.
Sur le volet économique, le Maroc a organisé sa riposte à travers la création, à l’initiative du Roi Mohammed VI, d’un fonds spécial doté de 10 milliards de dirham pour contrecarrer les effets négatifs liés à la pandémie du coronavirus. À la date du 9 avril, près de 34 milliards de dirhams de dons d’entités publiques et privées ainsi que d’initiatives personnelles des citoyens ont été cumulés.
La dotation du fonds a pour objectif d’augmenter les capacités du système santé et prendre en charge les dépenses de santé qu’engendre la pandémie, relève la publication, notant qu’elle permettra également de soutenir l’économie face à la récession qui s’annonce, le fonds servira également à la sauvegarde des emplois et le lissage de l’impact social de la crise à travers des transferts ciblés.
Les pouvoirs publics ont également appelé toutes les administrations et les entreprises et établissement publics à un rationnement des dépenses, exception faite des secteurs de la santé, de l’éducation et de la sûreté nationale.
L’impact de la pandémie a été tel qu’un tiers des salariés affiliés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) ont été déclarés en arrêt d’activité. Or, en perdant leur emploi, les ménages du secteur formel perdent également leur principale source de revenus et rationnent leur demande en biens et services, signale le document, précisant que pour répondre à cette situation, les autorités ont puisé dans les ressources du Fonds Covid-19 pour indemniser les ménages du secteur formel, faisant face à des difficultés.
Cette mesure a un double objectif, d’une part soutenir les ménages les plus précaires en conservant une partie de leur pouvoir d’achat et donc de leur demande et d’autre part, indirectement, maintenir la production de certains secteurs clés.
Toujours dans le dessein d’assurer la continuité de la production et sauvegarder les emplois, la CNSS a acté un report du paiement des cotisations sociales employeurs pour les mois de mars au mois de juin sans pénalité, sous l’égide du Groupement Professionnel des Banques du Maroc et de Bank Al Maghrib, un moratoire sur les crédits bancaires a été mis en place jusqu’au 30 juin 2020, sans pénalités, la caisse centrale de garantie (CCG) a mis en place le produit « Damane Oxygène » à destination des TPME et enfin, des mesures d’incitation fiscales en faveur des entreprises ont également été mises en place.
Le troisième axe de l’action du Royaume avait pour objectif de préserver l’ordre social. Ainsi, l’Etat a mis en place une aide financière pour soutenir les différentes catégories de personnes dont le pouvoir d’achat et les conditions de vie ont été impactés par les mesures de l’état d’urgence sanitaire, en s’appuyant sur le registre de la sécurité sociale et la base de données du régime d’Assistance Médicale aux économiquement démunis (RAMED).
S’agissant des travailleurs de l’informel qui ne remplissent pas les conditions d’éligibilité pour le RAMED et dans le but de répondre rapidement aux demandes de cette catégorie de ménages, l’administration a eu recours à une méthode déclarative.
Une plateforme réservée à la déclaration des ménages impactés par la crise et qui ne sont pas affiliés au RAMED a ainsi vu le jour. La procédure de déclaration a été informatisée et un effort a été déployé pour la simplifier et la rendre accessible à une population analphabète ou illettrée.
Parallèlement, un mécanisme a été mis en place via les autorités locales, pour vérifier les déclarations et l’éligibilité des demandeurs pour bénéficier des aides, ajoute le document, notant qu’à ce jour, 2,3 millions de ménages ont bénéficié des aides financières.
Même s’il est prématuré de faire un bilan et de tirer des leçons, la gestion par le Maroc de la crise Covid 19 a révélé des atouts indéniables de l’Etat et de la société quant à leur aptitude à relever des défis pareils, estime la publication, soulignant que cette crise a également permis d’identifier des carences à combler.
HZ avec Policy Center