Enterrement d'une victime du Covid, le 17 novembre 2020 à New Delhi © AFP Sajjad HUSSAIN
Le nombre de cas de coronavirus a dépassé la barre des neuf millions en Inde, deuxième pays le plus touché au monde après les Etats-Unis, ont annoncé vendredi les autorités sanitaires indiennes.
Le coronavirus a infecté plus de 9.004.000 personnes en Inde et fait 132.162 morts, selon les chiffres officiels indiens. De nombreux experts pensent cependant que les chiffres réels sont beaucoup plus élevés, en raison de sous-déclarations et d’un nombre relativement faible de tests.
Le pays officiellement le plus touché par la pandémie demeure les Etats-Unis qui dénombrent 11,6 millions de cas et plus de 250.000 décès.
Deuxième pays le plus peuplé au monde avec 1,3 milliard d’habitants, l’Inde a vu son nombre de nouvelles contaminations baisser ces dernières semaines, mais elle enregistre toujours 45.000 nouveaux cas par jour en moyenne.
New Delhi, qui doit aussi faire face en ce moment à l’étouffante pollution hivernale de l’air, dénombre plus d’un demi-million de cas et la progression de la maladie s’accélère dans cette mégapole de plus de 20 millions d’habitants.
Jeudi, les autorités locales de la capitale ont décidé de quadrupler l’amende infligée à ceux qui ne portent pas le masque.
L’Inde a imposé en mars un confinement très strict. Mais les restrictions ont été graduellement levées par un gouvernement ayant à coeur de relancer la machine économique, alors que des millions d’emplois ont été supprimés depuis le début de la crise.
Les experts expliquent que cela a contribué à favoriser la progression de l’épidémie, comme les réticences à porter le masque et le non-respect des règles de distanciation sociale.
Des restrictions commencent toutefois à être réintroduites par endroits.
– Couvre-feu à Ahmedabad –
Les autorités d’Ahmedabad (Ouest), principale ville de l’Etat du Gujarat avec plus de 5,5 millions d’habitants, ont décidé jeudi soir d’imposer à partir de vendredi un couvre-feu nocturne pour une durée indéfinie, doublé ce week-end d’un confinement total, sauf pour les magasins alimentaires et les pharmacies, de vendredi soir à lundi matin.
« Pendant cette période, seuls les magasins vendant du lait et des médicaments seront autorisés à rester ouverts », a expliqué un responsable local, Rajiv Kumar Gupta.
Pour Anand Krishnan, professeur spécialiste de santé publique à l’All India Institute of Medical Sciences (AIIMS) de Delhi, « la hausse du nombre de cas suscite l’inquiétude, en premier lieu parce qu’elle est provoquée par des gens qui ne suivent pas les protocoles de base pour l’attitude à adopter envers le coronavirus ».
Hemant Shewade, expert en santé publique à Bangalore, pense vraisemblable que les chiffres officiels ne tiennent pas compte des cas de coronavirus hors des grandes villes. « A mon avis, il se répand doucement et silencieusement dans les zones rurales », dit-il à l’AFP.
A New Delhi,l’inquiétude grandit alors que plus de 90% des lits en soins intensifs équipés de ventilateurs étaient occupés jeudi, selon une application mobile gouvernementale.
Des familles en détresse lançaient des appels sur les réseaux sociaux, interpellant le ministre en chef de Delhi Arvind Kejriwal pour trouver des lits.
Sous pression, M. Kejriwal a annoncé jeudi 1.400 lits supplémentaires en soins intensifs.
La capitale paie le prix des foules durant la saison festive, notamment sur les marchés avant la grande fête hindoue de Diwali samedi dernier, observe Jeevendra Srivastava, un publicitaire âgé de 47 ans.
« C’est choquant de voir des gens continuer à ne pas prendre ce virus mortel au sérieux », dit-il. « Les gens continuent d’aller sans masque dans des endroits bondés. C’est à cause de cette attitude irresponsable qu’à présent une maison sur deux a un cas de virus ».
LNT avec Afp