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PLF 2026 : l’État social se chiffre en milliards

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Le projet de la Loi de Finances 2026 se base sur une économie nationale en croissance de 4,8%, soutenue par la vigueur des activités non agricoles, désormais établies en tant que piliers structurels de l’expansion économique nationale. Pour la troisième année consécutive, ce taux est passé de de 3,5% en 2022 à 3,9% en 2023 et 4,8% en 2024, continuant sa progression en 2025 à 4,8% atteinte en octobre. Il s’agit d’un tournant pour l’économie marocaine compte tenu des difficultés climatiques structurelles que connait le secteur agricole.

 

Des indicateurs conjoncturels dans le vert

Par ailleurs, les autres indicateurs conjoncturels annoncés par le PLF 26, sont dans le vert, comme les recettes voyages à 87,6 milliards de dirhams à fin août 2025, contre 76,6 milliards de dirhams en 2024 ; les Investissements Directs Étrangers à 39,3 milliards de dirhams au terme des huit premiers mois de de 2025, en progression de 43,4% ; ou encore les Avoirs Officiels de Réserve de change à 421,4 milliards de dirhams, en octobre 2025, en progression de 14,8% par rapport à 2024.

Ces performances économiques encourageantes sont accompagnées d’un redressement du déficit budgétaire, passé de 5,5% du PIB au titre de l’année 2021 à 3,8% en 2024, avant de s’établir à 3,5% en 2025, ainsi que d’une baisse du ratio d’endettement qui devrait passer de 67,7% du PIB en 2024 à 67,4% en 2025.

La présentation de la LF 26, affirme que cette consolidation continue de la discipline budgétaire est soutenue notamment par la dynamique favorable des recettes fiscales ayant affiché une progression de 34 milliards de dirhams à fin septembre de l’année en cours par rapport à la même période de l’année 2024, pour atteindre 258,1 milliards de dirhams, parallèlement à une bonne maîtrise des dépenses.

C’est dans ce contexte de solidité économique que parmi les quatre axes de la loi de finances s’inscrit le renforcement de la politique sociale en bonne place à travers le lancement d’un programme de développement territorial intégré qui met l’accent sur la création d’emplois pour les jeunes, l’amélioration des services publics, notamment dans les secteurs de la santé et de l’éducation, et la valorisation des spécificités locales. Une priorité particulière sera accordée aux régions à forte vulnérabilité, notamment les zones montagneuses, les oasis et les territoires côtiers, avec la poursuite du Programme national des centres ruraux émergents. Le budget 2026 prévoit une enveloppe globale de 140 milliards de dirhams pour les secteurs de la santé et de l’éducation, ainsi que la création de plus de 27.000 postes budgétaires. Deux nouveaux CHU, à Agadir et Laâyoune, entreront en service, tandis que les travaux des CHU de Béni Mellal, Guelmim, Errachidia et du nouvel hôpital Ibn Sina à Rabat se poursuivront. Parallèlement, 90 hôpitaux seront rénovés dans le cadre d’un vaste programme de modernisation du système de santé. Sur le plan éducatif, la réforme se concentrera sur la généralisation du préscolaire, le renforcement de l’appui à la scolarité et l’amélioration de la qualité de l’enseignement.

La protection sociale, une priorité

Ces programmes viendront consolider, tout particulièrement, l’État social qui incarne un autre axe de la LdF 26. En effet, la généralisation de la protection sociale est érigée en priorité. En 2026, le programme d’aide sociale en faveur de quatre millions de ménages sera élargi, avec une revalorisation des allocations destinées aux enfants de 50 à 100 dirhams par mois pour les trois premiers enfants – ainsi que la mise en place d’aides spécifiques aux enfants orphelins et aux enfants abandonnés.

C’est dire que le citoyen marocain est au centre du programme de développement socio-économique du pays. Lequel a été initié en 2020 par l’opération « TADAMON » mise en œuvre pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages opérant dans le secteur informel suite à l’état d’urgence sanitaire résultat de la pandémie Covid-19.

Puis dans son sillage, le Maroc a lancé le chantier stratégique de la réforme de la Protection sociale en 2021 suite au discours royal du 29 juillet 2020. Celle-ci a donné lieu à la loi-cadre n° 09-21 relative à la protection sociale qui en a précisé les axes de réforme, la population cible et les mécanismes de financement. Les quatre piliers fondamentaux en ont été :  la généralisation de l’Assurance Maladie Obligatoire de Base (AMO), celle des allocations familiales (déploiement de l’Aide Sociale Directe), l’élargissement de l’affiliation aux régimes de retraite et la généralisation de l’indemnité pour perte d’emploi pour les personnes ayant un emploi stable.

Dès 2021, le Maroc a élargi l’AMO (régime contributif) aux travailleurs non-salariés (TNS), alors qu’en décembre 2022 l’ensemble des ramédistes ont basculé vers le régime de l’Assurance Maladie Obligatoire, AMO-TADAMON.

Dès 2023, la généralisation de la protection sociale par un Programme de l’Aide Sociale Directe (ASD), est venu couvrir les franges vulnérables de la société en l’occurrence les personnes âgées. Ce nouveau programme d’importance, a apporté des aides monétaires directes aux ménages nécessiteux et aspire couvrir près de 60 % de la population non couverte par les régimes d’allocations familiales, tout en versant un minimum de 500 DH/mois pour chaque ménage ciblé.

L’année 2023 a connu la publication de la Loi n° 60-22 portant régime de l’AMO dédié aux personnes capables de s’acquitter de leurs cotisations mais n’exerçant aucune activité rémunérée ou non rémunérée, ainsi que des décrets d’application y afférent qui étend l’AMO aux citoyens inactifs capables de payer les cotisations.

Les chiffres clés du PLF 2026 – Principaux programmes et indicateurs économiques et sociaux issus du Projet de Loi de Finances 2026

 

L’arsenal juridique finalisé

Cette étape a marqué la finalisation de l’arsenal juridique consolidant ce vaste projet de généralisation de la couverture médicale de base. En outre, la généralisation des aides sociales directes et la mise en place des mécanismes de ciblage vers la fin de l’année 2023 ont permis la concrétisation de la deuxième phase du programme de la généralisation de la protection sociale avec des résultats chiffrés. À fin août 2024, près de 4,8 millions de demandes d’aides sociales directes avaient été enregistrées via la plateforme électronique dédiée à cet effet. Parmi lesquelles, environ 3,9 millions de familles ont reçu une aide, représentant ainsi un taux d’acceptation de 81%. De même, environ 2,9 millions de familles ont bénéficié des aides relatives à la protection contre les risques liés à l’enfance.

De même, la mise en place du chantier de la généralisation de l’Assurance Maladie Obligatoire de base (AMO), a permis de couvrir 88% de la population en 2025, soit plus de 32 millions de bénéficiaires. De surcroît, afin de garantir un ciblage plus équitable et plus transparent des bénéficiaires, la mise en œuvre du Registre Social Unifié (RSU) a permis de recenser plus de 5,3 millions de ménages à fin mai 2025, soit près de 19 millions d’individus, avec une forte représentativité des zones rurales.

Aussi, la poursuite de la mise en œuvre du système d’aide sociale directe a permis à près de 4 millions de ménages de bénéficier, à fin juin 2025, de prestations dont le montant cumulé s’élève à 37,7 MMDH depuis son lancement. Sans oublier l’élargissement de l’affiliation aux régimes de retraite par l’assouplissement des conditions d’ouverture du droit à la pension pour les salariés du secteur privé, en abaissant le seuil d’éligibilité à 1 320 jours de cotisation.

 

Consolider les piliers de l’Etat social

Sur la base de ce bilan, le Projet de Loi de Finances pour l’année 2026 réaffirme l’engagement de l’État marocain à intensifier ses efforts en faveur de la poursuite de la consolidation des piliers de l’État social. L’année 2026 marquera ainsi la consolidation de la dynamique positive du déploiement de l’Assurance Maladie Obligatoire de base. En parallèle, la mise en œuvre efficiente du Registre Social Unifié permettra un ciblage plus précis des populations vulnérables et une gestion plus transparente des aides sociales directes, dont bénéficient actuellement près de 4 millions de familles.

Dans le même élan, l’action des pouvoirs publics s’orientera également vers l’opérationnalisation des deux piliers restants de ce chantier, conformément à la loi-cadre relative à la protection sociale, à savoir l’élargissement de l’affiliation aux régimes de retraite, et la généralisation de l’Indemnité pour Perte d’Emploi. Ce, avec un effort budgétaire conséquent du Gouvernement qui s’élèvera à 49,25 milliards de dirhams à l’horizon 2027. Sans compter que les mesures directes comme  le soutien des prix du gaz butane, du sucre et de la farine nationale ou du blé tendre continueront comme la subvention de l’Office National de l’électricité et de l’Eau Potable afin de couvrir le coût élevé de la production d’électricité et d’éviter ainsi son impact sur les ménages ; auxquelles s’ajoute la mise en œuvre de mesures fiscales et douanières à vocation sociale, visant l’exonération de certains produits de base de large consommation, en particulier les médicaments, ainsi que le soutien aux intrants agricoles et aux aliments pour bétail afin de renforcer l’appui aux agriculteurs, de préserver le capital végétal et animal et de reconstituer le cheptel national.

Ainsi la LdF 26, poursuivra le renforcement de l’état social directement à travers la politique engagée depuis 2020 et indirectement à travers le développement régional intégré comme l’a dit Sa Majesté Le Roi dans son discours du 29 juillet 2025, à l’occasion de la Fête du Trône dont voici un extrait « …Voici venu le temps d’amorcer un véritable sursaut dans la mise à niveau globale des espaces territoriaux et dans le rattrapage des disparités sociales et spatiales ». Une réponse claire et nette mais surtout chiffrée aux attentes des citoyens marocains.

 

Afifa Dassouli

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