L’Organisation des Femmes Ittihadies n’a pas tardé à réagir au Projet de Loi de Finances pour l’année 2025, dans lequel elle constate, preuve à l’appui, un grave recul des indicateurs de développement.
Dans un premier lieu, les femmes de l’USFP ont préféré commencer par rappeler que le mouvement féministe marocain a accumulé de nombreux acquis, dont le principal est le cadre constitutionnel qui a explicitement consacré l’égalité et la parité dans les politiques publiques, appelant par la même occasion à l’intégration de l’approche genre dans les lois et les mécanismes institutionnels.
« Ces acquis sont le fruit de la convergence d’une volonté politique exprimée dans de nombreux discours et orientations fondatrices, soutenant la lutte légitime des femmes pour réaliser l’égalité effective et l’équité réelle, qui représente un besoin sociétal avant d’être une revendication militante. Cependant, de nombreuses politiques publiques n’ont pas accompagné cette ambition et sont restées insuffisantes pour la mettre en œuvre, notamment aux niveaux législatif et pratique », selon l’association, tout en notant que dans un contexte de débat public sur le PLF 2025, l’Organisation des Femmes Ittihadies tient à réitérer sa demande d’intégration de l’approche genre lors de l’adoption de la loi de finances et des budgets sectoriels, conformément aux dispositions de la loi organique relative à la loi de finances.
Arguant leur démarche, elles soulignent que la traduction de la politique d’égalité des sexes en mesures financières et budgétaires trouve son fondement dans les dispositions de la Constitution marocaine, ainsi que dans la référence de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, qui a consacré des articles à l’application de l’approche genre dans l’élaboration des budgets et la détermination des bases fiscales, convention que le Maroc a ratifiée et publiée au BO.
Et de poursuivre dans le même sens que cette revendication ne découle pas seulement de considérations de droits, mais aussi d’une réalité objective montrée par les statistiques officielles et les différents rapports qui indiquent que les femmes sont les victimes des lois de finances successives qui ne tiennent pas compte des écarts entre les hommes et les femmes dans tous les droits, à tous les niveaux et dans tous les secteurs.
Le dernier rapport du CESE sur la justice sociale a reconnu que l’écart entre les hommes et les femmes est d’environ 17 %, et s’élargit dans les zones rurales, ce qui met en évidence les déséquilibres dans l’équité sociale basée sur le genre et sa relation avec l’appartenance sociale et régionale : « Malheureusement, après avoir examiné le projet de loi de finances pour l’année 2025, et malgré l’inclusion de certains secteurs de l’approche genre, nous constatons avec regret que le cadre général de l’élaboration du budget a ignoré les situations sociales, professionnelles et familiales des femmes, qui nécessitent un soutien proportionnel aux rôles qu’elles jouent », disent les Ittihadiates tout en précisant que : « Notre demande ne se limite pas à allouer des budgets pour soutenir les femmes dans les domaines de l’emploi, de l’éducation, de la santé et du logement décent en tenant compte de leurs spécificités et de leurs besoins, mais inclut également la réalisation d’une justice fiscale tenant compte de l’approche genre, notamment que les femmes continuent d’assumer le travail domestique non rémunéré, qui n’est pas valorisé comme une forme de travail. De plus, les déductions fiscales sur le revenu ne concernent pas les femmes salariées et fonctionnaires en raison des charges familiales, malgré leur contribution aux dépenses familiales, et parfois elles sont les principales pourvoyeuses de leur famille ».
En somme et à l’occasion du PLF 2025, l’Organisation des Femmes Ittihadies considère que l’absence de l’approche genre dans le projet de loi de finances, ou sa simple mention sans la traduire en chiffres indiquant la réduction de l’écart entre les femmes et les hommes en matière de justice sociale, constitue une violation des dispositions de la Constitution et une contradiction avec les discours gouvernementaux déclarés sur les droits des femmes…
H.Z