Le président américain Donald Trump et Patrick Shanahan au Pentagone, le 15 mars 2019 à Washington © Getty/AFP/Archives MARK WILSON
Donald Trump a été contraint mardi de se séparer de son ministre de la Défense Patrick Shanahan, qui a renoncé à ce poste pour raisons familiales, en pleine montée des tensions avec l’Iran, accusé par Washington d’avoir attaqué des pétroliers en mer d’Oman.
M. Shanahan a décidé de « consacrer plus de temps à sa famille », a tweeté le président américain, qui a choisi le secrétaire de l’armée, Mark Esper, comme nouveau ministre de la Défense par intérim.
L’exécutif américain ne compte plus de ministre de la Défense à plein titre depuis la démission fracassante de Jim Mattis en décembre 2018, sur fond de profonds désaccords avec M. Trump.
M. Shanahan a confirmé avoir renoncé à ce poste pour éviter à ses enfants de « revivre un chapitre traumatisant » et de « rouvrir des blessures » ayant nécessité « des années à panser ».
La police fédérale américaine mène des enquêtes de personnalité sur tous les candidats aux fonctions élevées du gouvernement et, dans le cas de Patrick Shanahan, ce processus a achoppé sur des accusations mutuelles de violences conjugales entre lui et son ex-épouse au début des années 2010.
– Escalade des tensions –
« C’est un moment difficile pour Pat », a déclaré mardi Donald Trump, en route pour le meeting de lancement de sa seconde campagne présidentielle.
Le maître de la Maison Blanche a vanté « la grande expérience » de Mark Esper et minimisé les conséquences de cette nouvelle succession à la tête du Pentagone. Le nouveau ministre de la Défense par intérim prendra ses fonctions le 24 juin.
Ce départ tombe pourtant mal pour le président américain, au moment où les Etats-Unis ont encore renforcé leur dispositif militaire au Moyen-Orient pour répondre à ce qu’ils qualifient de « comportement hostile des forces iraniennes ».
Le leader des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, a regretté mardi ce qu’il a appelé le « fiasco Shanahan » et le « chaos au gouvernement ».
« Nous sommes dans une phase très sensible avec tout ce qui se passe en Iran, toutes ces provocations. Et il est déplorable de ne pas avoir de ministre de la Défense », a-t-il jugé.
Avant sa démission, M. Shanahan a autorisé lundi l’envoi de 1.000 militaires supplémentaires « à des fins défensives pour répondre à des menaces aériennes, navales et terrestres au Moyen-Orient ».
C’est donc le chef de la diplomatie, Mike Pompeo, qui s’est rendu mardi à Tampa, en Floride, pour défendre, avec les responsables du commandement militaire américain central, l’envoi de ces renforts.
Ce déploiement doit « convaincre le gouvernement islamique de l’Iran que nous sommes déterminés et les dissuader de (commettre) de nouvelles agressions dans la région », a-t-il expliqué. « Nous devons être prêts à répondre à toute menace de l’Iran », a-t-il ajouté, tout en assurant que « le président Trump ne (voulait) pas la guerre ».
« Nous sommes très préparés, quels que soient les cas de figure », a de son côté déclaré M. Trump au sujet de l’Iran, pays qu’il a qualifié de « nation de terreur ».
Téhéran, qui a démenti toute responsabilité dans l’attaque des tankers, a menacé à plusieurs reprises par le passé de bloquer le détroit d’Ormuz en cas de confrontation avec les Etats-Unis.
L’Iran et les Etats-Unis sont engagés dans un bras de fer depuis le retrait unilatéral américain en 2018 de l’accord nucléaire et le rétablissement de sanctions économiques américaines à Téhéran. Des attaques contre des pétroliers en mai et en juin dans la région du Golfe, attribués par Washington à l’Iran, qui a démenti, ont jeté de l’huile sur le feu.
– « Réseau » d’espions –
L’Iran, de son côté, a affirmé avoir démantelé un « nouveau réseau » d’espions agissant pour le compte des Etats-Unis.
« Sur la base de nos propres renseignements et d’indices collectés au sein des services américains, nous avons récemment découvert les nouvelles recrues embauchées par les Américains et démantelé ce nouveau réseau », a annoncé l’agence officielle iranienne Irna.
Certains espions du réseau mis sur pied, selon Irna, par la CIA, ont déjà été arrêtés et remis à la justice. L’agence ne donne toutefois aucun chiffre et ne précise pas la nationalité des suspects.
Avant l’annonce des nouveaux renforts américains, Téhéran avait annoncé que ses réserves d’uranium faiblement enrichi passeraient à partir du 27 juin au-dessus de la limite prévue par l’accord nucléaire de 2015.
Fruit d’intenses efforts diplomatiques entre l’Iran et le Groupe des Six (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie), l’accord vise à fortement limiter le programme nucléaire de Téhéran en échange d’une levée des sanctions économiques. Mais le rétablissement des sanctions américaines prive l’Iran des bénéfices qu’il attendait de ce pacte.
Jusqu’ici, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a certifié que l’Iran agissait en conformité avec ses engagements.
LNT avec Afp