La tour du géant pétrolier Aramco dans le quartier financer de Riyad. Photo prise le 16 avril 2023
Le géant pétrolier saoudien Aramco a annoncé lundi un bénéfice net de 30,08 milliards de dollars au deuxième trimestre, en forte baisse par rapport à la même période en 2022, en raison d’un recul des prix du pétrole ces derniers mois.
Cette chute de 38% sur un an intervient après une baisse de 19,25% au premier trimestre.
« La diminution reflète principalement l’impact de la baisse des prix du pétrole brut et de l’affaiblissement des marges de raffinage et de produits chimiques », a ajouté Aramco, détenu à 90% par l’État saoudien, dans un communiqué.
« Nos bons résultats reflètent notre résilience et notre capacité à nous adapter aux cycles du marché », a toutefois déclaré le PDG d’Aramco, Amin Nasser.
« Avec la reprise attendue de l’économie mondiale et l’augmentation de l’activité dans le secteur de l’aviation, la poursuite des investissements dans des projets énergétiques sera nécessaire pour sauvegarder la sécurité énergétique », a-t-il ajouté.
« Pour nos actionnaires, nous avons l’intention de commencer à distribuer notre premier dividende lié à la performance au cours du troisième trimestre », a-t-il encore dit.
Aramco, comme d’autres mastodontes du secteur, avait dégagé des bénéfices record l’année dernière avec l’envolée des prix de l’or noir liée à l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, mais aussi à la reprise économique post-Covid.
Ces derniers mois, les prix du pétrole ont été plombés notamment par le risque de récession à travers le monde qui pèse sur les perspectives de la demande.
Les cours du brut sont toutefois légèrement remontés ces derniers jours en raison du ralentissement de l’inflation aux Etats-Unis mais aussi de la stratégie de réduction de production mise en place par des pays exportateurs, Arabie saoudite en tête.
– « Défendre les prix du pétrole » –
Premier exportateur de brut au monde, le royaume avait annoncé en avril une réduction de sa production de 500.000 barils par jour (bpj), dans le cadre d’une action coordonnée avec d’autres puissances pétrolières pour doper les prix.
Des analystes estiment que l’Arabie saoudite a besoin d’un prix du pétrole à environ 80 dollars le baril pour équilibrer son budget. Ce n’est qu’au cours du mois de juillet que les moyennes ont dépassé ce seuil, signe que les récentes baisses de l’offre commencent à avoir l’effet escompté.
Ces baisses « montrent jusqu’où le royaume ira pour défendre les prix du pétrole, car l’effondrement du marché de son produit de base nuit à ses ambitieux efforts de diversification économique », a déclaré Herman Wang, analystte à S&P Global Commodity Insights.
Aramco entreprend des investissements pour augmenter sa capacité de production à 13 millions de bpj d’ici 2027.
Les bénéfices d’Aramco sont la principale source de revenus du vaste programme de réformes économiques et sociales du prince héritier Mohammed ben Salmane, connu sous le nom de Vision 2030, destiné précisément à permettre au royaume de diversifier son économie, largement dépendante de l’énergie fossile.
Joyau de l’économie saoudienne, Aramco a enregistré des bénéfices record de 161,1 milliards de dollars en 2022, ce qui a permis au royaume de dégager son premier excédent budgétaire annuel depuis près de dix ans.
Ils s’agissait de « résultats phénoménaux dus à un ensemble très particulier de facteurs géopolitiques », a déclaré Jamie Ingram, rédacteur en chef de l’étude économique sur le Moyen-Orient.
« Des revenus plus élevés seraient bien sûr souhaités par les responsables (saoudiens), mais l’Arabie saoudite a encore des niveaux d’endettement très bas et des réserves importantes dans lesquelles elle peut puiser », a-t-il ajouté.
En décembre 2019, Aramco a introduit 1,7% de ses actions à la Bourse saoudienne, ce qui lui a permis de lever 29,4 milliards de dollars.
A la mi-avril, l’Arabie saoudite a annoncé qu’elle transférait 4% des actions d’Aramco, d’une valeur de près de 80 milliards de dollars, à Sanabil Investments, une société contrôlée par le Fonds d’investissement public (PIF) du royaume, l’un des plus grands fonds souverains au monde avec plus de 620 milliards de dollars d’actifs.
LNT avec Afp