Des grues à Londres le 2 août 2020 © AFP/Archives JUSTIN TALLIS
Le Royaume-Uni, frappé par la crise du coronavirus, a subi au deuxième trimestre une chute « record » de 20,4% de son économie et, sur les six premiers mois de l’année, sa pire récession jamais enregistrée.
Selon l’Office national des statistiques qui publie ces chiffres mercredi, il s’agit de la première récession technique – à savoir deux trimestres consécutifs de contraction du produit intérieur brut (PIB) – depuis 2009 et la crise financière.
D’après l’ONS, l’essentiel de la contraction, qui a commencé à se faire sentir en mars, est survenu en avril, mois entier de confinement pendant lequel la production s’est effondrée de 20%.
Avec un tout début de reprise des chantiers de construction et de l’activité manufacturière, le produit intérieur brut (PIB) a rebondi en mai de 2,4% (chiffre révisé), suivi d’une accélération en juin (+8,7%) grâce notamment à la réouverture de tous les commerces, précise l’ONS.
La plus forte contraction de l’économie britannique depuis que l’ONS a commencé ces statistiques trimestrielles en 1955 reflète « les restrictions » de déplacements et d’activité qui ont eu lieu à partir de l’entrée en vigueur du confinement dans le pays, le 23 mars, et leur durée plus étendue que dans la plupart des pays développés.
« J’ai dit auparavant que des temps difficiles nous attendaient, les chiffres d’aujourd’hui le confirment. Des centaines de milliers de personnes ont déjà perdu leur emploi, et malheureusement, dans les mois à venir, beaucoup d’autres vont faire de même », a commenté le ministre des Finances Rishi Sunak.
Le Royaume-Uni signe la plus mauvaise performance au deuxième trimestre en Europe, devant l’Espagne (-18,5%) et bien pire que la France (-13,8%).
Sur les deux trimestres de récession, l’organisme de statistiques relève que l’économie britannique s’est contractée de 22,1%, « un peu moins que les 22,7% observés en Espagne mais plus du double que la chute du PIB de 10,6% aux Etats-Unis » sur la même période.
– Sous-performance « extraordinaire » –
« La performance du Royaume-Uni est pire que celle de ses pairs à un degré extraordinaire », remarquent les analystes de Pantheon Macro.
Cette sous-performance du pays qui compte aussi le plus de décès en Europe à cause de la maladie Covid-19 peut aussi être attribuée à sa forte dépendance aux services, notamment les dépenses de consommation qui ont plongé pendant le confinement, « et au fort degré d’activité des parents, dont beaucoup ont dû quitter leur travail pour s’occuper de leurs enfants », poursuit Pantheon Macro.
D’après ce cabinet d’études, ces « désavantages structurels » devraient continuer à freiner la reprise aux troisième et quatrième trimestres.
Le choc de la pandémie et de l’immobilisation forcée de l’activité n’a qu’à peine été amorti par les mesures sans précédent et les dizaines de milliards de livres injectés par le gouvernement via des prêts ou des aides au maintien de l’emploi, ou par la Banque d’Angleterre avec des rachats d’actifs ainsi qu’un taux d’intérêt au plus bas historique et quasi nul.
La récession fait d’ailleurs déjà de très lourds dégâts sociaux, avec une baisse de 730.000 du nombre de personnes employées entre mars et juillet, selon des chiffres officiels publiés lundi.
Pas un jour ne passe ou presque sans annonce de suppressions d’emplois par milliers pour des entreprises qui s’inquiètent de la fin programmée en octobre du dispositif de chômage partiel.
Le taux de chômage devrait flamber, tout comme la précarité, avec des millions de Britanniques dépendants des minima sociaux.
Pour l’ensemble de 2020, la Banque d’Angleterre anticipe une baisse de 9,5% du PIB, mais s’attend dans le même temps à une reprise plus lente en 2021 et à ce que l’économie ne retrouve son niveau d’avant la pandémie qu’en 2022.
LNT avec Afp