La guerre à Gaza s’approche dramatiquement de la barre des 300 jours et les négociations en cours pour un cessez-le-feu laissent les analystes dubitatifs tant le bras de fer entre le Hamas et Israel oscille constamment. Ainsi, si l’ouverture du front libanais par le Hezbollah a pu permettre au Hamas de déstabiliser Netanyahu, celui-ci intensifie son emprise sur Gaza et mène selon l’ONU « une campagne de famine ciblée ».
Difficile de déterminer qui gagne quoi dans ces calculs froids et militaires, mais ce qui reste certain, c’est le bilan humain, de plus en plus lourd, les déplacements de populations, réfugiés sur leur propre sol, l’insalubrité sanitaire, la destruction des infrastructures hospitalières et toutes les autres. Ce qui s’y ajoute désormais, c’est le retour à l’indifférence mondiale.
L’opinion publique nationale et mondiale est un cyclope, et son oeil, bien qu’au milieu de son front, ne peut regarder qu’une chose à la fois. L’actualité est quant à elle un beau millefeuille, qui malgré sa crème généreuse, ne laisse apparaitre que sa structure et surtout sa première couche.
Tous les jours, nous choisissons collectivement de hiérarchiser ce qui nous touche, ce qui nous impacte, nous indigne. Les médias y sont pour beaucoup dans cette responsabilité par le focus qu’ils choisissent de prendre, mais en face, les audiences ne les démentent pas, alimentant un système où le serpent se mord la queue.
Or, l’issue de la guerre à Gaza tient à quelques facteurs à peine, notamment l’impact sur l’actions des belligérants de la pression des opinions publiques sur les prises de position des grandes nations de ce monde.
En France, le séisme politique qu’a provoqué le Président en décidant de dissoudre l’Assemblée nationale va avoir pour conséquence une instabilité politique qui ne peut qu’affaiblir le poids et l’énergie que l’hexagone met à contribuer à la fin du conflit à Gaza. Dans tous les scenarii, que le gouvernement actuel passe l’été ou qu’un nouveau s’y installe dans cette période, la Palestine ne sera pas la priorité.
Au Royaume-Uni, le contexte est le même qu’en France, des nouvelles élections et un chamboulement politique après 14 ans de Torries à la tête du pays, les priorités estivales seront nationales.
Aux États-Unis, la situation est catastrophique tant la crédibilité du Président Biden du fait de son âge est contestée. Cela n’échappe pas à Netanyahu et cela a forcément un impact sur le poids de la pression des Américains sur les deux camps qui s’affrontent et leurs alliés.
Une nouvelle fois, c’est bien après l’été, lorsqu’en novembre voire même en janvier, le nouveau Président américain entrera en fonction, que la position de l’oncle Sam sera la plus forte, quel que soit le choix de politique qu’il souhaitera mener vis-à-vis de son allié Israël.
Pourtant, partout dans le monde, y compris dans ces exemples, des manifestations propalestiniennes demeurent, et la guerre à Gaza a même servi les intérêts électoraux de certains partis, en France comme au Royaume-Uni. Mais, force est de constater qu’à travers le monde, la mobilisation et le soutien au peuple palestinien, sont en recul, sur les réseaux sociaux en particulier.
Cette rupture d’attention est peut-être temporaire, mais elle est réelle et l’arrivée de l’été avec son lot de bronzette, de fêtes, et de vacances politiques, ne laisse que peu d’espoir que le triste sort des millions de palestiniens, pris en étau entre la chaleur écrasante et le feu des armes, ne se dénoue dans les prochaines semaines.
Alors certes, certains en parleront quand même les pieds dans l’eau ou un cocktail à la main, peut-être même avec un keffieh sur les épaules pour atténuer la fraicheur des nuits d’été méditerranéennes. Ce n’est qu’un moindre mal dans ce contexte où le sentiment de gêne mêlé de culpabilité que l’on ressent tous, n’est que le miroir de notre impuissance.
Zouhair Yata
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