Le président turc Recep Tayyip Erdogan à Istanbul, le 7 juillet 2023
Feu vert pour la Suède dans l’Otan contre une ouverture de l’UE à la Turquie: Ankara a imposé une condition forte lundi, à la veille d’un sommet crucial de l’Alliance atlantique, dominé par le soutien militaire à l’Ukraine face à l’invasion russe.
Quant à la question d’une adhésion de l’Ukraine à l’Otan, l’Alliance a annoncé qu’elle allait lever un obstacle majeur: le MAP (« Membership action plan »), sorte d’antichambre à la candidature à l’Alliance qui fixe un certain nombre d’objectifs de réformes.
Les alliés « sont prêts » à abandonner l’exigence du plan d’action pour l’adhésion pour la candidature de l’Ukraine
a expliqué à l’AFP un responsable occidental sous couvert de l’anonymat.
Ce plan d’action « n’est qu’une des étapes du processus d’adhésion à l’Otan. Même s’il est supprimé, l’Ukraine devra encore mener d’autres réformes avant d’adhérer à l’Otan », a-t-il dit.
Toutefois, une adhésion à court terme a été balayée par le président américain Joe Biden, qui mène une visite éclair à Londres auprès du Premier ministre Rishi Sunak et le roi Charles III pour parler aussi armement avant le sommet de deux jours à Vilnius.
En attendant, le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont l’accord est obligatoire pour une entrée de la Suède dans l’Alliance, a mis une forte pression lundi.
« Ouvrez d’abord la voie à l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne et, ensuite, nous ouvrirons la voie à la Suède tout comme nous avons ouvert la voie à la Finlande », a déclaré M. Erdogan, alors que les négociations entre Ankara et l’UE sont à l’arrêt depuis plusieurs années.
Il a également réitéré ses exigences envers la Suède qu’il accuse de mansuétude envers les militants kurdes réfugiés sur son sol, avant sa rencontre avec le Premier ministre suédois Ulf Kristersson et le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg.
M. Erdogan réclame des dizaines d’extraditions de militants qu’elle qualifie de « terroristes ».
La Suède et sa voisine la Finlande ont mis fin à des décennies de non-alignement militaire et demandé à rejoindre l’Otan à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
La Finlande a officiellement rejoint l’Alliance en avril.
Il y a un an, lors du précédent sommet de l’Otan à Madrid, il a fallu des heures de négociation pour arracher à M. Erdogan un soutien à l’invitation initiale à Stockholm.
– Garanties –
Afin de dissuader Moscou de lancer de nouvelles offensives à l’avenir, Kiev mais aussi les pays de l’est de l’Europe réclament une feuille de route claire du sommet de l’Otan en Lituanie qui s’achèvera mercredi.
Mais Washington et Berlin sont réticents à l’idée d’aller beaucoup plus loin qu’une promesse faite par l’Otan que l’Ukraine adhèrerait un jour, sans précision de calendrier.
« Je ne pense pas qu’elle soit prête à faire partie de l’Otan », a-t-il balayé dans une interview à la chaîne américaine CNN à propos de l’Ukraine, soulignant également qu’il n’y avait pas d’unanimité parmi les alliés sur la perspectives de faire entrer Kiev « au beau milieu d’une guerre ». « Nous serions en guerre contre la Russie, si c’était le cas », a-t-il alerté.
Une adhésion aurait des « conséquences très négatives » pour la sécurité européenne, a aussi mis en garde le Kremlin lundi, qui la considère comme une « menace » contre la Russie exigeant une « réponse claire et ferme ».
Alors qu’un nouveau bombardement russe sur un centre de distribution d’aide humanitaire à Orikhiv (centre) a fait au moins quatre morts lundi et que la contre-offensive ukrainienne est à la peine, les membres de l’Alliance entendent toutefois donner des garanties de leur engagement à défendre l’Ukraine.
Kiev a revendiqué lundi avoir repris 14 km2 la semaine dernière, soit 193 km2 depuis début juin.
Plusieurs poids lourds de l’Otan négocient de possibles engagements de fournitures d’armes sur le long terme à Kiev.
– Bombes à sous-munitions critiquées –
Les promesses d’armes viendraient en complément des dizaines de milliards de dollars d’équipements déjà livrés à l’Ukraine depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il y a un peu plus de 500 jours.
En attendant, l’Ukraine a d’ores et déjà obtenu vendredi de Washington la promesse de lui livrer des bombes à sous-munitions, une arme très controversée.
Ces armes, interdites dans de nombreux pays, sont vivement critiquées car elles tuent à l’aveugle en dispersant des petites charges explosives avant ou après l’impact et sont accusées de faire de nombreuses victimes civiles collatérales.
La Russie y a vu un « aveu de faiblesse ».
Le président américain Joe Biden, qui a défendu sa décision « difficile », a fait une visite éclair au Premier ministre britannique Rishi Sunak, qui avait lui appelé samedi à « décourager » l’utilisation de ces armes interdites par la convention d’Oslo de 2008 signée par son pays.
Joe Biden a vanté une relation « solide comme le roc » qui unit les deux pays, à l’issue de l’entretien.
La guerre en Ukraine, qui a démarré le 24 février 2022 par une invasion russe, a fait 9.000 morts parmi les civils, dont 500 enfants, selon l’ONU qui estime que le bilan des victimes pourrait être bien plus élevé.
LNT avec Afp