Opération meurtrière à Rio: plus de 100 morts, Lula appelle à préserver la population
L’opération policière menée mardi dans les favelas du Complexo da Penha et du Complexo do Alemão, dans le nord de Rio de Janeiro, a fait au moins 119 morts, faisant de cet assaut le plus meurtrier de l’histoire du Brésil. Parmi les victimes, 115 sont des criminels présumés et quatre des policiers, selon le bilan provisoire des autorités. Le Défenseur public de Rio, qui assiste juridiquement les populations les plus vulnérables, recense au moins 132 morts.
Au lendemain de l’intervention, le président Luiz Inácio Lula da Silva a appelé à ne pas « mettre en danger » la population dans la lutte contre le crime organisé. Sur X, il a souligné l’importance d’« un travail coordonné qui frappe au cœur du trafic sans mettre en danger les policiers, les enfants et les familles innocentes », rappelant que la protection des civils devait rester prioritaire.
L’opération a mobilisé 2.500 agents contre le Comando Vermelho, principal groupe criminel actif dans les favelas de Rio. Après plus d’un an d’enquête et 113 arrestations, le gouverneur de l’État de Rio, Claudio Castro, a qualifié l’intervention de « succès » et défendu la « manière forte » contre ce qu’il désigne comme du « narcoterrorisme ».
Sur le terrain, le drame est palpable. Des dizaines de dépouilles ont été récupérées par les habitants et déposées sur une place du Complexo da Penha, certains corps portant des marques de tirs à bout portant. L’horreur se mêle au chagrin et à la colère : « L’État est venu perpétrer un massacre. Ce n’est pas une opération, ils sont venus directement pour tuer », a dénoncé une habitante.
La Cour suprême brésilienne s’intéresse également à cette opération : le juge Alexandre de Moraes a convoqué le gouverneur Castro pour s’expliquer sur l’action de la police. De son côté, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, « très inquiet » du bilan humain, a appelé à une enquête rapide.
Cette intervention survient à quelques jours de la COP30 à Belem, en Amazonie, et met en lumière l’emprise du crime organisé au Brésil ainsi que les méthodes controversées employées dans les quartiers pauvres. La sécurité, déjà au cœur des débats, devrait être un enjeu majeur de la présidentielle de 2026, pour laquelle Lula sera candidat à un quatrième mandat.
LNT avec AFP
