La cheffe des démocrates au Congrès Nancy Pelosi le 13 août 2020, lors de sa conférence de presse hebdomadaire à Washington © AFP/Archives JIM WATSON
La Maison Blanche a effectué dimanche une énième volte-face sur la relance de l’économie, pressant cette fois le Congrès de voter un mini-plan destiné à aider en urgence les PME en difficulté.
Ce changement intervient après que le parti républicain du président Donald Trump et l’opposition démocrate ont rejeté, pour des raisons différentes, une proposition de 1.800 milliards de dollars faite vendredi par le gouvernement fédéral pour soutenir l’économie handicapée par la pandémie de coronavirus.
Dans une lettre adressée au Congrès, le chef de cabinet de la Maison Blanche, Mark Meadows, et le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, demandent aux parlementaires de voter une loi qui permettrait à l’administration Trump de rediriger quelque 130 milliards de dollars non encore utilisés du précédent plan de soutien baptisé PPP (Paycheck Protection Program, programme d’aide aux petites entreprises).
Cette enveloppe serait réservée à des entreprises, notamment les PME, faisant face à un déclin des revenus pendant que des discussions se poursuivent sur des aides plus importantes.
« Immédiatement »
« Le moment de s’unir et de voter immédiatement une loi qui nous permette de dépenser des fonds non utilisés du programme d’aide aux petites entreprises, pendant que nous continuons à travailler ensemble sur un paquet d’aides plus vaste, est venu. L’approche du tout ou rien n’est pas une réponse acceptable pour le peuple américain », expliquent MM. Mnuchin et Meadows.
A environ trois semaines de l’élection présidentielle du 3 novembre, il est peu probable que cette requête soit acceptée par les démocrates : leur chef, Nancy Pelosi, qui négocie avec l’administration, a déjà rejeté toute idée de mesures ciblées, disant vouloir un soutien économique de grande ampleur plus à même, selon elle, de donner un coup de fouet à l’activité.
La nouvelle stratégie de la Maison Blanche est la dernière en date dans une semaine au cours de laquelle le président Donald Trump et son équipe ont multiplié les manoeuvres. Ils ont alterné entre rupture des discussions, retour à la table des négociations, mesures ciblées et enfin des gestes en faveur des démocrates. Sans grand succès.
Signe d’un manque de ligne directrice claire: l’administration Trump a, à la surprise générale, porté vendredi à 1.800 milliards de dollars, contre 1.500 milliards auparavant, sa nouvelle enveloppe de soutien à l’économie américaine, espérant vaincre les réticences des démocrates.
Mais cette proposition a été rejetée aussi bien par l’opposition que par son propre camp.
Déplorant « un pas en avant, deux pas en arrière », Nancy Pelosi a estimé qu’elle n’était « pas suffisante ». « Nous avons encore des désaccords sur beaucoup de priorités », a écrit l’élue démocrate samedi aux membres de son groupe parlementaire, dont le plan est évalué à 2.200 milliards de dollars.
Plusieurs sénateurs républicains ont jugé, eux, que l’offre de l’administration Trump était trop généreuse. Mitch McConnell, leur chef, avait déjà averti dès vendredi qu’un accord était « peu probable dans les trois prochaines semaines ».
Les sénateurs républicains s’opposent à des aides qui iraient aux collectivités locales, et plus particulièrement aux Etats très affectés par la pandémie, dont un grand nombre est gouverné par des démocrates.
Le nouveau plan de soutien à l’économie est devenu un enjeu majeur pour le camp républicain: le démocrate Joe Biden compte désormais près de dix points d’avance dans la moyenne des sondages nationaux et a également conforté son avantage dans les intentions de vote au niveau des Etats décisifs pour l’élection.
Le tableau économique est en outre désastreux: près de 11 millions de personnes sont au chômage, un total de 25 millions d’individus ont vu leurs revenus chuter à cause de la pandémie et survivent grâce aux aides publiques.
De nombreuses PME font face à des problèmes de trésorerie menaçant leur survie, tandis que les grandes entreprises ont commencé à licencier massivement, une vague qui devrait être difficile à contenir, s’accordent les experts, sans un coup de pouce du gouvernement fédéral.
LNT avec AFP