Plate-forme pétrolière de la compagnie norvégienne Statoil le 22 septembre 2012 auy large de Bergen (Norvège) © STATOIL/AFP/Archives HO
Lui-même alimenté par les revenus pétroliers de l’État norvégien, le plus gros fonds souverain au monde devrait se désinvestir du secteur des hydrocarbures, a estimé jeudi la Banque de Norvège, chargée de sa gestion.
Dans une lettre au gouvernement, la banque centrale fait valoir qu’un désengagement du fonds –couramment appelé « fonds pétrolier »– du secteur pétro-gazier permettrait à la Norvège, principal producteur d’hydrocarbures d’Europe de l’Ouest, de réduire sa vulnérabilité face à une chute durable du cours du baril.
Une future baisse éventuelle du prix de l’or noir, comme celle observée depuis l’été 2014, affecterait certes les revenus de l’État mais aurait peu d’effets sur les investissements du fonds dont ce même État dépend de plus en plus pour financer son budget.
« Cette recommandation s’appuie exclusivement sur des arguments financiers et des analyses ayant trait à l’exposition totale de l’État au pétrole », a souligné le vice-gouverneur de la banque, Egil Matsen, dans un communiqué.
Elle « ne reflète aucunement une vue quelconque sur l’évolution du prix du pétrole, sur la rentabilité future du secteur pétro-gazier ou sur son caractère durable », a-t-il souligné.
Cet avis survient alors que le débat sur l’avenir du secteur pétrolier en Norvège vient d’être relancé par une action en justice intentée par Greenpeace et deux autres ONG à l’État norvégien pour protester contre l’attribution de licences de prospection dans l’Arctique.
En réponse à la lettre de la banque centrale, le ministère des Finances a indiqué qu’il réunirait des informations supplémentaires avant de présenter ses conclusions « à l’automne 2018 ».
« La problématique abordée par la Banque de Norvège est étendue et a de nombreuses facettes », a souligné la ministre Siv Jensen dans un communiqué.
« Le gouvernement est responsable de l’économie norvégienne dans sa totalité et doit adopter une approche large et complète sur cette question », a-t-elle ajouté.
Abondé par des revenus pétroliers publics qui ont fortement décliné ces dernières années, le fonds norvégien pèse aujourd’hui 8.245 milliards de couronnes (854 milliards d’euros) placés pour l’essentiel en actions (65,9%) mais aussi en obligations et dans l’immobilier.
Le secteur des hydrocarbures représente actuellement 5,5% de ses investissements en actions avec notamment une participation dans l’anglo-néerlandais Shell qui valait près de 44 milliards de couronnes fin septembre.
LNT avec AFP