Des appareils de la compagnie Monarch sur le tarmac de l'aéroport de Luton, dans le sud de l'Angleterre, le 2 octobre 2017 © AFP Daniel LEAL-OLIVAS
La compagnie aérienne britannique Monarch semble avoir disparu du jour au lendemain après avoir brutalement cessé ses activités, et les passagers pris en charge disaient leur surprise face à cette mésaventure imprévue.
Monarch a déposé le bilan, entraînant de nombreuses annulations et une opération de rapatriement de 110.000 passagers, la plus vaste en temps de paix pour le Royaume-Uni.
Il s’agit de la plus grosse compagnie aérienne britannique à être placée en cessation de paiement, a annoncé lundi l’Autorité britannique de l’aviation civile (CAA), qui organise à la demande du gouvernement le retour des passagers de Monarch actuellement à l’étranger.
Plusieurs vols en provenance de lieux de vacances méditerranéens sont arrivés dans la journée dans les aéroports londoniens. D’autres devraient suivre dans les jours à venir, de retour de France, Grèce, Israël ou encore de Turquie.
Les autorités vont mobiliser 30 appareils vers 30 aéroports pour faire face à cette situation inédite, sans aucun surcoût pour les clients, qui devront dans certains cas s’armer de patience.
« Nous sommes assez contrariés… Nous ne savons rien. Je suppose qu’il faut simplement attendre », a déclaré à l’AFP Desmond Morland, vacancier britannique à Chypre, dont le retour au Royaume-Uni a été retardé.
A l’aéroport de Luton, où se trouve le siège de Monarch et point de départ et d’arrivée de nombre de ses vols, la présence de la compagnie était déjà effacée et son logo avait disparu. Le calme prévalait néanmoins parmi les passagers concernés sur place, a constaté une journaliste de l’AFP.
« Tout s’est bien passé, il n’y a pas eu de retard ou de panique, le vol a plus ou moins respecté l’horaire prévu », a expliqué Aine Cassidy, une Irlandaise revenant de ses vacances sur l’île espagnole de Minorque et dont l’avion retour a été affrété par les autorités. Comme d’autres passagers, elle disait sa surprise face à cette disparition subite et à la vaste opération de rapatriement nécessaire.
Pour les touristes qui n’ont pas encore embarqué depuis le Royaume-Uni toutefois, le vol aller-retour est annulé, ce qui concerne 750.000 clients en plus de la centaine de milliers présente sur ses lieux de vacances.
– ‘Guerre des prix’ –
Le ministre des Transports Chris Grayling a jugé que « Monarch a été victime d’une guerre des prix dans la Méditerranée » et a demandé aux autres compagnies d’essayer d’embaucher le personnel de Monarch laissé sur le carreau.
Monarch, qui emploie 2.100 personnes en tant que compagnie aérienne et tour-opérateur, est désormais placé entre les mains du cabinet KPMG, nommé administrateur.
Ce dernier a précisé que Monarch a été privé de son certificat de transport aérien et donc de sa capacité à opérer, tous ses avions étant cloués au sol. Parmi ses options, KPMG pourrait chercher à vendre ce qui reste de la compagnie par morceaux.
« Une pression sur les coûts de plus en plus importante et des conditions de marché toujours plus concurrentielles sur les court-courriers en Europe ont contraint Monarch à subir des pertes sur une longue période. Cela a débouché sur la décision de la direction de nous désigner en tant qu’administrateurs tôt ce matin », a expliqué Blair Nimmo, associé chez KPMG.
Dans une lettre à ses salariés, citée par l’agence PA, le directeur général de Monarch estime que les attentats terroristes et leurs dégâts sur le tourisme en Egypte, Tunisie et Turquie, sont la « raison première » de la chute de la compagnie.
Le syndicat Unite a quant à lui directement pointé du doigt le gouvernement, accusé d’être « resté les bras croisés » face aux déboires de Monarch, prisée des vacanciers britanniques à la recherche de destinations ensoleillées.
La petite compagnie était déjà passée tout près de la faillite en octobre 2016 mais avait bénéficié d’une injection d’argent frais de son principal propriétaire, le fonds d’investissement Greybull Capital, lui permettant de gagner un sursis d’un an.
Sa déconfiture intervient dans une période agitée pour le secteur aérien au Royaume-Uni, déjà inquiet des conséquences de la sortie de l’UE. La compagnie irlandaise à bas coût Ryanair a récemment annulé 20.000 vols entre septembre et mars et une panne informatique géante a frappé British Airways en mai.
LNT avec Afp