L’Agence pour le Développement Agricole est devenue, en quelques années, un acteur majeur et un outil indispensable dans l’élaboration et la mise en place des politiques de développement agricole, en termes de filières, de promotion des produits du terroir, de conseil et d’assistance au monde rural, etc. Il est donc aussi naturel qu’utile que M. Mohamed El Guerrouj, directeur général de l’ADA, réponde aux questions de notre hebdomadaire à l’occasion du 12è SIAM
La Nouvelle Tribune :
M. Le Directeur général, l’ADA est un partenaire et même un acteur incontournable de chacune des éditions du SIAM. Pour celle de cette année, quels sens et objectifs assignez-vous à l’Agence en cette douzième édition ?
El Guerrouj : Cette 12ème édition est particulière pour l’Agence pour le Développement Agricole (ADA), comme chaque année, l’ADA se donne pour mission d’offrir un service de proximité aux investisseurs dans le secteur agricole à la recherche d’information, d’appui ou d’accompagnement.
Activement mobilisée, l’ADA a constitué au sein du pôle investissement, un guichet unique pour toutes les catégories d’investisseurs, ceux ayant des projets avec l’ADA dans le cadre du partenariat public-privé, les investisseurs désirant participer dans les appels d’offres de partenariat, les investisseurs à la recherche de partenariat avec des partenaires ayant des projets en cours, etc.
Un espace composé de plusieurs sous espaces dont chacun répond à un besoin spécifique, à savoir, l’espace Accompagnement des Investisseurs en vue de les assister à réaliser leurs projets d’investissement dans le secteur agricole dans les meilleures conditions et leur fournir les informations nécessaires par rapport à l’accès au foncier agricole, un espace Agrégation Agricole pour vulgariser et promouvoir le système d’agrégation, un espace Ingénierie des Projets Agricoles afin de fourniture l’assistance technique nécessaire aux investisseurs à la recherche d’idées pour le développement de leurs projets agricoles , un espace Finance Climat pour recueillir des propositions de projets à vocation environnementale à soumettre aux bailleurs de fonds, ainsi qu’un espace Financement animé par les banques partenaires de l’ADA pour assurer le volet conseil autour des modalités de financement des projets agricoles ,les aides et les incitations mises à la disposition des investisseurs.
Dans le cadre de la promotion et du développement de la commercialisation des produits du terroir, l’ADA a organisé lors de cette 12ème édition, la participation des groupements producteurs de produits du terroir au niveau du pôle « Terroir du Maroc ». Plus de 760 coopératives agricoles ont été strictement sélectionnées sur la base des critères exigés par le comité organisateur notamment, l’autorisation ou l’agrément sur le plan sanitaire de l’ONSSA, la disposition des produits labélisés, la disposition d’une large gamme de produits du terroir, la disposition des médailles lors de la 1ère et la deuxième édition du Concours marocain des produits du terroir.
D’un autre côté, l’ADA vise à vulgariser, durant cette édition du SIAM, sur l’intérêt du e-commerce et sur les avantages offerts par la convention de partenariat signée entre l’ADA et Barid Al Maghrib et d’inciter les groupements présents lors de ce salon à adopter cette solution pour une plus large commercialisation de leurs produits.
L’ADA est le vecteur de la mise en valeur et du développement des produits du terroir, et chacun sait que des avancées réelles ont été enregistrées à ce niveau. Pouvez-vous nous faire un bilan de cette action et des projets que vous entretenez à ce niveau ?
Comme vous le savez, la diversité culturelle transmise à travers les générations et la grande richesse en biodiversité reflétée par la multitude des écosystèmes écologiques, ont fait du Maroc une vitrine riche en produits du terroir dont plusieurs très prisés à l’échelle nationale et internationale.
Ce constat vient réconforter l’ensemble des efforts déployés dans le cadre de la Stratégie de Développement des Produits du Terroir qui a pour principal objectif de trouver les voies d’accès aux marchés tout en relevant le défi de la concurrence au niveau local où bien à l’étranger.
L’Agence pour le Développement Agricole a lancé plusieurs programmes ayant pour but le développement de la chaine de valeurs des produits du terroir, la valorisation, l’amélioration du packaging et la commercialisation.
Il s’agit notamment du programme de mise à niveau qui vise l’appui des groupements producteurs de produits du terroir pour leur permettre de répondre aux exigences des marchés en matière de qualité, traçabilité, packaging, commercialisation, régularité des approvisionnements, suivi des ventes…
A ce jour, trois programmes ont été lancés au profit de 452 coopératives de toutes les régions du Royaume. Il est important de citer aussi le programme de mise en place de 6 plateformes logistiques et commerciales des produits du terroir. A ce jour, les plateformes de Meknès et d’Al Hoceima sont opérationnelles, et les 4 autres sont en phase de préparation pour le lancement des projets.
L’ADA a aussi adopté plusieurs mesures pour faciliter l’accès des groupements au réseau de la distribution moderne, à ce titre, 2 conventions ont été signées entre le MAPM et les enseignes «Marjane» et «Label ’Vie Carrefour» ce qui a permis à plus de 360 produits du terroir alimentaires et cosmétiques d’être référencés auprès de ces chaines de distribution au profit de 130 coopératives, 3 conventions spécifiques pour la commercialisation des dattes dans les surfaces de Marjane, Asswak Assalam et Label vie Carrefour ont aussi été signées pour permettre de commercialiser des dattes de 23 GIE de producteurs de dattes.
Et pour appuyer cette démarche, plusieurs campagnes de promotion sur les lieux de vente (GMS, magasins spécialisés, galerie commerciale) pendant les périodes de forte consommation (périodes de Chaâbane Ramadan et de fin d’année) sont menées par l’ADA annuellement ainsi que des campagnes de communication 360° afin d’asseoir la notoriété des produits du terroir et des labels.
Et afin d’assurer une large commercialisation des produits du terroir, l’ADA s’est aussi penchée sur le e-commerce. À ce jour , 8 boutiques ont été créées au profit de 8 groupements représentant 60 coopératives regroupant 2600 agriculteurs et 10 filières de produits du terroir (Argane, Safran, Dattes, Huile d’olives, Olives de table, Miel, PAM, Couscous, Lavandin et Câpres). Aussi, de nouvelles boutiques sont en cours de création pour 10 nouveaux groupements, représentant 17 coopératives regroupant 373 agriculteurs et 6 filières de produits du terroir (argane, miel, huile d’olive, figue de barbarie, PAM, épices).
L’ADA organise aussi au niveau national, la participation des groupements à différentes manifestations, à savoir, le SIAM, l’ECOSS ainsi que le SIDATTES.
Au niveau international, l’ADA, en collaboration avec les Directions Régionales de l’Agriculture et les Directions Centrales du Ministère de l’Agriculture (EACCE, ONSSA), organise annuellement depuis 2013, la participation des groupements producteurs des produits du terroir à trois grandes manifestations internationales.
Afin de mettre en valeur les meilleurs produits du terroir marocains et promouvoir la notoriété et la réputation des produits typiques auprès des consommateurs au niveau des marchés nationaux et internationaux et des médias; l’ADA a aussi mis en place le concours des produits du terroir dont la première édition fût lancée en 2014 et une deuxième a été organisée en 2016.
L’ADA a aussi mis en place un Label Collectif « Terroir Du Maroc » en tant que marque collective garantissant l’origine géographique et la typicité du produit et le respect des exigences légales et règlementaires (traçabilité, étiquetage et conditions d’hygiène). A ce jour, 101 produits du terroir émanant de 42 producteurs et/ou conditionneurs de ces produits ont eu l’autorisation d’usage dudit label.
Alors que l’agrobusiness est l’une des thématiques principales du 12è SIAM, peut-on imaginer que cette priorité permet de mettre en valeur les petites exploitations, les coopératives et toutes les structures qui ne sont pas aujourd’hui considérées comme parties prenantes de « l’industrie agraire » ?
Conscient de l’importance de la valorisation de la production agricole pour l’amélioration de la valeur ajoutée des filières agricoles et des revenus des producteurs, le Plan Maroc Vert prévoit la mise en œuvre des projets agricoles intégrés.
Ainsi, l’agriculture solidaire inclusive au profit des petits agriculteurs occupe une place stratégique dans le cadre du Plan Maroc Vert. Durant la période 2010-2017, le nombre de projets agricoles solidaires lancés porte sur 700 projets couvrant une superficie totale de 804.000 hectares au profit de 767.000 petits agriculteurs. Ces projets intègrent l’amont et l’aval de la filière de production ciblée.
Ainsi, pour assurer une valorisation adéquate de la production agricole, le nombre d’unités de valorisation installées au profit des petits agriculteurs à fin mars 2017 s’élèvent à 310 unités couvrant les principales filières de production. Les unités de triturations, et les centres de collecte du lait constituent 60% des unités installées.
Par ailleurs, il est à noter que dans le cadre du PMV, l’objectif visé est de faire connecter ces projets solidaires aux projets de l’agriculture performante (Pilier I). A ce niveau, il y a lieu de signaler les projets de l’agrégation agricole qui concernent, actuellement, 13 filières végétales, principalement les agrumes autour d’unités de conditionnement, l’arboriculture fruitière autour d’unités d’entreposage frigorifique et de conditionnement, les céréales autour d’unités de stockage ou de transformation, le maraichage autour d’unités de conditionnement ou de transformation et l’olivier autour d’unités de trituration ou de conserves d’olives, ainsi que 4 filières animales, principalement le lait autour d’unités de transformation et les viandes rouges autour de centres d’engraissement ou d’abattoirs.
Egalement, les projets réalisés dans le cadre de l’opération de partenariat public-privé (PPP) autour des terres agricoles relevant du domaine privé de l’Etat. En effet, les résultats de l’évaluation de cette opération à fin décembre 2015 fait ressortir que cette opération a permis l’installation de près de 100 unités de valorisations modernes dont principalement 59 unités de valorisation de fruits et légumes, 26 unités de trituration des olives et également des unités de valorisation de lait, des fruits secs et des plantes aromatiques et médicinales.
Entretien réalisé par
Afifa Dassouli