Mme Kawtar Karbal, CDM.
Pour la seconde année consécutive, le comportement des résultats semestriels des sociétés cotées, au premier semestre 2017, a marqué une croissance.
Les analystes des sociétés de bourse ont amplement commenté cette croissance, partageant en cette occasion, leur satisfaction avec leurs clients.
Une opportunité donc pour ces analystes de faire le point sur les différents secteurs représentés à la Bourse de Casablanca tout en mettant en avant les blue chips du marché.
Mme Kawtar Karbal, Responsable du département Analyse & Recherche Groupe, Direction Gestion Financière, au Crédit Du Maroc, qui a toujours fait preuve d’objectivité dans son travail, a bien voulu partager avec nous sa lecture des résultats semestriels 2017 des sociétés cotées …
La Nouvelle Tribune :
Mme Karbal, en tant que Responsable du Département Analyse & Recherche Groupe au Crédit du Maroc, quelle est votre appréciation globale des résultats semestriels des sociétés ? Quels sont les secteurs qui ont surperformé vos prévisions et qui s’imposent comme leader du marché ? Et inversement, lesquels sont à la traîne ?
Mme Kawtar Karbal :
Au titre du 1er semestre 2017, l’ensemble des sociétés cotées de la Bourse des Valeurs de Casablanca a généré une masse bénéficiaire de 16,7 Mrds MAD, en rebond de +10,7% par rapport à la même période de l’exercice précédent.
Cette embellie semestrielle, qui concerne la majorité des secteurs cotés à la BVC, est redevable, notamment, à l’amélioration du contexte économique pour un nombre non négligeable de sociétés qui, après avoir subi le poids de plusieurs aléas, ont développé une certaine résilience à une conjoncture économique en mutation.
En conséquence, l’on a pu constater que le chiffre d’affaires global des sociétés cotées ayant publié leurs comptes semestriels 2017, affiche une croissance limitée à +4,9%.
Mais le résultat opérationnel global s’adjuge un gain de +5,3%, démontrant, d’une part que, les entreprises cotées sont en plein processus d’optimisation des charges d’exploitation afin d’améliorer leurs marges opérationnelles, soit par la revue de leur politique d’achat ou à travers la réduction de leur niveau de provisionnement.
Et, d’autre part, l’amélioration globale des marges nettes est redevable, dans certains cas, à la hausse du résultat financier qui pourrait tenir compte de la hausse des gains de change ou des produits financiers suite à une trésorerie excédentaire.
Au-delà de ces généralités, selon les pronostics du Département « Analyse & Recherche Groupe » du Crédit du Maroc, les secteurs qui ont surperformé nos prévisions sont les mines, l’énergie, la chimie, les sociétés de financement et les assurances.
A contrario, les secteurs qui ont réalisé des bénéfices en-deçà de nos prévisions sont les services de transport, l’industrie pharmaceutique, l’équipement électronique & électrique et les services informatiques.
Le premier semestre 2017 s’est-il distingué par une activité économique plus dynamique, dans quelle mesure les résultats semestriels en ont-ils bénéficié ?
En effet, la conjoncture économique nationale au titre du deuxième trimestre 2017 fait état d’une accélération de la croissance à +4,8%, contre +3,8%, au trimestre précédent.
Ce raffermissement se trouve porté par la forte progression de +17,4% de la valeur ajoutée agricole, contre +14,2% au premier trimestre 2017, au moment où la valeur ajoutée hors agriculture, qui grimpe de +3,3%, est soutenue, principalement, par l’industrie minière et les services marchands.
Ces activités hors agriculture à +3,3% au deuxième trimestre 2017, est le quasiment le double comparativement au même trimestre 2016, qui se situait à +1,7%.
Au niveau des branches secondaires, la valeur ajoutée se bonifie de +3,8% au second trimestre 2017 soutenue par les mines et les industries de transformation.
Tout particulièrement, la valeur ajoutée minière affiche une forte croissance de 23,7% au deuxième trimestre 2017. Cette performance provient des performances spectaculaires de MANAGEM dont le RNPG atteint 621,0 MMAD, de sa filiale argentifère SMI (+14,1%) et dans une moindre mesure CMT (+0,1%).
De leur côté, les industries manufacturières affichent un rebond de +2,5% au deuxième trimestre suite au dynamisme des industries chimiques et para chimiques (+6,8%).
A ce titre, nous relevons le rebond des résultats de SNEP qui affiche un RNPG de 42,7 MMAD à fin juin 2017 contre, seulement, 2,4 MMAD une année auparavant.
De plus, la reprise des industries alimentaires (+3,2%) se matérialise au niveau de la cote casablancaise par les bénéfices dégagés par COSUMAR (+8,5%), DARI COUSPATE (+20,0%) et LESIEUR CRISTAL (+8,6%).
Quant à la valeur ajoutée des industries métallurgiques mécaniques et électromécaniques (IMME), elle enregistre une hausse de +2,4%, sachant que SONASID se distingue par un retour au vert de ses bénéfices à 21,4 MMAD contre une perte de -61,3 MMAD à fin juin 2016.
En revanche, les autres industries maintiennent leur atonie à -1,8% en raison du relâchement des industries des matériaux de construction dont un des exemple réside dans la contraction des résultats d’AFRIC INDUSTRIES, à -6,0%.
Ce premier semestre augure-t-il d’une meilleure année 2017 selon les commentaires des sociétés cotées lors des réunions avec les analystes ? Pourquoi et comment?
Le Département « Analyse & Recherche Groupe » du Crédit du Maroc estime que la BVC devrait maintenir, durant le restant de l’année 2017, son incursion dans le territoire positif. Plusieurs éléments plaident en faveur de ce pronostic, notamment :
L’amélioration attendue de la croissance économique nationale en 2017, à +4,0% après un niveau de +1,2% en 2016.
En effet, le secteur primaire devrait dégager une valeur ajoutée en hausse de +15,1% au lieu d’une baisse de -11,3% en 2016 portée, essentiellement, par une campagne agricole 2016-2017 prometteuse.
Pour sa part, le secteur secondaire, soutenu par la consolidation de la demande intérieure et par l’amélioration de la demande extérieure, connaîtrait une hausse de son rythme de croissance de 2,4% versus 1,2% en 2016.
Le secteur tertiaire devrait, quant à lui, consolider sa légère reprise amorcée en 2015 pour afficher une croissance de +2,6% en liaison, notamment, avec les effets d’une campagne agricole prometteuse sur les services marchands, en particulier, les activités du commerce et des transports.
La reprise attendue des bénéfices des sociétés cotées après plusieurs années de baisse, avec une hausse de +10,7% de la masse bénéficiaire sur le premier semestre 2017 ainsi que par les anticipations positives sur l’évolution des résultats en 2017e, pour lesquels nous escomptons une croissance de +8,1% de la masse bénéficiaire.
Ces performances prévisionnelles devraient résulter de l’embellie des secteurs suivants : Banques, Assurances, Immobilier, Energie, Mines et BTP.
L’entrée en vigueur de la loi n°19-14 relative à la Bourse des valeurs, aux sociétés de bourse et aux conseillers en investissement financier visant à moderniser le cadre législatif régissant la BVC et ce, à travers
i) la mise en place de nouveaux marchés notamment le marché principal et le marché alternatif dédié aux PME,
ii) la cotation des entreprises étrangères et
iii) l’encadrement de l’activité des conseillers en investissement financier et l’élargissement des activités des sociétés de bourse.
Sur le plan des performances boursières, quel est le PER du marché après les dernières publications, quelle en a été l’évolution? Quelles sont les sociétés dont le PRER est compétitif au niveau de chaque secteur ?
Selon nos estimations, le PER 2017 estimé du marché serait de 21,0x après des niveaux de 22,6x en 2016 et 23,1x en 2015.
Dans ce sens, les sociétés qui affichent des PER compétitifs sont :
- BMCE BANK (15,3x) et CIH (15,6x)
- SAHAM ASSURANCE (17,2x)
- RESIDENCE DAR SAADA (8,7x)
- AFRIQUIA GAZ (18,7x)
- CMT (12,6x)
- DARI COUSPATE (14,1x)
- COLORADO (16,5x)
- AFRIC INDUSTRIES (12,9x)
- AUTO NEJMA (18,0x)
- INVOLYS (6,8x) et DISWAY (9,0x)
- IAM (20,8x)
- TAQA MOROCCO (19,8x)
Quelles sont les valeurs dont les résultats de ce premier semestre 2017 ont été salués par le marché et qui ont connu des augmentations de cours de leurs valeurs ? Le marché boursier a-t-il connu une dynamique avec l’annonce des résultats ? Pouvez-vous donner des chiffres de volumes traités ou de comportements boursiers exceptionnels?
Les valeurs ayant le plus pris durant la période des publications des résultats semestriels sont: SNEP, ALLIANCES, JET CONTRACORS, SONASID, car les résultats publiés ont été très satisfaisants.
Pour le comportement boursier post résultats, on note une légère baisse car la majorité des « bonnes surprises » avait déjà été anticipée dans les cours boursiers….
Entretien réalisé par Afifa Dassouli