Des sauveteurs recherchent des survivants dans les décombres des immeubles après un séisme à Mexico, le 21 septembre 2017 © AFP RONALDO SCHEMIDT
Les secouristes jetaient leurs dernières forces dans la bataille vendredi pour retrouver des survivants trois jours après le séisme qui a fait près de 300 morts à Mexico.
Des familles attendaient, angoissées, devant des bâtiments effondrés où leurs proches se trouvaient mardi pendant la secousse de magnitude 7,1.
« On sait qu’elle est vivante et on ne partira pas tant qu’elle ne sera pas sortie avec nous », jure, émue, Olinca Gonzalez. Cette femme de 29 ans tient dans les mains un panneau en carton avec la photo de l’épouse de son père. Leonor Santiago, 45 ans, qui travaillait dans un immeuble qui s’est écroulé.
Le protocole veut qu’à partir de 72 heures, les recherches cessent et les bulldozers commencent à dégager les gravats, les experts estimant qu’il y a peu de chances de trouver des survivants. Mais des familles plaident déjà pour une prolongation des recherches au-delà de vendredi 18H14 GMT et passent avec des affiches contre l’envoi des machines.
« Nous devons maintenir les efforts de recherche pour continuer à trouver des survivants » dans les décombres, a rassuré le président mexicain Enrique Pena Nieto lors d’une visite sur le terrain dans l’Etat de Puebla, zone de l’épicentre.
Selon le dernier décompte reposant sur les chiffres des autorités locales et nationales, on totalisait 286 décès: 148 à Mexico, 73 dans l’Etat de Morelos, 45 à Puebla, 13 dans l’Etat de Mexico, 6 dans le Guerrero, un à Oaxaca. Un Taïwanais, une Panaméenne et un Espagnol font partie des morts, d’après les autorités de leurs pays respectifs.
A Mexico, mégalopole de 20 millions d’habitants, des dizaines de personnes sont portées disparues et une quarantaine de bâtiments se sont effondrés, selon son maire Miguel Angel Mancera.
– Enfants –
Les autorités ont éteint une lueur d’espoir qui avait tenu en haleine le pays et les médias du monde entier: Non, il n’y a pas de jeune fille vivante sous les décombres de l’école Enrique Rebsamen.
« Nous avons la certitude que tous les enfants sont soit malheureusement morts, soit dans des hôpitaux ou chez eux », a déclaré aux médias le ministre de la Marine Angel Sarmiento. Dans l’écroulement de cette institution scolaire privée, une vingtaine d’élèves âgés de sept à 13 ans ainsi qu’une demi-douzaine d’adultes sont morts.
Des proches et voisins ont déposé des gerbes de fleurs blanches en hommage aux enfants tués. D’autres se serraient dans les bras, en larmes, tandis que l’un d’eux chantait accompagné de sa guitare, a constaté l’AFP.
« C’est triste, ça fait mal, là, maintenant. Je ne trouve pas les mots pour exprimer ce que l’on ressent quand on a perdu un être cher », a témoigné Miguel Angel Ortiz, l’oncle de l’une des victimes. « On a fait croire aux gens qu’il y avait une petite fille ».
– ‘Taupes’ –
Dans le quartier branché de Roma, particulièrement touché, les secours s’activaient au milieu des ruines de ce qui était un immeuble de sept étages où travaillaient quelque 70 salariés. 28 personnes en vie ont déjà été extraites de là, explique l’un des responsables des opérations, qui refuse de dire combien y seraient encore prisonnières.
Armando Albarran, 49 ans, garde l’espoir de revoir vivante sa nièce Karina, 30 ans. « Il y a des indices qui laissent penser qu’il y a encore des personnes à l’intérieur. On nous dit qu’elle serait toujours en vie. On tient bon », a-t-il déclaré à l’AFP.
Pola Diaz, membre des célèbres « Topos’ (« taupes »), une brigade spécialisée qui s’est formée après le grand séisme de 1985 dans lequel plus de 10.000 personnes ont péri pour retrouver des rescapés dans les décombres, appelle les autorités à faire preuve de « flexibilité ».
« Après 72 heures, on interrompt les opérations de secours (…) J’aimerais demander qu’on ne soit pas si strict », fait valoir cette femme de 53 ans.
– Solidarité –
Le séisme aurait endommagé plus de 20.000 logements, dont la plupart ont été désertés par leurs occupants traumatisés par la secousse. Erika Abarran a passé une partie de la nuit dans un local de distributeurs automatiques d’une banque.
Quand elle a appris que les autorités avaient installé une cinquantaine de refuges, elle et son mari se sont rendus dans une de ces structures improvisées où ils ont pu recevoir des repas grâce à la grande solidarité des Mexicains dans cette épreuve.
« Je n’ai même pas pris de couches, de lait, dit-elle, mais ils nous ont tout donné », dit la femme de 33 ans qui nourrissait son bébé au moment du séisme.
Plusieurs pays, dont les Etats-Unis, le Chili et le Salvador, l’Espagne et la Colombie, ont annoncé l’envoi de renforts.
Le séisme de mardi est survenu 32 ans jour pour jour après celui de 1985 qui reste un traumatisme national au Mexique.
Il a surpris nombre de Mexicains : l’alerte sonore censée prévenir en cas de tremblement de terre n’a pas fonctionné ou s’est déclenchée trop tard.
Situé à la jonction de cinq plaques tectoniques, le Mexique est l’un des pays du monde où l’activité sismique est la plus forte.
LNT avec AFP