La Première ministre britannique Theresa May, le 12 juin 2017 à Londres © AFP Daniel LEAL-OLIVAS
Toujours groggy après les législatives, la Première ministre britannique Theresa May tente mardi de sceller avec le parti nord-irlandais DUP une alliance cruciale pour gouverner, au moment où l’UE réclame un partenaire « stable » avant le début des négociations sur le Brexit.
Mme May devait rencontrer mardi après-midi la dirigeante du DUP Arlene Foster à moins d’une semaine du début théorique de ces négociations, alors que la Commission européenne s’apprête à proposer de nouvelles règles qui pourraient obliger une grande partie des activités financières londoniennes à déménager dans l’UE après le Brexit.
Dans un entretien avec la presse européenne, le négociateur en chef de l’UE sur le Brexit, Michel Barnier, s’est dit préoccupé « devant le temps qui passe ».
« Je ne vois ni l’utilité ni l’intérêt d’un report des discussions. Tout délai supplémentaire est source d’instabilité, dont l’économie et l’emploi n’ont pas besoin », a-t-il dit, dans Le Monde.
« Mais je ne peux pas commencer à négocier avec moi-même », a-t-il souligné, ajoutant avoir besoin « d’une délégation britannique et d’un chef de délégation stable, responsable et mandaté ».
Mais Mme May doit d’abord absolument s’entendre avec le DUP, dont les dix élus permettraient aux Tories d’atteindre la barre des 326 sièges requis pour avoir la majorité absolue au Parlement, le Parti conservateur ne disposant que de 318 députés.
Vendredi, au lendemain des législatives, Mme May et Mme Foster s’étaient déjà entretenues par téléphone. Les échanges se sont poursuivis ces derniers jours.
« Les discussions continuent », a commenté lundi Arlene Foster, qui a expliqué que « l’intérêt national est au coeur » de ces négociations, qu’elle a qualifiées de « positives ».
Face aux députés conservateurs qui lui ont renouvelé leur confiance lundi malgré sa déroute aux législatives, Theresa May a affirmé que le DUP, dont les positions très conservatrices inquiètent, n’aurait aucune influence sur la politique de reconnaissance des droits des homosexuels.
Une telle coalition poserait également la question de la neutralité du gouvernement britannique en Irlande du Nord, région toujours soumise à de fortes tensions 20 ans après la fin des « troubles ».
– « Panne de leadership » –
Signe que les négociations entre les conservateurs et le DUP pourraient prendre du temps, la BBC a affirmé lundi que la cérémonie d’ouverture du Parlement serait retardée de quelques jours.
« Tant que nous ne l’aurons pas (l’accord avec le DUP, ndlr), nous ne pourrons pas convenir des derniers détails du discours de la reine », prononcé à cette occasion et qui détaillera le programme législatif du gouvernement, a admis le vice-Premier ministre Damian Green.
Le nouveau Parlement va siéger une première fois mardi après-midi. Cette session sera marquée par l’élection du président de la Chambre des Communes, le Speaker, suivie de la prestation de serment des députés.
En fin d’après-midi, Theresa May doit s’envoler vers la France pour rencontrer le président Emmanuel Macron. La lutte contre le terrorisme et les contenus extrémistes sur internet sera le principal sujet d’un dîner de travail.
Les deux dirigeants devraient également aborder la question du Brexit, alors que le résultat des législatives a jeté le doute sur la capacité de la Première ministre à mener à bien un Brexit « dur ».
Selon Damian Green, Mme May a le « soutien massif » de son cabinet concernant sa stratégie dans ce dossier, à savoir une sortie du marché unique européen pour reprendre le contrôle des frontières britanniques.
Le quotidien The Telegraph croit toutefois savoir que des ministres de premier plan et des membres du Labour, tenants d’un Brexit « doux », ont eu secrètement des discussions pour encourager une telle solution.
Selon le journal, ces discussions auraient pour but de contraindre Mme May à faire des compromis sur l’immigration européenne, l’union douanière et le marché unique.
Pour le quotidien Evening Standard, Mme May n’est désormais plus le seul maître à bord du navire Royaume-Uni, en raison des concessions qu’elle devra faire aux uns et autres pour pouvoir gouverner.
« Le plus triste, c’est que le Royaume-Uni est en panne de leadership au moment même où il aborde les négociations les plus importantes de son histoire récente », regrette le gratuit du soir dans un éditorial.
LNT avec AFP